Les enfants et les jouets de guerre

Encourager les jeux pacifiques.

Les jouets et les comportements violents.

(Photo: inconnu)

(Photo: inconnu)

Les jouets que l’on donnent aux enfants transmettent des messages sur notre vision.  Par ce don, le parent exprime ses valeurs, et ce sont en parti par nos valeurs se développent notre enfant. «Les jouets de guerre», sont des jouets qui servent extérioriser les fantasmes qui consistent à tuer ou à blesser.

Ces jouets sont déjà très nombreux et semblent se multiplier avec les années.

Les jeux guerriers incluent des armes-jouets (mitrailleuses sonores et fusils à plombs);  des figurines articulées qui permettent de simuler l’agression par des armes, et des scénarios violents; des véhicules de tout genres équipés d’armes imitant les engins de guerre.  Nos jeunes ont accès à de nombreux jeux vidéo ou de table ou à scénario fictif visant à tuer,  conquérir, à faire du mal ou à menacer.  Lorsqu’on donne en cadeau ces objets, on transmet le message que cette violence en bout de piste est correct, elle fait parti des voies normales pour interagir avec autrui.

Les jouets, les jeux et les activités qui ciblent et renforcent les idées préconçues sur des personnes ou des groupes en fonction de leur race, de leur religion, de leur culture, de leur sexe ou d’autres caractéristiques peuvent avoir les mêmes effets.  Le fait de transmettre des valeurs hors des voies du respect de l’autre est une brèche importante dans le processus d’éducation de votre enfant.

Si vous donnez à vos enfants des jouets militaires, vous leur indiquez en quelque sorte, comme adulte significatif; que vous approuvez certaines valeurs militaires et de violence. Les jouets de guerre enseignent aux enfants que :

• La guerre est un jeu, que c’est normal et que ça peut être aventure excitante.

• Il est acceptable, voire même amusant, de vouloir tuer.

• La violence ou les menaces sont des façons adéquates de résoudre les conflits.

• Le monde est divisé en deux camps : celui des « gentils » et celui des « méchants».

• Les « méchants » ne sont pas vraiment des personnes comme nous.

• C’est bien d’anéantir les « méchants ».

Call of Duty Black Ops 2. (Source: PC Gamer)

Call of Duty Black Ops 2. (Source: PC Gamer)

Dans les jeux violents, les « méchants » (souvent des extra-terrestres ou des robots) veulent contrôler le monde (ou une ville ou l’univers). Les « gentils » arrivent à les vaincre par la violence.

L’enfant apprend ainsi que si la justice, la raison et les mots ne marchent pas; qu’il faut avoir recours à des gestes violents ou des armes pour faire face au « mal ». Dans ce genre de jeux, la violence est une façon comme une autre d’établir des rapports avec les autres.  Les enfants apprennent ainsi à voir le monde sans nuances en termes de « gentils » et de « méchants ».  En ce sens, ces jeux inculquent des valeurs sociales aux jeunes; qu’ils transposeront à divers degrés dans leur réalité quotidienne.

Les gens qui travaillent dans le domaine du développement des habiletés sociales constructives chez les jeunes voient, chez certains jeunes, que la courbe des apprentissages doit être remontée est souvent vertigineuse.  Plusieurs jeunes n’ont plus les habiletés de respect, d’empathie et d’expression essentielles à établir des relations harmonieuses avec leurs amis. 

L’industrie des jouets

Jouet déjeuner. (Photo: inconnu)

Jouet déjeuner. (Photo: inconnu)

Certains fabricants de jouets ne tiennent pas compte des effets dévastateurs que peuvent causer ces scénarios d’ « ennemis inventés » sur de multiples plate-formes; même dans des jeux de guerres simulées style (paint-ball). Plus le jeu est scénarisé, plus les préjugés transmis inquiètent, il y a quelques années, « nomade, le terroriste » portait un burnous et était soi-disant «sournois, traître et prêt à tout ». Il était à la tête d’une « bande sauvage d’égorgeurs » et n’avait aucune patrie.

La figurine n’a été retirée des ventes que lorsque des associations canadiennes et américaines et arabes se sont plaintes du fait que ce jeu véhiculait des stéréotypes vexant pour les personnes associées à la culture Arabe.

En 2003, alors que la guerre contre l’Iraq se dessinait, aux alentours de Pâques, plusieurs grandes chaînes nord américaines, dont Kmart et Walgreens, ont vendu des lapins en chocolat et des oeufs à la guimauve présentés dans des paniers de Pâques, accompagnés de grenades-jouets, d’une mitrailleuse et d’un soldat en tenue de camouflage arborant un drapeau américain.  Le marketing guerrier adressé aux tout petits.

Fait préoccupant, l’’industrie américaine des jouets consulte étroitement l’armée lorsqu’elle crée de nouveaux jouets.  On a vu des liens s’établir avec l’industrie cinématographique; et cette réalité s’est fermement installée avec l’implantation d’une vaste industrie du jeu.  On retrouve une convergence de plus en plus grande entre le jeu, et la formation des militaires via simulateurs de combat.

L’industrie du jeu semble elle aussi avide de profiter des véritables conflits et la ligne entre le jeu vidéo, et le véritable simulateur de combat est en voie de disparaître.  Les nouvelles armes utilisées pour former à la guerre seront bientôt vendues sous la forme de nouveaux jeux de guerre; afin de préparer dès le jeune âge les combattants de demain.

Distorsion des valeurs

(Photo: catsmob.com)

(Photo: catsmob.com)

Nous enseignons à nos enfants ce qui est bien et ce qui est mal, dès qu’ils sont tout petits. D’ailleurs lors de procès, la capacité de discerner le bien du mal d’un accusé est au cœur de son aptitude à être jugé.

Ce travail est l’un des plus importants aspects du rôle des parents. Il faut définir avec attention ce que nous enseignons à nos enfants.

Nous devons saisir les occasions pour qu’ils apprennent ce qu’ils doivent apprendre pour développer des relations harmonieuses avec l’autre et pouvoir contribuer à l’évolution du monde qui les entoure. Les jouets, la télévision et les jeux vidéo sont de puissants outils d’apprentissage et les parents doivent veiller à ce ces média soient utilisés afin de renforcer ce que l’on enseigne à leurs enfants. 

Le jeu fait parti de l’apprentissage de la vie avec l’autre, en société, et de l’apprentissage des règles du bien et du mal.

Comment encourager le respect et la compassion?

(Photo: inconnu)

(Photo: inconnu)

Nous voulons que nos enfants deviennent des adultes qui traitent tous les êtres humains comme leurs égaux, et qui acceptent le fait que chacun peut contribuer au bien être commun.

Nous voulons qu’ils se soucient d’autrui, et qu’ils puissent résoudre les problèmes sans avoir recours à la violence.  Ce n’est certainement pas en inondant la vie de nos jeunes de scénarios de violence que cette responsabilité est accomplie.

Un enfant apprend les valeurs constructives de ses parents, et des enseignants qu’il côtoie; si ces personnes:

·         Incarnent les valeurs de justice, d’empathie et de compassion;

·         Enseignent à l’enfant les qualités dont il ou elle a besoin pour mettre ces valeurs en pratique;

·          Félicitent l’enfant quand il ou elle adopte des comportements mettant ces qualités et ces valeurs en pratique;

·         Croient que l’enfant est capable de justice et de compassion;

·         Encouragent l’enfant à appliquer ces valeurs dans la vie; et

·          Fournissent de commentaires d’encouragement lorsque l’enfant n’arrive pas à manifester ces qualités et offrent des solutions de rechange pour faciliter les efforts.

Nous devons donc en conclure que :

(Photo: inconnu)

(Photo: inconnu)

·         La multiplication des jeux et jouets de guerre, martèle des valeurs contraires à celles nécessaires au développement d’un environnement social harmonieux. 

·         Les jouets violents et de guerre accroissent fortement, chez de nombreux jeunes les comportements agressif, la fréquence des mécanismes de rejet et d’isolement. 

·         Le fait que des adultes servant de modèle donnent ou acceptent les jouets de guerre risque d’aller à l’encontre des valeurs et des qualités de non-violence encouragées chez l’enfant. 

Que peuvent faire les parents?

Au sein de la famille :

·         Ne donnez pas de jouet de guerre à vos enfants.

·         Reconnaissez que, dès tout petit, votre enfant sera exposé à l’idée voulant que les armes soient puissantes et souhaitables; c’est inévitable.

·         Lorsque les enfants font des armes avec des Lego, des hockey ou des branches, dites-leur que les armes servent à tuer et que vous n’aimez pas qu’on tue des créatures.  Qu’ils posent ces gestes quand vous n’êtes pas là.  Restez-en là.

·         Expliquez votre point de vue sur les jouets de guerre à vos amis, à vos parents et demandez-leur de ne pas en offrir à vos enfants.Avec votre enfant :Si un enfant demande un jouet de guerre, ou joue à la guerre près de vous.  Il vous offre une superbe occasion de transmettre des valeurs positives.

·         Examinez la question avec lui, expliquez la problématique que cette question pose pour vous, la brèche dans vos valeurs que ce don représenterait.  Votre but n’est pas d’avoir raison.

·         Faites-lui toutefois savoir clairement que vous n’aimez pas le lien entre ce jouet et le fait de tuer ou de blesser.

·         Si un enfant simule un scénario de jeu de guerre, parlez-en et aidez-le à expliquer d’où sortent ces scénarios imaginaires.

·         Limitez le temps passé devant la télé (à regarder la télé ou à jouer à des jeux vidéo) à une heure par jour.  Plus le jeune passe de temps avec ces média, plus il est exposé à des situations de violence.

·         Parlez à votre enfant des publicités télévisées et du fait qu’elles visent à pousser les gens à acheter et à consommer.

Au-delà de la famille :

·         Demandez aux commerçants de ne pas emmagasiner de jouets de guerre, surtout pendant les périodes de flambée des achats, comme à Noël.

·         Si un magasin décide de ne pas vendre de jouets de guerre, remerciez-le en encourageant les autres à y faire leurs achats.

·         Exprimez vos préoccupations en mettant une pancarte et en distribuant des brochures à l’extérieur des magasins qui vendent des jouets de guerre.

·         Organisez un échange de cadeaux dans le cadre d’un événement communautaire en offrant un jouet sans danger et créatif en échange de chaque jouet de guerre apporté.

·         Écrivez aux compagnies qui font de la publicité et la vente de jouets de guerre.

·         Dites-leur pourquoi vous désapprouvez les jouets de guerre et les émissions violentes à la télé et dites-leur que vous n’achèterez pas leurs produits. 

·         Organisez annuellement une campagne: « Le Père Noël ne fabrique pas de jouets militaires » .  Faites un dépliant sur le thème, habillez-vous à cinq ou six en Père Noël, et distribués aux clients des commerçants récalcitrants.

·         Certains commerçants sont lents à comprendre, les « Grands-mères en colère » remplissaient des paniers de jouets violents et les abandonnaient aux caisses.  C’est plus contraignant!

Nous devons tous contribuer à l’émergence d’une culture de non-violence et de paix. 

Il est de notre responsabilité à tous d’enseigner, à nos proches et à nos enfants, à apprécier la paix.  Apprendre les voies pour ne pas faire de mal à autrui prend toute une vie.

(Photo: inconnu)

(Photo: inconnu)

L’exercice demande à ce que nous parlions des sujets abordés par la culture populaire ou dans les nouvelles, et que nous proposions des solutions de rechange. Un pistolet-jouet en cadeau ou une partie occasionnelle de jeu vidéo violent ne défera pas des années de discussion et de modèle de comportement positif. Il est important que les enfants apprennent à aborder le monde dans toutes ses différences et ses complexités.

Il est utile de discuter de la différenciation garçons filles lorsque l’on parle de jouets de guerre. On considère souvent que les jouets et les jeux violents sont l’apanage des garçons. Généralement, les filles manifestent moins d’intérêt pour les jeux de guerre.

Il se peut que les jouets de guerre soient une des façons de conditionner les garçons à penser que la coercition et la violence font partie du rôle des hommes.

Comment les jouets de guerre affectent le jeu des enfants

(Photo: inconnu)

(Photo: inconnu)

De nombreuses études ont démontré une nette augmentation des comportements agressifs et antisociaux lorsque l’environnement ludique des enfants tourne autour des jeux et des jouets de guerre.  Aux yeux des enfants, ces jouets de guerre sont comme des signaux qui permettent d’extérioriser les fantasmes ou les impulsions d’agression lorsque les choses ne vont pas à leur goût; ou lorsqu’ils font face à une embûche ou une contrariété.

Le mythe voulant que les jeux de guerre réduisent l’agressivité des enfants en leur permettant « de la purger de leur système » est faux.  Les études réalisées montrent que les comportements d’agression se poursuivent pendant une bonne période, même lorsqu’on a enlevé l’accès aux jouets violents.

Mais en bout de ligne, n’oubliez pas qu’une arme jouet offerte en cadeau, ou un jeu vidéo à l’occasion, n’annuleront pas des années de discussion et d’exemples de comportements positifs. 

Référence Edupax sur les média et la violence…

http://www.edupax.org/index.php?option=com_content&view=article&id=93&Itemid=50

Ce texte est une adaptation et une mise à jour d’un dépliant produit par l’organisation des Médecins pour la survie mondiale. http://pgs.ca/?page_id=89&lang=fr