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PREMIER MAI :

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LA MOBILISATION HISTORIQUE ÉCLIPSÉE!

Que retiendrons-nous de l’impressionnante mobilisation du vendredi le 1er mai 2015?
Cette journée de mobilisation historique où des dizaines de milliers de québécois se sont mobilisés, sur tout le territoire de la province, pour s’opposer à l’austérité. Partout, de Gatineau à Gaspé et de Sherbrooke à l’Abitibi, les citoyens sont sortis. Une grande diversité de moyens d’expression a été utilisée : des actions symboliques théâtrales, des formes d’expressions par blocus et occupation et toute sorte de processions, chaînes humaines et simulations…..Il fut question de faire du 1er mai, une répétition générale d’actions pacifiques mobilisant les syndicats, les organismes communautaires et les citoyens touchés par les mesures d’austérité du gouvernement. Mais moins d’une semaine après ces impressionnantes manifestations, plus rien ne semble transparaître de cet imposant succès sur lequel il serait possible de construire un mouvement de masse.

 

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De quoi parle-t-on? On parle de la brutalité policière….

Deux ou trois incidents filmés et diffusés, qui se sont déroulés dans le cadre d’une seule manifestation, celle de la CLAC en soirée ou le déroulement était assez prévisible, ont continué de faire les choux gras des vendeurs de copies et des représentants de publicité de nos grands organes capitalistes que sont nos médias. Ironique? NON. La « brutalité policière » bien à la mode chez les factions militantes radicales a cette caractéristique bien particulière de jouer le jeu des pouvoirs que l’on condamne; un genre d’effet boomerang démobilisateur. Rappelons-nous que toute la journée du premier mai, avec des milliers de citoyens partout, des centaines de manifestations par contingents et, à Montréal, des dizaines d’actions diverses….On parle d’une excellente couverture tout au long de la journée et d’aucune répression!

La liste des effets pervers des manifestations visant à exposer la brutalité policière est longue et nécessite une profonde réflexion. On doit apprendre et ajuster la lutte et ses moyens en conséquence.

MOBILISER L’ATTENTION MÉDIATIQUE:

1- Lorsqu’une telle manifestation est prévue, et qu’elle dégénère, la totalité de l’attention médiatique s’attardera à la sensation créée par les gestes de brutalité, et la totalité des autres actions citoyennes qui se produiront dans la journée sera éclipsée par les scènes spectaculaires générées par la confrontation avec les forces de l’ordre. Et le spectacle, c’est ce qui fait vendre les copies de nos organes de propagande capitalistes. Dans le contexte d’une telle confrontation militants/forces de l’ordre, l’action politique de masse est automatiquement reléguée au second plan.
LE SPIN À SENSATION:

2- L’effet « spin » maintenant! Cet effet peut durer des jours et parfois même des semaines. Un ou deux « clips » vidéo seront repris en boucle dans les média sociaux, et dans les grands organes capitalistes qui manipulent la fascination morbide de la population pour la violence, les scandales et la sensation spectacle. L’effet de ce « spin » médiatique met de l’avant la « brutalité policière »; un phénomène plus que connu, qui s’est manifesté historiquement au Québec depuis que la population a commencée à s’exprimer…C’est à dire dès la victoire des anglais sur les Plaines; le peuple s’est fait tirer dessus, et Duplessis a allègrement utilisé les chiens, la matraque, les chevaux et des gaz nocifs issus de la guerre; aujourd’hui et on est rendu avec les équipements de gladiateurs, des gaz diversifiés, des matraques à vélocité et des projectiles à impact….En Europe, il y a les canons à eau et les blindés; on a donc pas fini! Mais l’effet de ces « spin » média a un autre effet pervers; Il fait peur aux gens, il démobilise! Exactement l’effet contraire de ce que souhaitent les mouvements citoyens. Avec cet effet « spin » l’éclipse est totale sur l’étendue des mobilisations et sur la cause.

 

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LE MANIFESTANT VICTIME:

3- Le discours du « manifestant victime » prend le dessus et n’aide en rien à stimuler l’action des supporteurs en périphérie de la lutte. Nombreuses sont les personnes sympathisantes par rapport à des enjeux sociaux importants, touchés de front par l’austérité et prêtes à passer à l’action, qui ne se sentent pas interpellés par le statut de « militant victimisé » qui s’accroche aux adeptes de la confrontation avec les forces de l’ordre. Pour de multiples raisons, pour s’impliquer, ces sympathisants semblent attendre les manifestations donnant à espérer que les enjeux importants prendront l’avant-plan de la scène. Ils attendent des actions avec de fortes chances de porter le message voulu. Et ce n’est pas ici une question de radicalisme ou de non-radicalisme, mais une simple question de l’utilité des gestes bien contrôlés et planifiés à même de faire avancer des causes. Les franges sympathisantes par rapport à une cause tentent de sélectionner les manifestations qui peuvent porter le plus…On ne devrait pas parler de bonnes ou de mauvaises manifestations; mais de manifestations dont certaines offrent des conditions d’efficacité et d’autres qui n’ont que peu de chance d’aboutir.

APOLOGIE D’UNE MARGINALITÉ:

4- La marginalisation de la lutte…

Dans la perception généralisée créée par ce contexte de diffusion de la lutte; les gens voient certaines manifestations comme marginales et d’autres comme plus représentative d’une large perception populaire. Par contre, la radicalité présentée par les formes de confrontation, ne reflète que l’option d’un nombre restreint de militants qui adhèrent à des visées, disons, plus révolutionnaires dans le discours et les moyens. Un grand nombre de militants associés aux diverses franges des mouvements citoyens syndicaux, communautaires, ou simple travailleurs ou professionnels conscient des enjeux de justice sociale ne se sentent pas interpellés par les gestes posés et leurs effets. Une telle situation est d’autant plus frustrante lorsque les groupes marginaux, par leur action en arrivent à éclipser les mobilisations populaires plus massives. L’impression que laisse une telle situation est que pour avoir voix au chapitre dans la lutte; il faut être jeune, en pleine possession de ses moyens, résider à Montréal et vouloir en découdre avec les forces de l’ordre, quitte à se faire blesser et ne pas pouvoir travailler pour un certain temps. Disons que peu de gens peuvent se permettre de contribuer à ce genre de lutte. En tout cas, peu de simples travailleurs à revenu marginal. Une lutte, perçue comme ne pouvant être portée que par une frange marginale, qui exploite la tendance forte des médias du divertissement, en conduisant des « actions de confrontation spectacles », peut-elle faire avancer une cause? Si la réponse est « NON »; il semble nécessaire d’ajuster les choses?

DROIT D’EXPRESSION:

5- Oui! Il y a un enjeu de droit d’expression et d’abus de pouvoir des forces de l’ordre. Être un militant actif et radical à Montréal, en ce moment, n’est pas une partie de plaisir….C’est un défi assez difficile à relever! La seule action directe qui semble avoir droit de s’exprimer, est la formule de confrontation avec l’État policier. Il n’y a que peu d’espace pour l’action directe non-violente, quoi que, dans la journée du 1er mai; avec la diversité des moyens utilisés et des actions, une vitrine semble avoir été créée.

On a aussi l’impression que seul le droit d’expression dans sa forme marginale montréalaise semble compter pour un bon nombre d’organisations. Et on a aussi l’impression que le discours dominant; celui de la « brutalité policière »; bien qu’étant une réalité sur laquelle un travail doit se faire, est le seul qui ne s’attire pas les foudres de militants radicaux qui voient en l’indignation et la révolte la seule voie mobilisatrice.

Pourtant, depuis des décennies, on parle d’atteindre des objectifs de mobilisation citoyenne en permettant aux gens d’outrepasser leurs peurs. La répression est un fait avec lequel on doit composer….Peut-on la réduire en encadrant et en médiatisant mieux, au préalable les moyens et les priorités de l’action militante? Chose certaine, une esprit critique sur la militance, les actions et leur efficacité est nécessaire si il est question ici d’atteindre des objectif dans la lutte. Les questions d’organisation de manifestation, de moyens d’action, de tactiques de lutte et de stratégies pour atteindre ces objectifs sont des éléments indispensables au succès.