Un défi collectif!
Radislava Lavrik
Le monde d’aujourd’hui est secoué par le danger imminent d’une guerre nucléaire.
Une fois de plus, l’humanité comprend que la diplomatie, la politique, les organisations internationales sont en échec. Bref, tout le système de sécurité internationale n’apporte pas les résultats escomptés.
Tant que les politiciens et les entreprises (moins de 1% de la population mondiale) gouverneront le monde comme ils gouvernent, la menace pour la paix ne reculera jamais.
La personne qui lit cet article est peut-être un individu isolé, avec ses propres soucis du quotidien, ses valeurs familiales et sociales, l’espoir de voir grandir des enfants heureux et performants, des projets personnels d’auto-épanouissement. Aussi peut-être n’arrive-t-elle pas aisément à se dé-faire de la question « que puis-je bien y faire? »
Ne pas savoir ce que chacun peut faire individuellement est ce qu’il y a de plus préoccupant dans cette situation. Mais les voies de sortie sont peut-être à rechercher dans une forme de raisonnement qui peut conduire vers la conscience des buts communs de l’humanité en passant par la résistance au sentiment de peur généralisée.
La peur de l’humanité face à une menace nucléaire
L’auteure de l’article a pris connaissance de plus de 450 publications en 8 langues sur la situation du monde actuel (grâce au traducteur Google). Savez-vous quels sont les deux messages princi-paux dans 99% des publications sur la menace nucléaire ? La peur en premier; ensuite des re-commandations sur la façon de se comporter et « vers où courir » en cas d’attaque.
Nombreux parmi nous trouvent important que nous ayons tous peur et que nous soyons accaparés par les horreurs d’une attaque nucléaire; rares sont ceux qui considèrent l’urgence de concentrer nos efforts à rendre impossible un tel scénario. La peur face à une menace nucléaire paralyse les gens; ils cessent de penser en termes d’avenir, ils désactivent le « bon sens » et les mécanismes de défense psychologique s’installent.
Susciter la peur d’une menace nucléaire est une stratégie de manipulation des esprits. Programmer le comportement de la grande majorité des gens, c’est ce que semble rechercher la médiatisation des politiques basées sur la rhétorique de la peur. C’est ainsi que 95 % de la population de la Terre est constituée d’une masse assez habilement contrôlée. Ce qui répond bien aux objectifs des clans en lutte pour le pouvoir et la richesse. Point n’est d’ailleurs besoin de faire appel à des théories du complot à l’échelle mondiale pour s’en rendre compte.
Entre temps…
Plus de 12 000 armes nucléaires de combat sont développées en Russie, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en France et en Chine. La production de ces armes est bien maîtrisée en Israël, en Inde, au Pakistan et en Corée du Nord. L’Algérie, l’Égypte, l’Afrique du Sud, le Maroc, la Turquie, les pays du golfe Persique, l’Indonésie et l’Iran ont, à leur tour, annoncé des projets de cen-trales nucléaires.
Comme on peut le constater, nous sommes loin d’atteindre l’objectif commun de rendre ce monde plus sûr, c’est-à-dire dans lequel tous les pays renoncent à l’arme nucléaire.
L’adoption de lois dans chaque pays pour interdire les armes nucléaires est une étape importante mais pas suffisante. Nos sociétés ont davantage besoin d’une éducation à la paix et à la non-violence pour briser les chaînes du statu quo et concourir à l’édification d’un monde qui a de l’avenir.
Setsuko Thurlow, militante canado-japonaise du désarmement nucléaire, survivante du bombardement atomique d’Hiroshima du 6 août 1945, avait déclaré dans sa lettre au président Donald Trump : « Chaque seconde de chaque jour, les armes nucléaires mettent en danger tous ceux que nous aimons et tout ce qui nous est cher. N’est-il pas temps de procéder à une introspection, à une réflexion critique et à une action positive sur les choix que nous faisons pour la survie de l’humanité ? ».
Pour construire un monde exempt d’armes nucléaires, de guerres, d’effusions de sang, de racisme et de sexisme, nous devons comprendre les causes profondes qui expliquent le recours continu à ces formes de violence. Ce qui est en cause, c’est plus que des besoins humains essentiels. Ce sont davantage les sentiments d’appartenance exacerbés, l’estime de soi et des buts religieux. Ne pouvant satisfaire à leurs instincts sans essuyer la contradiction dans leurs propres sociétés, les humains recourent malheureusement à des moyens malsains.
« Qu’est-ce que je peux faire seul ? »
Imaginons un acteur qui se tient sur la scène. Le metteur en scène lui demande de répéter plu-sieurs fois la même phrase : « Que puis-je faire seul ? ». Ce qu’il continue de faire, en véritable personnage, tandis que le metteur en scène fait entrer un deuxième acteur à qui il assigne la même tâche : répéter « Que puis-je faire seul ? ». Puis le réalisateur ajoute de plus en plus d’ac-teurs. Résultat : des dizaines de personnes se déplacent sur la scène, se heurtent les unes aux autres, se demandent les unes aux autres « Que puis-je faire seul ? » mais ne peuvent rien faire tant qu’elles continueront chacune de tourner dans l’indifférence par rapport à ce que font les autres.
L’impuissance des millions donne lieu à l’arbitraire des unités. Ce n’est pas la division en nations, religions, partis, couleurs de peau, etc., mais l’unité des personnes qui permettra à notre civilisation de sortir de la menace nucléaire. Et l’association a sa propre loi : deux auras se renforcent sept fois si des personnes partageant les mêmes idées vont vers le même but. 3 personnes, c’est 7 au carré, soit 49. S’il y a 4 personnes, elles se renforcent 343 fois (7 à la troisième puissance)… « .
Ces mots appartiennent à K.E. Tsiolkovsky, le fondateur de la cosmonautique théorique.
L’auteure est éditrice en langue russe et ukrainienne, elle est réfugiée au Canada depuis la fin juillet 2022. Elle continue de partager ses réflexions sur la perspective d’une guerre nucléaire dans le conflit en cours.
