Écrit par Normand Beaudet
L’action citoyenne a des limites quant à son pouvoir d’influencer les gouvernements dans le cadre de projets novateurs. Et l’expérience des organismes de paix en est une excellente illustration. La création d’instances préoccupées par les enjeux de paix, tant sous la forme d’organismes citoyens que sous la forme d’agences municipales, provinciales offrant des services directs apparaît maintenant comme la seule voie prometteuse.
Au début des années 80, en pleine guerre froide et avec la menace d’une guerre nucléaire, les enjeux de paix et de sécurité devenaient une priorité de l’agenda des dirigeants politiques. En 1984, au moment de quitter son poste de Premier Ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau annonce la création de l’Institut canadien pour la paix et la sécurité. Cet Institut demandé par les citoyens et mis en place à la sauvette aura une bien courte vie. Un seul discours du trône, par un ministre des Finances qui entre en poste suffira pour abolir l’Institut dès février 1992.
Ensuite les gouvernements successifs ont bien essayé de convaincre les organismes de paix que le Centre Pearson pour le maintien de la paix, financé en partie par la Défense nationale, et formant militaires et policiers aux opérations de maintien de la paix, comblerait les besoins en analyses indépendantes. Ce ne fut jamais le cas.
Au cours des récentes années, l’action des organismes pour la paix canadiens s’est orientée vers la revendication d’un ministère de la paix. Inspirés par une campagne internationale, les organismes canadiens ont réussi à préparer le terrain pour le projet de loi C-447 dont l’objet est la création d’un ministère de la paix. Le projet de loi a été déposé en septembre 2009, mais le gouvernement Harper ayant décidé de proroger la chambre des communes, le travail est à recommencer.
L’action citoyenne a donc des limites quant à son pouvoir d’influencer les gouvernements dans le cadre de projets novateurs. Et l’expérience des organismes de paix en est une excellente illustration. La création d’instances préoccupées par les enjeux de paix, tant sous la forme d’organismes citoyens que sous la forme d’agences municipales, provinciales offrant des services directs apparaît maintenant comme la seule voie plus prometteuse.
Une fois les assises citoyennes pour la paix établies, les organismes sont en fait en bien meilleure posture pour demander de l’action au niveau des instances fédérales. C’est ainsi que le Centre de ressources sur la non-violence travaille avec des instances universitaires à la mise sur pied d’un Institut pour la paix et la sécurité citoyenne.