Cet article décrit quelques aspects non-violents peu connus de l’Intifada, un mouvement de résistance à l’occupation israélienne de la Palestine. Les aspects violents du conflit, de la part des deux parties, sont amplement documentés et font la manchette dans nos journaux presque chaque jour.
L’Intifada comporte deux phases, l’une débutant à la fin de 1987 que nous appelons la Première Intifada, et l’autre débutant en 2000 que nous appelons la Seconde Intifada. «Intifada» est un mot arabe signifiant «secouer» dans le sens de « se débarrasser de ». Par Gerry Pascal
Cet article décrit quelques aspects non-violents peu connus de l’Intifada, un mouvement de résistance à l’occupation israélienne de la Palestine. Les aspects violents du conflit, de la part des deux parties, sont amplement documentés et font la manchette dans nos journaux presque chaque jour.
L’Intifada comporte deux phases, l’une débutant à la fin de 1987 que nous appelons la Première Intifada, et l’autre débutant en 2000 que nous appelons la Seconde Intifada. «Intifada» est un mot arabe signifiant «secouer» dans le sens de « se débarrasser de ».
La Première Intifada (1987-1991)
Au matin du 9 décembre 1987, des milliers de personnes se réunirent sur le campus de l’université Bir Zeit, en réponse aux nouvelles que quatre Palestiniens avaient été tués au poste de contrôle de Jabalya, Gaza. La protestation dura jusqu’au soir avant d’être brisée par les troupes israéliennes. Ce fut la première démonstration massive à l’intérieur d’un territoire occupé. Les quatre morts et des années de frustrations refoulées avaient mené à ce point culminant. L’occupation de leur territoire par Israël était une source de profonde humiliation pour les PalestinienNEs. En grand nombre, en effet, ils devaient travailler pour des Israéliens dans les territoires occupés et dans des colonies juives, tout en payant des taxes à l’État d’Israël. Mais, même si quelques manifestants lançaient des pierres en représaille, la plupart n’utilisaient pas la violence. L’Intifada avait commencé. Elle y était pour rester.
Actions non-violentes
En 1968, le Palestinien Feisal Husseini donna des conférences pour expliquer que les stratégies non-violentes étaient le seul chemin vers la paix au Moyen-Orient. Avec quelques collaborateurs, il mis sur pied le « Comité d’opposition au poing de fer » pour venir en aide à des familles de travailleurs emprisonnés.
En 1983, le psychologue palestino-américain Mubarak Awad crée le Centre palestinien pour l’étude de la non-violence à Jérusalem. Il y invite toute personne qui veut s’opposer à l’occupation en utilisant des méthodes non-violentes. Il s’inspirait d’Abdul Ghaffar Khan, un Pathan musulman adepte de la désobéissance civile enseignée par Gandhi, qui lutta contre le raj dans le nord-ouest de l’Inde et qui avait traduit en arabe des oeuvres majeures de théorie non-violente. Selon Moubarak Awad, les tactiques violentes palestiniennes de l’histoire récente conduisaient à une impasse. Pour lui, les Palestiniens devaient d’abord refuser l’occupation, puis résister d’une façon non-violente.
L’émergence des idées d’Awad et de Husseini était une alternative aux stratégies de l’Organisation de libération de la Palestine fondées sur des raids, des bombes et des effusions de sang. Mais comme l’avait noté Gene Sharp, le théoricien et praticien non-violent de Harvard, les PalestinienNEs, à l’époque, étaient bien mal préparéEs à l’action non-violente disciplinée face à la sévère oppression israélienne. Un programme d’éducation et un entraînement sérieux étaient nécessaires.
L’impression et la distribution hebdomadaire de 30 000 tracts furent un élément-clé d’un programme d’éducation de masse qui présentait diverses méthodes non-violentes dont les grèves, les manifestations publiques et l’utilisation des media. Cela dura 3 ans sous l’égide de la Représentation nationale unifiée, qui attira un large échantillon de la population et des jeunes.
Le fait que les économies israélienne et palestinienne étaient profondément entrelacées fut utilisé par les PalestinienNEs à leur avantage. Il lancèrent le boycott de produits israéliens comme les cigarettes et les boissons douces et cessèrent de payer les taxes ou d’aller travailler en Israël. Ils lancèrent leur propre économie maison largement menée par les femmes. Une autre stratégie fut de cadenasser leurs commerces afin d’empêcher les Israéliens de les utiliser. Quand les soldats brisaient les cadenas, ils les changeaient à nouveau systématiquement. Les soldats abandonnèrent. La désobéissance civile a également été utilisée. Les buts visés par ces efforts étaient la libération de prisonniers, l’arrêt des forages de puits par Israël et la résistance à l’implantation de colonies sur le territoire palestinien. En réaction à la fermeture des écoles par Israël, les PalestinienNEs créèrent leurs propres écoles. Le mouvement inspira également les personnes à créer leurs propres cliniques médicales. La clé de toutes ces actions était de prendre le contrôle de leur propre vie.
Effets de la Première Intifada
Le mouvement fit subir des pertes économiques importantes à Israël et en ce sens il fut fructueux. D’un autre côté plusieurs PalestinienNEs furent blesséEs, perdirent leur mobilité à cause des couvre-feux, plusieurs de leurs maisons furent détruites et plusieurs leaders furent arrêtés. Awad lui-même fut déporté en 1988. La même année l’Intifada connut une crise à la suite des mesures répressives prisent par la Force de défense d’Israël.
La Seconde Intifada (2000 ? )
La Seconde Intifada commença en 2000 et se poursuit encore à l’heure actuelle. Selon l’Agence France Presse en 2003, elle a fait en trois ans 2800 victimes palestiniennes et 900 israéliennes. On peut dire que l’échec des Accords d’Oslo (1993) et de Camp David (2001) en furent la cause principale parce que ces derniers permettaient d’accroître la colonisation du territoire palestinien, n’accordaient pas aux PalestinienNEs d’avoir Jérusalem-Est comme capitale et n’apportaient pas de solution à la question des réfugiéEs palestinienNEs. L’événement qui déclencha l’explosion de violence toutefois fut la visite d’Ariel Sharon, alors leader du Likoud, à l’Esplanade des Mosquées le 28 septembre 2000. Les manifestations massives qu’elle souleva de la part des PalestinienNEs donnèrent lieu à une vive répression israélienne au cours de laquelle plus de 200 PalestinienNEs perdirent la vie. Dès ce moment l’Intifada se militarisa et, selon Dominique Vidal, rédacteur en chef adjoint au Monde diplomatique, lors d’une entrevue donnée à Alternatives non-violentes (automne-hiver 2003), cela fut une erreur sérieuse. L’incapacité et le manque de désir de l’autorité palestinienne de contrôler la violence de sa population mena peu de temps après à l’élection de Sharon et de l’extrême-droite.
Les Accords de Taba
Parmi les nombreux accords manqués, il faut citer les Accords de Taba signés en janvier 2001 à Genève. Ces accords furent négociés par des leaders de la gauche israélienne et des leaders palestiniens de différentes tendances (sauf les Islamistes). Le premier-ministre Barak refusa cependant de les entériner. Il vaut tout de même la peine de les mentionner, comme base d’une éventuelle solution:
1. Les deux parties renonceront à toute nouvelle demande et l’accord remplacera toutes les résolutions antérieures de l’ONU.
2. La Palestine existera côte à côte avec Israël suivant les frontières de 1967avec de légères modifications.
3. 100 % de Gaza et 97 % de la Cisjordanie seront inclus dans la Palestine avec de légers changements.
4. Jérusalem-Est sera la capitale de la Palestine.
5. Les réfugiéEs ne pourront pas exercer leur droit au retour dans le territoire israélien sauf pour quelques milliers.
6. Les PalestinienNEs démantèleront les structures «terroristes» et l’État sera démilitarisé alors que les postes frontières seront sous la supervision d’une force internationale.
Une force internationale d’intervention civile.
Cette année, le Mouvement pour une alternative non-violente (MAN) prépare une campagne visant à établir une équipe civile internationale permettant d’intervenir dans les territoires israéliens et palestiniens. Ce projet a l’appui de plusieurs groupes non-violents et de citoyenNEs des deux côtés du conflit qui croient en des solutions autres que la violence. Cette équipe aura la mission de «renforcer les conditions de dialogue entre les sociétés civiles, d’accompagner les acteurs de paix en les protégeant et en mettant en valeur leurs actions, et d’observer le respect des droits de l’Homme sur les sites sensibles.» Un entraînement adéquat sera essentiel et les participants s’engageront pour une année. Le Balkan Peace Team, qui est à présent dissout, et les Brigades de paix internationales sont des modèles qui ont fait leurs preuves. La campagne sera européenne et visera prioritairement la France, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Italie. L’intention est de mettre de la pression sur les autorités européennes afin qu’elles étudient la possibilité d’envoyer des équipes sous la supervision des Nations-Unies. Bientôt un document sera rendu public afin de présenter la campagne.
Pour plus d’information: François Vaillant, d’Alternatives non-violentes, et François Marchand, du Mouvement pour une alternative non-violente:
Mouvement pour une alternative non-violente
114, rue de Vaugirard
75006 Paris
tél.: 01 45 44 48 25 ; télécopieur: 01 45 44 57 13 ;
courriel: contactman.ariane@free.fr
Sites Internet concernant Israël-Palestine
AIC – Alternative Information Center
Centre d’informations alternatives
www.alternativenews.org
Information alternative en Israël & Palestine * anglais
Bat Shalom (les filles de la paix)
The Jerusalem Center for Women
www.batshalom.org * http://www.j-c-w.org
ONG’S en Israël et en Palestine * anglais, arabe, hébreu
CCIPPP * Campagne civile internationale pour la protection du peuple palestinien
www.protection-palestine.org
ONG en France, Paris * français
Courage to refuse * Combatant’s Letter
http://www.seruv.org.il/defaulteng.asp
Soldats israéliens qui refusent * ONG en Israël * anglais
Le Monde diplomatique
http://www.monde-diplomatique.fr/cahier/proche-orient/
Média, web site * francais; Un cahier spécial sur le Proche-Orient
Gush Shalom * – Le bloc de la paix
http://.www.gush-shalom.org/english/index.html
ONG en Israël, Tel-Aviv * anglais, français, allemand, espagnol * action non-violente
ICAHD * The Israel Committee Against House
Demolitions
Le comité israélien contre les démolitions de maisons
http://www.icahd.org/eng
ONG en Israël, Jérusalem * anglais, hébreu, arabe
ISM * International Solidarity Movement
Mouvement de solidarité internationale créé durant la deuxième Infitada
www.palsolidarity.org
ONG en Palestine, Beit Sahour(Bethlehem) * dans différentes langues
Site francophone: http://www.ism-france.org
Les (Femmes en noir)
www.chorley2.demon.co.uk/wib.html
ONG internationale * anglais
Shalom Arshav * – La paix maintenant?
www.lapaixmaintenant.org
www.peacenow.org.il
ONG en Israël, à Paris, site en anglais et hébreu; site en France.