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L’histoire d’Amiel (nom fictif). Rwanda 10 ans

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Je me rappelle de cette journée chaude et humide, je la revois comme un film d’horreur. Je devais avoir huit ans, j’étais accroupis dans un coin de notre petite maison familiale, derrière une banquette ou un tabouret. Mon corps tout entier tremblait il était incontrôlable et je mordais dans une étoffe de coton pour ne pas faire de bruit avec mes dents. Pendant de longues minutes, dans la pièce d’à côté, des jeunes qui venaient de tués ma mère et mon frère de douze ans argumentent et se demandent si j’existe vraiment. Après toutes ces années j’ai pu reconstituer les événements.

Le grand gaillard de 15 ans, un jeune du village voisin est apparu dans le cadre de la porte, il a demandé Grégoire, mon frère. Immédiatement, maman s’est mis à hurler et a, presque au même moment, eue le corps transpercé par une longue barre de fer, son corps est tombé les yeux ronds et la bouche ouverte comme une poupée à la tête de bois près de moi. Grégoire est arrivé au moment ou l’homme à la casquette entrait dans notre maison. Celui qui avait tué ma mère l’a pris par le bras, a accoté le bras de mon frère sur le cadre de la porte, et l’homme à casquette a frappé avec sa machette. Le meurtrier de ma mère est tombé par terre, le bras de mon frère dans sa main. Grégoire a crié très fort et je l’ai perdu de vue, je ne l’ai plus entendu, je crois qu’il avait perdu connaissance dans l’autre pièce de la maison. Puis, j’ai entendu trois ou quatre grands coups, comme si on fouettait avec une branche sur une couverture. Quelques secondes après, les gars, trois ou quatre, parlaient et riaient. Après, je n’ai plus osé regarder et je crois avoir perdu connaissance.

On m’a dit par la suite, qu’ils sont subitement partis à la course lorsqu’un camion s’est arrêté près de la maison. Il semble que, par chance, mon nom ne figurait pas sur leur liste, mais qu’un des gars était persuadé que Grégoire avait un jeune frère. Les grands coups que j’ai entendu étaient probablement des coups de machette servant à achever ma mère et mon frère, s’assurer que le travail avait été bien fait.

Ces événements se sont produits il y a maintenant 10 ans et ils hantent ma vie quotidienne. Des milliers de jeunes dans mon pays sont aussi hantés par ces mêmes démons. Lorsque la mémoire de ces événements me revient le sentiment de terreur me revient, mais au fil du temps, c’est la haine et le désire de vengeance qui prend le contrôle de mon esprit et de mon corps. Je connais au moins deux personnes qui ont assassinés mes proches, dont plusieurs de mes oncles et tantes de cette façon. Des dizaines de personnes du village ou je vivais étaient au courant et n’ont rien fait. Je ne sais pas ce que je ferais si je vivais encore au Rwanda.

Note :
Ce texte est une fiction composés de faits réels inspiré de témoignages d’amis et de textes de témoignages divers trouvés sur internet et publié dans le cadre des commissions d’enquêtes qui ont eue lieu ou qui sont présentement en cours.

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