Écrit par CRNV
Pour contrer les violences, le défi est toujours de pouvoir détecter les conditions préalables aux situations de violence, d’agir sur ces conditions aussi efficacement que possible pour épargner les personnes des conséquences d’actes désespérés.
Prévenir les situations de violence, c’est, en fait, cibler les clientèles qui vivent des conditions de vie avec un certain nombre de facteurs de risque.
Un inventaire de facteurs de risque dans le contexte des violences conjugales a été dressé par L’Institut national de santé publique du Québec. Ce sont des facteurs qui peuvent être étendus à bien d’autres contextes et aider à comprendre l’origine de nombreuses situations de violence. Ces facteurs sont individuels, relationnels, communautaires et sociétaux; ils augmentent le risque d’être victime ou agresseur.
Ces facteurs ne sont pas nécessairement les causes des violences conjugales. Mais ils jouent un rôle important dans une combinaison de facteurs qui s’accumulent et génèrent auprès de la personne l’impression qu’aucune autre issue n’est possible.
Une collaboration avec le programme de Technique d’éducation spécialisée
Afin de pouvoir expérimenter efficacement les formes d’intervention citoyenne préventive face à la violence, le réseau « Outils de paix » a choisi de s’investir dans une approche de collaboration avec le programme d’éducation spécialisée du CEGEP de Victoriaville.
Cette collaboration entre le milieu communautaire et une institution scolaire de niveau collégial offre une opportunité unique pour promouvoir des approches intéressantes et prometteuses de prévention de la violence, des approches généralement peu documentées et très peu connues.
La technicienne ou le technicien en éducation spécialisée est appeléE à intervenir auprès de personnes présentant, ou susceptibles de présenter, différentes difficultés d’adaptation ou d’insertion sociale.
Elle/il intervient auprès de personnes ayant des déficiences physiques et psychologiques, des troubles d’interaction, des troubles mentaux ou d’autres troubles de santé, ces conditions souvent individuelles qui affectent grandement les facteurs relationnels, communautaires et sociétaux des personnes affectées. Les interventions des technicienNEs doivent aussi être adaptées à toutes les tranches d’âge puisque les personnes peuvent être affectés par les facteurs de façons différentes, selon qu’il s’agit d’enfants, d’adolescents, d’adultes ou de personnes aînées.
Une recherche collaborative, des co-chercheurEs étudiantEs
Le projet-pilote qui sera conduit par les organismes communautaires en intervention préventive se fera grâce à une collaboration avec les étudiantEs de troisième année du programme de Technique en éducation spécialisée. Les organismes travailleront donc avec des finissantEs dont la formation met à l’avant-plan l’intervention auprès d’une clientèle variée et des besoins particuliers (scolaire, avec déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme, avec trouble d’attachement ou de santé mentale, etc.). Ces étudiantEs ont aussi expérimenté des formes d’apprentissage pratiques, axées sur l’expérimentation, l’intervention et l’action professionnelle dans un cadre institutionnel. Elles/ils possèdent les habiletés de base pour expérimenter de nouvelles approches d’intervention.
La collaboration entre le réseau « Outils de paix » et les étudiantEs de troisième année du CEGEP de Victoriaville entend se matérialiser avec la mise en œuvre du stage de la sixième session de formation des techniciens. Le stage sera programmé 4 jours/semaine, tout au long de la session. Pour ces étudiants familiers avec les besoins de clientèle vulnérables, le défi à relever sera imposant dès la première année. Ils (elles) devront être en mesure de:
· mieux saisir ce que sont ces approches d’accompagnement communautaire préventive;
· voir si ces approches sont adaptées à certains besoins de clientèles de leur communauté à Victoriaville;
· déterminer les conditions qui peuvent permettre aux organismes communautaires de leur milieu de mettre en œuvre ces approches et identifier des milieux où des approches d’accompagnement communautaire préventif peuvent être mises en place à Victoriaville.
Apprécier les capacités du milieu
Les trois questions auxquelles auront à répondre les étudiantEs participant à la recherche collaborative avec les organismes du Réseau « Outils de paix » sont les suivantes :
-Y a-t-il des clientèles du milieu qui seraient sujettes à bénéficier d’un service d’accompagnement communautaire préventif?
-Quelles conditions communautaires doivent être mises en place pour faciliter la mise en œuvre d’un service d’accompagnement?
-Quelles compétences élémentaires doivent être transmises à une accompagnatrice ou accompagnateur pour qu’elle/il puisse efficacement et de façon sécuritaire jouer pleinement ce rôle auprès des personnes vulnérables?
En principe, les technicienNEs en éducation spécialisée sont les meilleures personnes pour apprécier les pré-conditions nécessaires à la mise en œuvre de tels services. Leur formation est orientée vers l’analyse et l’évaluation des problématiques de la personne avec sa famille et son milieu. L’éducatrice ou l’éducateur spécialisé est en mesure d’élaborer un plan d’intervention adapté et effectuer des interventions individuelles ou de groupe.
L’approche communautaire n’est donc qu’une composante complémentaire à ce travail.