Printemps québécois: cahier de la non-violence
Réalisé en collaboration avec une militante étudiante, cette publication se veut un guide de réflexion et d'inspiration militante qui se nourrit du mouvement social des derniers mois.
Réalisé en collaboration avec une militante étudiante, cette publication se veut un guide de réflexion et d'inspiration militante qui se nourrit du mouvement social des derniers mois.
La diversité des tactiques pour les nuls.
Réflexion sur les moyens d’action appropriés.
Tous les québécois devraient bien saisir la notion de diversité des tactiques. Cette doctrine de lutte aura une grande influence sur la suite de la lutte sociale présentement en cours au Québec. Je n’ai pas d’expertise particulière sur la question autre que d’avoir lu, échangé et fait face à de nombreuses personnes rattachées à cette doctrine de lutte. Voici aussi simplement que possible, ma façon d’aborder ces questions avec des étudiants qui m’abordent parfois lors de manifestations.
Entre la violence et la non-violence
Encore une fois, le débat entre la violence et la non-violence émerge d’une lutte sociale, elle fut au cœur du mouvement des indignés Occupons Montréal; et cette fois elle colore la lutte des étudiants. Le gouvernement Charest a tenté d’imposer la condamnation des gestes de violence pour accepter la CLASSE à la table de négociation, la CLASSE condamne certaines actions précises ayant mené, ou ayant pu mener à des situations de violence envers les personnes; mais revendique le droit à certaines formes de désobéissance civile.
Le choix des moyens n’est pas neutre, il doit s'inscrire dans un plan stratégique global de résistance civile
L’auteur est membre de SalAMI
Un constat s’impose : la mondialisation orchestrée par nos élites économiques, politiques et financières mène droit au désastre humain et écologique. Les militants et militantes radicaux s’entendent sur le fait qu’une transformation profonde de la société est impérative pour la paix, la justice et la survie écologique; il faut agir directement aux racines de l’arbre de l’oppression, scier les branches du patriarcat, du capitalisme, du militarisme, plutôt que de s’attaquer aux feuilles – les symptômes. Ils reconnaissent aussi qu’il existe de nombreux moyens d’influencer la société et que la diversité des tactiques de lutte est nécessaire pour gagner des batailles. La diversité compte parmi les atouts les plus précieux du mouvement antimondialisation, qui doit sa fertilité à la pluralité des mouvements ainsi qu’à la diversité des moyens mis en œuvre. Mais cela n’exempte pas de réfléchir sur les moyens efficaces et stratégiques pour lutter contre la marchandisation du monde et servir notre visée de transformation radicale. Il est tout aussi impensable et dangereux d’affirmer qu’il existe une seule bonne stratégie que de prétendre que tous les moyens sont bons. Peut-on encore prétendre faire l’économie d’un profond débat sur la pertinence et l'impact des différents moyens de lutte?
Personne ne viendra contredire que l'utilisation d'une diversité de tactiques, lorsqu'elles sont bien choisies, offre de multiples avantages. Suffisent à le prouver les nombreuses luttes à qui cette diversité a réussi. L'agencement séquentiel de plusieurs tactiques allant de manifestations créatives aux pressions extraparlementaires, en passant par les boycottages secondaires et la désobéissance civile, est une caractéristique fondamentale que partagent d'innombrables campagnes réussies.
C'est pourquoi les militantes et les militants nonviolents insistent depuis des décennies sur la nécessité de connaître un répertoire d'au moins 198 méthodes d'action et de savoir les ordonner de façon astucieuse.
ll est édifiant de parcourir les documents théoriques et la litanie de justificatifs publiés sur la diversité des tactiques de lutte sociale depuis le Sommet de Québec en 2001. On constate rapidement que la "diversité des tactiques" est utilisée comme un euphémisme pour parler de l’ouverture à certaines tactiques de lutte sociale violentes.