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Le Québec et la désobéissance

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Écrit par Laurence Guénette

Opérations Dignité
Opérations Dignité. (Photo: domaine public)

La désobéissance civile n’est une nouveauté au Québec; des cliniques illégales d’avortement du docteur Morgentaler à l’Opération dignité des villageois gaspésiens, en passant par de nombreuses grèves illégales de travailleurs et de travailleuses et les luttes autochtones, c’est une méthode d’action directe qui a été employée plus souvent qu’on ne le croit.

Pourtant, l’ignorance et le mépris de la désobéissance civile sont très répandus dans les médias et dans le monde politique québécois, ce que le printemps 2012 nous a démontré abondamment. Au moi de mai, Jean-Marc Fournier, ministre libéral de la Justice, déclarait que « la désobéissance, c’est juste un beau mot pour dire vandalisme », affirmation qu’on peut aisément qualifier de grossière erreur ou de signe flagrant de mauvaise foi! D’autres politiciens se sont empressés de faire circuler l’idée selon laquelle la désobéissance civile correspond au désordre, au danger et à l’insécurité, à la négation de l’État de droit, et ainsi de suite.

Le pouvoir tente autant que possible de diaboliser le mouvement étudiant et social qui se développe actuellement. Cela nous en dit long sur le discours qu’il a avantage à faire circuler, conscient de la puissance des idées qui sous-tendent la désobéissance civile et la non-coopération comme stratégies de lutte! Ce que le gouvernement, par un traitement médiatique faussé et méprisant, tend à présenter comme une dangereuse subversion ose en effet s’adresser à l’intelligence du public. Par sa force symbolique et sa conviction saisissante, l’action de désobéissance civile amène les citoyen-NE-s à se poser des questions profondes et fondamentales sur leur sens de la justice et leur tolérance à injustice.

Manifestation populaire: Concert de casserole contre la loi spéciale. (Photo: inconnu)
Manifestation populaire: Concert de casseroles contre la loi spéciale. (Photo: inconnu)

Au plan historique, la désobéissance civile jouit d’une certaine grandeur; les mouvements associés à Gandhi et Martin Luther King sont respectables et nobles. Ils sont les cas les plus évoqués, dont même le gouvernement libéral de Charest n’oserait contester la légitimité. Pourtant, quand les étudiant-E-s et citoyen-NE-s décident de désobéir aux injonctions et à la Loi spéciale, le gouvernement s’empresse de marteler qu’ici, au Québec, « on n’est pas en Inde »! À cet argument réducteur, Amir Khadir, porte-parole de Québec Solidaire, répondait qu’en effet, « à chacun son injustice! Mais j’espère qu’on n’attendra pas au Québec de contester des lois abusives; on n’attendra pas que ce soit la Russie de Poutine ou l’Iran de Khomeini! ». (conférence de presse juin 2012).

Nous l’avons vu; la désobéissance civile devrait occuper une place de choix dans une société démocratique. Elle peut constituer un levier de pression et un potentiel de mobilisation considérables. Le salissage médiatique – voire, la diffamation! – entrepris par les gouvernements qui en mesurent la portée le démontre bien!