Traité autochtone contre l’expansion des sables bitumineux
Le 22 septembre 2016, ce sont des chefs de 50 Premières Nations du Canada et des États-Unis qui ont signé un « traité contre l’expansion des sables bitumineux ». Réunis en cette date en territoire de la Nation Musqueam (Vancouver) ainsi qu’en territoire Mohawk (Montréal), les chefs autochtones ont simultanément signé ce traité d’envergure continentale, engageant ainsi leurs nations à travailler ensemble pour faire échec aux cinq projets de pipelines et de terminaux pétroliers en cours d’étude (Kinder Morgan, Énergie Est, Ligne 3, Northern Gateway et Keystone XL), aux projets de transport ferroviaire des sables bitumineux.
À travers les signataires, les Premières Nations expriment leur détermination à assumer le leadership requis. Leur souci est d’ « être au cœur de l’élaboration des réponses et des solutions à notre crise climatique planétaire ». Elles savent qu’elles ont contribué le moins à l’avènement de cette crise, mais elles se savent les plus grandes perdantes si des solutions durables n’y sont pas apportées.
Le traité
Nous avons habité, protégé et gouverné nos territoires conformément à nos lois et traditions respectives depuis des temps immémoriaux. Des Nations Autochtones souveraines ont signé des traités solennels avec les puissances européennes et leurs successeurs, mais il y a une histoire encore plus longue de Nations Autochtones concluant des traités entre eux. Plusieurs de ces traités concernent la paix et l’amitié ainsi que la protection de la Terre-Mère.
L’expansion des sables bitumineux d’Alberta, une énorme menace qui pèse sur les Peuples Autochtones de l’Île de la Tortue et même au-delà du continent, nécessite la conclusion d’un tel traité entre Nations Autochtones :
L’augmentation planifiée de la production des sables bitumineux a donné naissance à de nombreux nouveaux projets visant à construire, convertir ou augmenter la capacité de pipelines et visant à introduire ou augmenter le transport de pétrole par trains et navires, lesquels projets présentent tous un réel risque de déversements toxiques de pétrole pour les territoires, les cours d’eau, les côtes et les communautés de nombreuses Nations Autochtones.
L’expansion des sables bitumineux aura aussi comme conséquence de détruire et d’empoisonner encore plus les terres, les sources d’eau et l’air des Peuples Autochtones qui se trouvent directement sur les lignes de front et en aval des sables bitumineux.
Transport.
De plus, ces pipelines, trains et navires causeront d’énormes torts à chaque Nation Autochtone sur l’Île de la Tortue puisqu’en permettant l’expansion des sables bitumineux, ces projets alimenteront indéniablement les changements climatiques catastrophiques. Les changements climatiques ont déjà commencé à mettre en danger les modes de vie de nos Peuples Autochtones et mettent maintenant en péril notre survie.
L’expansion des sables bitumineux est une menace collective pour nos Nations et nécessite donc une réaction collective.
Engagement.
Par conséquent, nos Nations s’unissent dans le cadre du présent traité pour officiellement interdire et pour convenir d’empêcher collectivement l’utilisation de nos territoires et de nos côtes respectifs en relation avec l’expansion de la production des sables bitumineux d’Alberta, incluant pour le transport d’une telle production accrue, soit par pipeline, train ou navire.
Comme Nations Autochtones souveraines, nous concluons le présent traité en vertu de notre autorité légale inhérente ainsi que notre responsabilité de protéger nos territoires respectifs contre des menaces à nos terres, à nos sources d’eau, à notre air et à notre climat, mais nous sommes tout de même conscients qu’il est dans l’intérêt des peuples autochtones aussi bien que non-autochtones de mettre fin à la menace de l’expansion des sables bitumineux.
Nous souhaitons collaborer avec tous les peuples et tous les gouvernements pour bâtir un futur plus durable et plus équitable, un futur qui produira des communautés plus prospères et plus en santé à travers l’Île de la Tortue et le monde et qui préservera et protègera le mode de vie de nos peuples.
Références:
http://www.lebatondeparole.com
http://mushum.com/nouveau-traite-signe-premieres-nations-canada-etats-unis/
http://www.pressegauche.org/spip.php?article27785
http://www.treatyalliance.org/wp-content/uploads/2016/09/Trait%C3%A9-info-suppl%C3%A9mentaire-1.pdf