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Réaction à votre lettre sur les cadets …

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Écrit par un membre des cadets

Bonjour M. Beaudet,

Il y a de cela quelques jours, j’ai pris connaissance de votre lettre d’opinion parue dans le journal Le Devoir. Ayant moi-même fait parti du mouvement des cadets durant 7 ans, celle-ci m’a grandement fait réagir. Si j’ai décidé de vous répondre aujourd’hui, c’est dans le but de vous faire connaître un peu ma vision du mouvement, ce qu’il m’a apporté. Je ne suis pas en accord avec votre opinion mais je la respecte et j’ose espérer que c’est un manque de connaissances qui vous a guidé…

À l’âge de douze ans, j’ai joint l’escadron 613 Saint-Jean-Iberville des cadets de l’aviation et j’ai quitté à l’âge de 19 ans. Dès ma première année, je me suis impliquée dans l’escadron, je me suis inscrite pour faire parti de l’harmonie de l’escadron, j’ai appris à jouer de la clarinette, et je participais aux activités sportives hebdomadaires de mon escadron. Cette année là, j’ai pris part à plusieurs sorties culturelles et récréatives, j’ai découvert de nouveaux horizons. L’été venu, j’ai pris part à un camp d’été, de formation de base, d’une durée de deux semaines à Bagotville. J’y ai approfondi mes connaissances sur le Québec, le Canada, sur le mouvement des cadets en général et sur plusieurs autres  domaines. J’ai grandement développé mon sens de la débrouillardise et j’ai développé ma confiance en moi.

Au cours des années suivantes, j’ai développé mes connaissances en aviation, en sport, en leadership, en enseignement et inévitablement, en exercice militaire. L’exercice militaire m’a appris l’endurance, le respect, la discipline et le travail d’équipe. J’ai pris part à deux ou trois camps de fin de semaine de survie en forêt à chaque année. J’y ai appris comment allumer des feux de cuisson ou des feux de survie, j’ai appris à construire différents types d’abris et aussi les règles de base de survie en forêt.

J’ai fait parti de l’harmonie de l’escadron pendant sept ans, j’ai fait parti de l’équipe de volley-ball, j’ai pris part à de multiples activités sportives, j’ai fait de l’aéromodélisme et des cours de pilotage de planeur et de Cessna. J’ai appris le travail d’équipe, j’ai développé mon leadership et ma créativité, j’ai maintenu une bonne forme physique et j’ai appris à être minutieuse et consciencieuse dans mon travail. Grâce à cela, je me sens outillée pour pratiquer mon métier d’aujourd’hui, qui n’est pas en lien avec les cadets ou l’armée.

Au cours des étés suivants, j’ai pris part à six autres camps d’été. Un camp de trois semaines en musique, deux camps de six semaines en musique et ensuite deux emplois d’étés à l’École de Musique des Cadets de la Région de l’Est (EMCRE) où j’ai transmis mes connaissances musicales et autres à des cadets plus jeunes. J’ai grandement apprécié ces étés qui m’ont permis d’atteindre un niveau cinq à la clarinette, le niveau le plus élevé qu’il est possible d’atteindre, de développer mon oreille musicale et encore, mon travail d’équipe. De plus, ces camps me permettaient de me faire un peu d’argent de poche pour l’année.

J’ai terminé ma «carrière» de cadets avec le grade d’Adjudant de 1ere classe, le plus haut  grade de mon élément. J’en suis fière. J’ai aussi reçu plusieurs récompenses, qui non seulement me motivaient à poursuivre et à continuer à travailler, mais elles me prouvaient que des gens m’appréciaient, appréciaient mon «travail» et avaient confiance en moi.

Grâce aux cadets, j’ai un cercle d’amis très élargi, j’ai beaucoup voyagé, j’ai développé ma culture et je ne traînais pas dans les rues et dans le milieu de la drogue. J’ai obtenu de bonne valeurs citoyennes et personnelles, j’ai développé une bonne forme physique et j’ose croire que ma motivation personnelle à inciter au moins un jeune à se découvrir et à devenir une «bonne personne».

Pour terminer, je tiens à souligner qu’en aucun moment je ne me suis sentie obligée à poursuivre mon cheminement de cadet. Je n’ai pas non plus subi de lavage de cerveau afin de m’inciter à me joindre aux forces armées canadiennes. Parmi  les centaines de personnes que j’ai côtoyé au fil des ans, très peu ont joint l’armée, je dirais entre une et deux personnes par année, maximum trois, sur les soixante à cent vingt jeunes que  comptaient l’escadron. Ce ne sont pas des chiffres officiels, mais plutôt donnés au meilleur de ma connaissance. Parmi ceux-ci, la moitié se sont dirigés au Collège militaire où ils ont reçu un enseignement universitaire de qualité et l’autre moitié a fait le cours de recrues, ils ne deviennent d’ailleurs pas tous fantassins… Je tiens cependant à souligner que parmi les gens avec qui je suis allée au secondaire, et qui ne faisaient pas parti des cadets, cinq ou six sont maintenant dans l’armée.

N’est-ce pas ce que l’on souhaite de la part de nos enfants, qui soient respectueux, qu’ils s’occupent de leur santé, qu’ils vivent des  expériences enrichissantes dans un milieu sécuritaire et encadré. Je crois personnellement que mes parents étaient heureux de me savoir en sécurité avec des jeunes de mon âge, sous la supervision d’adultes plutôt que de me voir traîner dans les parcs et les rues.

Je vous remercie d’avoir  pris le temps de me lire. J’espère que vous connaissez maintenant un peu mieux une vision différente du mouvement des cadets. Je ne tenais pas à faire changer votre opinion, mais plutôt à vous apporter de nouveaux éléments et à vous faire part de mon expérience personnelle au sein de ce merveilleux mouvement.

Bien à vous,

Isabelle, Saint-Jean-sur-Richelieu,

Cadette de septembre 1998 à septembre 2005