Écrit par www.AntiRecrutement.info
La Coalition contre le recrutement militaire dans les établissements d’enseignement dénonce les nouvelles pratiques de recrutement de l’armée auprès des jeunes en bas âge.
Les syndicats enseignants, associations étudiantes et organismes citoyens membres de la Coalition condamnent spécialement les initiatives de recrutement dans les écoles primaires lancées à l’occasion du centenaire de la marine canadienne.
La marine fait maintenant appel aux enseignants pour faire la promotion de l’engagement militaire dès la maternelle. C’est ce que confirme la nouvelle démarche pédagogique de l’armée destinée aux écoles primaires et secondaires. Les enseignants sont notamment invités à faire venir des recruteurs dans les salles de classe, à présenter des vidéos de recrutement, à valoriser l’engagement dans les cadets de l’armée et même à organiser des visites des bases militaires.
« Il est pour le moins alarmant de remarquer que l’armée recrute, dans nos écoles publiques, des jeunes d’âge mineur », s’inquiète Daniel B. Lafrenière, secrétaire-trésorier de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ). « Au lieu de constituer des lieux d’embrigadement pour l’armée, les établissements scolaires devraient être des lieux d’éducation à la paix. »
« L’armée vise clairement à mobiliser les enseignantes et enseignants pour diriger, dès la maternelle, les enfants vers la marine et ses ailes jeunesse que sont les corps de cadets. Jamais nous ne collaborerons à cette initiative d’endoctrinement des jeunes pour la guerre ! », dénonce quant à elle Monique Pauzé, présidente du Syndicat de l’enseignement de Champlain affilié à la CSQ.
Au cours de l’année scolaire à venir, la CSQ poursuivra sa campagne d’opposition sous le thème « Faites l’école, pas la guerre ! » avec ses syndicats affiliés. Le lancement de cette campagne l’an dernier a fait fortement réagir les structures militaires jusqu’au sommet de la chaîne de commandement, ce qui témoigne de son succès à contrer le recrutement dans les écoles et à sensibiliser les jeunes aux questions de paix.
Dès l’âge de neuf ans, les enfants sont sollicités pour joindre un mouvement militaire pour enfants : les Cadets de la Ligue navale. Les jeunes qui s’y joignent portent l’uniforme militaire, côtoient des instructeurs formés par l’armée et participent à des activités sur les infrastructures militaires. On peut d’ailleurs constater que de nombreux cadets font la visite du navire de guerre NCSM Fredericton présent dans le Vieux-Port de Montréal aujourd’hui. Ils sont ainsi exposés aux outils de guerre, conditionnés à l’obéissance et même initiés au maniement des armes.
« Les armées de par le monde sont associées à l’augmentation de la violence envers les femmes dans la sphère privée et au viol comme arme de guerre. Nous ne voulons pas exposer nos enfants à ce qui nous apparaît comme une culture machiste au moment même où ils et elles sont en pleine construction de leur identité » ajoute Alexa Conradi, présidente de la Fédération des femmes du Québec. Mentionnons que la Marche mondiale des femmes revendique l’interdiction du recrutement dans tous les établissements d’enseignement.
« L’armée prétend offrir aux jeunes l’éducation à la citoyenneté via les corps de cadets et ses visites dans les écoles. Dans les faits, elle profite du désir des jeunes d’œuvrer pour la paix alors qu’elle les prépare à s’enrôler pour des opérations offensives », affirme Élaine Bertrand, vice-présidente de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal.
« L’armée canadienne exploite tous les moyens possibles pour attirer la jeunesse dans sa plus grande campagne de recrutement depuis la Seconde Guerre mondiale. Nous allons contrer ses initiatives de propagande jusque dans nos écoles primaires », ont conclu les représentants de la Coalition.
Lancée en 2009, la Coalition contre le recrutement militaire dans les établissements d’enseignement regroupe le Centre des ressources sur la non-violence, la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN), l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ), la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), et maintenant s’ajoutent la Fédération des femmes du Québec et l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal.