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Peut-on compter sur les gouvernements ?

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L’intervention face aux sinistres

Séisme à Haïti, 2010. (Photo: Laurent Grzybowski)
Séisme à Haïti, 2010. (Photo: Laurent Grzybowski)

Le 12 janvier 2010, un séisme a frappé l’île antillaise d’Haïti. Des agences et équipes internationales ont accouru pour apporter le secours d’urgence. Parmi les plus rapides, les équipes de secours belge et luxembourgeoise sont arrivées à Port-au-Prince le 14 janvier, soit au « Jour 2 » du désastre.

Des spécialistes du sauvetage équipés se sont mis à l’œuvre dès l’arrivée et leur hôpital de campagne était en opération dès le « Jour 4 » pour accueillir les sinistrés sortis des décombres.

Lors de ses premiers points de presse, l’armée canadienne, elle,  nous exhortait à la patience : l’assistance ne se fait pas en un claquement de doigt, particulièrement à Port-au-Prince où le port n’est plus en fonction. Il faut se donner le temps nécessaire pour les vérifications, du temps pour libérer les mastodontes aéroportés de leurs équipements militaires avant de les charger de matériel de secours. Le Canada n’était pas prêt!

Réponse du Canada au tremblement de terre en Haïti, 10 février 2010. (Photo: Sgt Bruno Turcotte)
Réponse du Canada au tremblement de terre en Haïti, 10 février 2010. (Photo: Sgt Bruno Turcotte)

C’est ainsi que les premiers secours canadiens sont arrivés à Jacmel au « Jour 8 » du séisme. Une centaine de militaires canadiens, bien intentionnés, arpentaient alors les rues et ramassaient des pierres à la main.  Deux journées pour la recherche et le sauvetage ; puis nous apprenions, le « Jour 10 », que les efforts en ce sens devenaient inutiles. Pendant ce temps, l’équipe militaire canadienne d’intervention en cas de catastrophe, le DART, « continuait  d’évaluer la situation ».

Comment expliquer un tel écart entre le Canada et les autres pays dans l’état de préparation et d’intervention ? Pourquoi le scénario devient-il différent quand vient le temps des opérations militaires, des opérations  « pour tuer » ? Les pays ont des bases militaires organisées à des endroits névralgiques, des porte-avions avec chasseurs sont bien positionnés. Les chasseurs décollent par dizaines, parfois par centaines, comme ce fut le cas en Irak, et des milliers de missiles air-sol ne prennent que quelques heures à détruire les sites stratégiques sur des centaines de kilomètres carrés.  C’est que la défense militaire de nos intérêts économiques prime les impératifs de solidarité avec des populations menacées.

Un membre de l’équipe médicale mobile canadienne, examine un garçon de Tom Gato, en Haïti, 31 janvier 2010. (Photo: Cpl Julie Bélisle)
Un membre de l’équipe médicale mobile canadienne, examine un garçon de Tom Gato, en Haïti, 31 janvier 2010. (Photo: Cpl Julie Bélisle)

Le ministère canadien de la défense, plus préoccupé par l’état de préparation à la guerre, dispose d’un gigantesque budget annuel dépassant les 20 milliards de dollars par année ; la centaine de millions de dollars promis à Haïti ne fait certainement pas le poids à côté des 260 millions par mois investis depuis maintenant sept ans en Afghanistan.

Entre-temps, les désastres environnementaux (sécheresse, feux de forêt, glissements de terrains, inondations, séismes, etc.) s’accroissent en fréquence et en intensité. Et nous ne pouvons même pas tirer de leçon d’aucun des événements. L’échec de la voie militaire en Afghanistan, le cafouillage lors des séismes haïtien et chinois, l’improvisation lors de différents ouragans…combien d’aléas du genre seront-ils nécessaires pour imposer l’incontournable changement de cap ?

Les impératifs de sécurité globale modernisée n’imposent-ils pas la disponibilité des ressources nécessaires à l’assistance d’urgence ?

Au moment d’un débarquement militaire sur les plages, nos militaires sont particulièrement efficaces. Ils acheminent rapidement des blindés ; ils peuvent très vite parachuter des fantassins au-delà de la ligne de combat. Pourquoi ne pas procéder de la même façon pour acheminer de la machinerie lourde aéroportée ? Est-il si difficile de préparer des sapeurs-parachutistes ?

L’enjeu de l’eau est particulièrement critique car la vitrine n’est que de quelques jours : un homme qui ne boit rien et ne mange pas de la journée, ne peut survivre plus de 4 jours. Pourquoi ne pas parachuter des bidons d’eau en mer et les acheminer ensuite vers les plages?

Tout compte fait, l’armée est-elle toujours la bonne institution pour prendre en charge le mandat d’apporter aux populations en détresse un secours d’urgence ?

Des soldats canadiens iimmortalisent la visite de Stephen Harper à Jacmel, en Haïti, le 16 février 2010, quelques jours après le tremblement de terre. (Photo: archives La Presse)
Des soldats canadiens immortalisent la visite de Stephen Harper à Jacmel, en Haïti, le 16 février 2010, quelques jours après le tremblement de terre. (Photo: archives La Presse)