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La mission militaire en Afghanistan pour les nuls

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Écrit par Normand Beaudet

Pourquoi le Canada est-il en Afghanistan?

Le Canada est en Afghanistan pour compenser son refus de participer à la mission américaine en Irak.

 

Pourquoi les États-Unis sont-ils en Afghanistan?

L’Afghanistan est en Asie Centrale, à proximité de la Russie, de la Chine et de l’Inde. A proximité de trois pays du BRIC, qui sont le centre de la croissance économique mondiale pour les prochaines décennies.

 

Pourquoi spécifiquement l’Afghanistan?

C’est la frontière est de l’ennemi numéro 1 des américains depuis les trente dernières années, l’Iran. C’est le passage obligé pour les ressources gazières et pétrolières de la mer Caspienne, vers la Chine et l’Inde.  Ni la Russie, ni la Chine ne doivent prendre le contrôle de cette région.

 

-Mais nous aidons tout de même le peuple Afghan…

Rien à voir avec le peuple.  Nous aidons à mettre en place un régime politique qui sera sympathique aux intérêts économiques de nos grandes entreprises.  Depuis quand le Canada dépense-t-il 100 millions de dollars par mois pour aider un peuple? Comment une occupation militaire, qui dure depuis 5 ans maintenant, pourrait-elle aider une population qui souffre de la guerre depuis des décennies?

 

C’est tout de même une mission multinationale???

En fait, c’est une mission militaire américaine, soutenu par l’OTAN, une Alliance militaire qui oblige les pays membres à assister un autre pays membre attaqué. Le commandant suprême des opérations militaires de cette Alliance, depuis sa création à la fin de la Seconde guerre mondiale, a toujours été un général américain. Les États-Unis ont affirmés être attaqués le 11 septembre 2001.

 

Voyons, le 11 septembre 2001, les États-Unis ont véritablement été attaqués!

Oui, mais pas par un autre État.  Al-Qaida est une organisation terroriste qui avait déjà ciblé les États-Unis à plusieurs reprises auparavant, par des attentats à l’explosif en mer et en territoire africain. La différence c’est que là, ils l’ont fait en territoire américain.

 

Les États-Unis devaient donc se défendre…

Le rapport du Congrès publié cet été sur les événements nous éclaire à ce sujet. Les services secrets savaient que les terroristes allaient frapper aux États-Unis, on apprend que certains terroristes impliqués étaient connus et suivis.  La CIA aurait curieusement cafouillée… Les services de renseignements militaires savaient aussi qu’un attentat se préparait, mais ils auraient, eux aussi, étrangement, minimisé la menace. Les États-Unis voulaient eux, depuis longtemps, en découdre avec le régime Taliban.  On sait maintenant que ce monstrueux désastre a été très utile pour forcer l’ONU à légitimer le renversement du régime Taliban par la légitime défense d’un État, forcer les pays de l’OTAN à s’impliquer par la responsabilité d’assister un partenaire agressé et imposer le gouvernement Karsaï.

 

Ils ont fait exprès???

Non!  Pas pour que les tours jumelles tombent.  Ils s’attendaient vraisemblablement à pouvoir contrôler un scénario à l’explosif similaire aux attentats du passé.  Ils n’avaient pas porté attention au scénario de détournement d’avions de ligne. Ils ont été éberlués, pris par surprise par la créativité morbide des terroristes et par le fait de n’avoir eu aucune indication sur l’ampleur du désastre qui se préparait.  Le rapport dit vrai, les bonnes informations n’ont pas été considérées et la menace a été minimisée.  Ce qu’on ne dit pas, c’est qu’un attentat, d’une ampleur raisonnable, faisait l’affaire de certains.  On parlerait ainsi d’un catastrophique aveuglement, quelque peu volontaire.

 

Les Alliés participent tout de même à la mission

Disons, diplomatiquement, que les pays européens se sentent plutôt coincés. Le colonialisme n’a pas bonne presse en Europe. Envoyer des soldats se battre outre-mer, sous les ordres d’un général américain est très mal vu. Comme on peut le constater, on ne se bouscule pas pour aller combattre dans le Sud. Il semble que tout cela ne soit une qu’entreprise bien anglo-saxonne, comme le sont les puissances qui contrôlent la distribution pétrolière et gazière mondiales.

 

On ne peut tout de même pas abandonner la population Afghane

La seule voie responsable est d’exiger, comme c’est la tradition canadienne, que les militaires soient envoyés dans un cadre international comme Casques bleus. Mais ni la Chine, ni la Russie qui siègent au Conseil de sécurité, ne vont accepter. Lors d’un retrait immédiat, la population afghane ne sera pas abandonnée à son sort.  L’Iran, la Russie, la Chine, l’Inde et surtout le Pakistan veulent tous jouer un rôle de premier plan dans le futur de ce pays d’une importance capitale pour la région.  Ils devront faire des compromis. Leur avenir économique en dépend.

 

Former l’Armée Nationale Afghane n’est-elle pas, en définitive, la vraie solution?

Former et armer à coups de milliards une armée composée d’ethnies minoritaires, face à l’ethnie pachtoune majoritaire dans la région peut difficilement être une solution. Nous jouons aux «apprentis sorciers».  Comment croire que les pachtounes joindront en masse cette armée, prétendument multiethnique, qui lutte contre ses propres séminaristes religieux, les talibans? Cela ressemble à une sinistre blague. Une sélection des combattants sur la langue parlée ne prouve rien de l’ethnie, le pachtou était obligatoire lors du régime taliban.  C’est une recette pour les massacres.

 

Qu’y a-t-il de mauvais à vouloir positionner nos intérêts économiques dans cette région?

Il n’y a plus rien de démocratique et d’humanitaire dans l’exercice.  Tout l’exercice devient un cynique, et sinistre jeu de pouvoir. Dans un contexte de réchauffement de la planète, nous aidons les Grandes pétrolières qui nous exploitent à ne pas perdre leur monopole sur les énergies fossiles.  Nos soldats meurent en participant à une guerre et une occupation militaire pour des intérêts privés.  Cette politique étrangère nous est imposée en utilisant une alliance militaire qui se veut exclusivement défensive, l’OTAN.  L’assistance à la population ne devient qu’un accessoire pour masquer les vrais objectifs. Ceci explique la lenteur des développements, la croissance de la corruption et de l’économie des drogues. Si c’est cela le nouveau rôle du Canada dans le monde, nous perdons toute crédibilité internationale.  Affirmons cette nouvelle réalité, et cessons de raconter n’importe quoi aux jeunes militaires qui s’enrôlent.

 

Quelles sont les véritables conséquences de tout ça?

Les puissances de l’Asie Centrale : la Russie, l’Inde, la Chine, le Pakistan et l’Iran, ainsi que plusieurs petits pays de la région, travaillent présentement à créer une nouvelle alliance militaire contre notre occupation. Son nom : l’Organisation de Coopération de Shangaï.  Nous contribuons activement à créer une nouvelle guerre froide et à relancer une nouvelle course aux armements avec l’Asie.

 

Qui profite de tout cela?

Les grandes pétrolières, les marchands d’armes et les partis de droite qui agissent comme services de marketing pour ces grandes manœuvres.

 

Qui sont les victimes?

En premier lieu la population afghane qui subit une autre guerre. Puis, il y a nos militaires et leurs familles, qui devraient à mon avis poursuivre le gouvernement pour fausse représentation ayant causé la mort.  Et, finalement, il y a la destruction de l’idéal canadien.  De pays démocratique, dévoué au service de la communauté internationale et leader des actions de maintien de la paix; nous devenons un servile défenseur de la domination pétrolière mondiale de sociétés privées qui contribuent à l’enrichissement économique de pays occidentaux, particulièrement les États-Unis et l’Angleterre.