Depuis la mort du jeune Fredy Villanueva, les organisations contre la violence policière ont fait de Montréal-Nord un lieu symbolisant la violence abusive et répressive subie par les communautés culturelles et les minorités visibles, de plus en plus majoritaires dans certains quartiers de Montréal. C’est le message plus radical véhiculé par le groupe Montréal Republik, qui s’associe aux commémorations de l’incident dramatique. La Coalition qui souligne la Journée de la non-violence semble croire profondément à l’action communautaire pour prévenir la violence. La manifestation de samedi a bien entendu soulignée la violence policière, mais elle a aussi soulignée la violence urbaine, celle des gangs criminalisées et de jeunes désabusés qui sévit dans le quartier. Le parcours de la marche a fait son effet pour certains participants.
Quelques kilomètres dans un quartier de Montréal que peu connaissent, mais où on a immédiatement le sentiment d’être au bon endroit pour la bonne cause. La Coalition montréalaise pour la non-violence organise cette marche depuis maintenant six ans, et réussi à mobiliser les ressources communautaires, les groupes de jeunes, des groupes religieux et les intervenants communautaire de son milieu. Les organisateurs sont bien conscients du fait que le phénomène de la violence, et la nécessité de le contrer par l’action citoyenne non-violente soit une nécessité dans plusieurs secteurs de la métropole. Le souhait de créer des ponts avec les quartiers adjacents d’Ahuntsic et de Saint-Léonard a été clairement exprimé. Le message de combattre la violence par l’intelligence scandé par l’animateur de foule et les jeunes participants était sans ambigüité. Tout au long du trajet on sent que cette modeste manifestation interpelle les gens, mais c’est au point d’arrivée, aux coins des rues Lapierre et Pascale, qu’on saisit véritablement l’environnement social difficile qui accompagne la vie de la majorité de ces manifestants.
Participer à des manifestations militantes peut devenir un geste routinier, une façon de faire passer un point de vue, un devoir de citoyen. C’est lorsque l’action citoyenne est réalisée par les gens qui pour plusieurs baignent dans la misère, et par les victimes de violences au quotidien que l’action prend tout son sens. C’est à ce moment que le sentiment d’être véritablement solidaire, au bon endroit au bon moment, se fait sentir. La marche s’est terminée par un petit spectacle et des kiosques d’organismes de paix et communautaires du milieu. La présence d’un très faible nombre de blancs à cet événement m’a questionné. Lorsqu’on reconnait les taux de chômage dramatique, et la difficulté de se trouver un logement pour les montréalais de certains groupes culturels. Lorsqu’on constate l’émergence de nœuds de concentration de pauvreté dans certains quartiers. Et lorsqu’on voit les populations subissant ces injustices commencer à s’organiser.
Ne devrions-nous pas, en tout premier lieu, nous mettre au service de ces gens en action? Comment expliquer que lors d’un appel à la mobilisation contre la violence policière, les média se présentent en masse à Montréal-Nord? Mais lorsque des organismes citoyens et communautaires tentent de mobiliser la population à l’action, dans la recherche de solution, c’est l’indifférence totale? A l’ère de l’info-spectacle et du contrôle du message, parlerions-nous d’un racisme de l’indifférence, sans violence?