Les travaux débuteront sous peu selon une séance d’informations.
Le 13 juin dernier le CRNV a participé à une séance d’information organisée par les “Laboratoires nucléaires Canadiens” . Le but des autorités était de partager aux organismes et citoyens intéressés les plans sur le déclassement de Gentilly-1 (G-1). Les LNC gèrent l’installation G-1 au nom d’Énergie Atomique du Canada limitée (EACL), une société d’État fédérale.
Le prototype de réacteur à eau bouillante (REB) CANDU de Gentilly-1 a été mis à l’arrêt en 1980, après quoi un déclassement initial a été effectué. Selon les spécialistes présents son état de stockage actuel est sécuritaire et répond aux normes de la Commission Canadienne de la Sûreté Nucléaire (CCSN). Le site de G-1 a été autorisé comme installation de déchets nucléaires par cette même commission.
Notons ici que la gestion de l’installation G-1 par LNC s’inscrit dans le cadre des efforts plus vastes du Canada en vue de régler la sérieuse problématique de gestion permanente des déchets nucléaires, qui couvrent de nombreux sites et des projets dans tout le pays. On parle ici du décommissionnement des centrales, mais l’enjeu de la disposition des millions de tonnes de déchets radioactifs laissés par l’extraction de l’uranium, le combustible des réacteurs reste complet. Cet enjeux crucial comme on le voit est encore bien loin d’être réglé.
Ralliement contre la pollution radioactive
Nous maintenons un lien continu avec les membres du Ralliement contre la pollution radioactive qui surveille et s’oppose depuis plusieurs années à l’implantation d’un site de disposition permanent des déchets faiblement radioactifs à Chalk River en Ontario; près des berges de la rivière des Outaouais. Un membre du comité a fait un compte rendu de la rencontre. Voici les éléments essentiel de la rencontre:
« – Le Gouvernement fédéral a l’intention de démanteler dès l’an prochain sa centrale nucléaire Gentilly-1 construite à Bécancour, au Québec.
– Tous ses débris radioactifs de faible et de moyenne activité seront transportés à Chalk River en Ontario ou ils seront entreposés dans des « installations de déchets radioactifs autorisées ».
– Une fois la centrale démolie, le site sera décontaminé et restauré pour réutilisation par Hydro-Québec qui en est toujours propriétaire. »
Informations limitées
Gilles Provost ancien journaliste et membre actif de Ralliement complète ainsi les informations partagés par les entreprises impliquées dans le déclasseement du réacteur. « La centrale Gentilly-1 est un prototype de réacteur CANDU. Ce modèle devait à l’origine donner une meilleure performance que les centrales CANDU à eau pressurisée déjà construites en Ontario. Dans les faits, ce réacteur s’est révélé très instable et il a fonctionné par intermittence à peine 183 jours entre 1972 et 1978 (l’équivalent de 6 mois à pleine puissance). Une fois vidé de son combustible irradié et asséché, le réacteur est demeuré sous observation en « stockage sous surveillance » depuis 1986. Tout son vieux combustible est maintenant entreposé à Chalk River. »
La Société d’État fédéral EACL, Hydro-Québec et les Laboratoires nucléaires Canadiens ont donné bien peu de détails sur le processus de déclassement de la Centrale. Ce que l’on sait et qui semble se confirmer selon le compte rendu du Ralliement citoyen : « EACL prévoit demander en 2024 une modification de son permis actuel pour procéder au démantèlement du réacteur et à la restauration du site. C’est pourquoi elle entreprend maintenant des séances d’information pour les Premières Nations et les autres groupes intéressés. On commencerait par démolir les bâtiments les moins radioactifs comme le bâtiment des turbines, le réservoir des résines usées (qui décontaminaient l’eau radioactive) pour terminer avec les structures les plus radioactives comme l’enceinte de béton ainsi que la cuve du réacteur et ses kilomètres de tuyauterie. »
Gentilly-1
Dans le cas de Gentilly-1; on partage le fait que « le réacteur a relativement peu fonctionné, il devrait être moins radioactif que les autres centrales CANDU mais sa structure sera quand même un déchet de moyenne activité pour lequel le Canada n’a encore aucun site d’élimination définitif. Ces éléments seront donc stockés dans des sites de déchets temporaires à Chalk River. Quant aux déchets de faible activité, ils devraient être « éliminés » dans le monticule de l’installation de gestion des déchets près de la surface (IGDPS) que la Commission canadienne de sûreté nucléaire pourrait autoriser dans quelques mois. » Le décommissionnement de la centrale Gentilly-1 illustre donc très bien les nombreux défis et les coûts réels de la production électrique nucléaire.
Ce chantier important qui se mettra en branle sous peu lève aussi de sérieuses questions dans le contexte ou le nouveau pdg de Hydro-Québec Michael Sabia « ne ferme pas la porte à la production électrique nucléaire ». « Le gouvernement fédéral sera responsable du transport de ces déchets radioactifs par l’intermédiaire d’EACL qui est une Société de la Couronne. On nous a promis hier que tous les transports de déchets radioactifs seront confiés à des « transporteurs qualifiés ». Les déchets eux-mêmes seront placés dans des « conteneurs homologués » qu’on ne nous a pas décrits. Et même si on nous affirme que le Canada fait régulièrement des transports de déchets radioactifs et qu’il n’y a jamais eu d’accident, on mettra en place des plans d’intervention d’urgence pour parer aux accidents. » Tout ces coûts sont assumés présentement par le gouvernement fédéral, et font parti de l’hypothèque nucléaire canadienne qui se creuse toujours plus.
« Dans le cadre du webinaire Hydro-Québec a aussi répété plusieurs informations déjà connues sur le déclassement futur de la centrale Gentilly-2, une centrale CANDU à eau pressurisée classique de 675 MW, juste à côté de Gentilly-1. G-2 a fonctionné de 1973 à 2012, produisant 130 000 grappes de combustible irradié qui sont présentement stockées dans des structures de béton sur le site de la centrale. »
Fait important rapporté par Monsieur Provost, et qui illustre de façon assez dramatique le problème de disposition permanente des déchets hautement radioactifs. On nous parle depuis maintenant des décennies de solution permanente d’enfouissement à des kilomètres dans le roc de ces déchets, mais après de nombreuses années de recherches et des milliers de pages de rapports, le procédé et le lieu ne sont toujours pas déterminés:
« On
prévoit présentement que ce combustible irradié sera transporté
dans le dépôt géologique en profondeur (DGP) pour lequel la
Société de gestion des déchets nucléaires cherche présentement
un emplacement en Ontario. Ce transporte de combustible devrait se
faire entre 2048 et 2054, quand le DGP sera disponible. Entre temps,
la centrale Gentilly-2 devrait demeurer en « dormance »
(stockage sous surveillance) à partir de 2024 jusqu’au
démantèlement de la centrale entre 2057 et 2062. Les
deux années suivantes seraient consacrées à la restauration du
site. »
Monsieur Provost complète ainsi son compte rendu : « En réponse à des questions les représentants d’Hydro-Québec ont précisé que ce sont des plans préliminaires et que ces projets peuvent évoluer en fonction du progrès des connaissances scientifiques. » Exactement le genre de réponse servie aux militants depuis l’avènement des activités nucléaires dites civiles.
Notons ici que seuls les pays avec une industrie nucléaire militaire semblent avoir pu maintenir des activités non militaires viables. Tous les efforts du Canada pour commercialiser son uranium, sa technologie nucléaire et son expertise furent des échecs et un drain sans fond de deniers publiques. Ce sont autant d’évidence que le nucléaire relève beaucoup plus du dangereux fantasme technico-scientifique, que d’une solution énergétique viable.