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LA BRUTALITÉ POLICIÈRE.

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Parmis les symptômes importants d’un racisme systémique?

Il est possible de visionner en boucle d’innombrables séquences vidéo illustrant des situations réelles de brutalité policière sur internet.  Par une médiatisation populaire, la question fait dorénavant parti du quotidien des gens.  L’enjeu est récurrent, et refait surface régulièrement sous différentes formes suite à des événements médiatisés.  La mort scandaleuse de Georges Floyd a entraîné une nouvelle vague de protestation antiraciste aux États-Unis, le meurtre sordide étant le fait d’une arrestation policière, il n’en fallait pas plus pour relancer le débat.

Le mouvement Black Lives Matter, « La vie des noir.es compte. »  réémerge et souligne la teneur trop souvent raciste de cette brutalité.   Le slogan en cinq mots géants a été peints sur la rue Sainte-Catherine, à Montréal, en guise de cri de ralliement. Un collectif d’artistes a mis la main à la pâte pour réaliser une fresque en soutien au mouvement « Black Lives Matter », mais aussi – et surtout – pour tendre la main aux gens.  L’enjeu du racisme systémique est revenu dans les débats.

Cette brutalité récurrente fait émerger de nombreuses questions :  La Police a-t-elle trop de pouvoir?  Devrions-nous en réduire le financement, l’abolir?  Sommes-nous mures pour une réforme en profondeur?  Sommes-nous face à une institution gangrenée par le racisme?   Il est toujours important de reconsidérer une institution, son pouvoir et sa raison d’être.  Quoi de mieux qu’un contexte généralisé de questionnement?

DÉFINANCER LA POLICE.

Suite aux mobilisations antiracistes de l’été, la question de la réduction du financement des forces policières a émergée, une revendication politique qui prend de l’ampleur.  Des groupes militants ont le sentiment que les forces policières armées en situation d’intervention ont une forte propension à abuser de cette force.   Les groupes militants anti-racisme affirment que ces abus de pouvoir se révèle de façon particulièrement aigue chez les gens plus démunis, une classe de la population qui se composent trop souvent d’un grand nombre de personnes racisées.

La police, comme institution est questionnée sur la base de comportements racistes.  Mais en fait, ne serait-elle que le reflet d’une société qui serait teinté de préjugés érigés en systèmes?   Il y a aussi peu que 50 ans, la diversité culturelle au Québec était une rareté.  Les différences physiologiques étaient pratiquement inexistantes dans la société québécoise au moment de mettre en place les grandes organisations étatiques, sociales, syndicales et politique.  Ces institutions se sont érigées et quiconque à l’aube de 1960 avait un intérêt, une formation et quelques contacts pouvait s’y positionner.  Puis ce fut la longue période des successives austérités fermant les accès et cloisonnant ces grandes institutions. L’austérité coupait les embauches, menaçait de licenciements, les corps d’emplois protégeaient leurs acquis en scellant les professions.

Avec l’émergence de notre système d’éducation assez universel, et malgré la mise en place de systèmes de dotation de personnel sur des assises de compétences l’accès à l’emploi devient de plus en plus normé et sélectif. On voit les carrièeres en silos étanches et il n’est pas surprenant de voir les situations discriminatoires persister.  On a beau mettre en place des formes de discrimination positives dans les processus, nous savons tous que ce qui importe toujours pour avoir un poste, ce sont les contacts. 

L’emploi et l’éducation selon les compétences lorsqu’on y a accès, oui!  Mais ce n’est pas toujours le cas pour plusieurs minorités. Mais ne faut-il pas aussi être au bon moment? Au bon endroit? avec les bonnes références? Avec le bon dossier? Et celui-ci complet? Avec les bonnes expériences? Sur le bureau de la bonne personne bien entendu?  Nous pourrions dire un peu la même chose en ce qui a trait au logement.  Bref ce qui est systémique, c’est le biais en faveur des pratiques culturellement établies, celles de favoriser nos proches, nos amis et nos connaissances. N’est-ce pas la reproduction de ce que les québécois reprochait à l’élite anglophone avant le révolution tranquille. La victime a reproduit e comportement du dominant?

Les autorités diront ce qu’elles voudront, la discrimination systémique reste donc une réalité dans les secteurs publiques ou sont avantagés ceux qui « connaissent quelqu’un »; et elle est pratiquement hors contrôle dans le secteur privé ou souvent sans les compétences il est possible de se tailler une place.   Les dirigent au privé ont de beaucoup plus grands pouvoirs discrétionnaires quant à la sélection du personnel, et le népotisme est jugé comme un fait normal.  C’est son entreprise, libre à lui d’embaucher ses proches et amis dit-on.  Dans le secteur public, avec la culture du partenariat public-privé, le privé peut de plus en plus facilement imposer sa culture et des habitude,s qualifiées de plus efficaces.  Bref, il n’est pas surprenant d’entendre parler de racisme systémique et d’accès inégal au revenu pour les gens dont l’ancrage culturel, et social premier n’est pas au Québec. Comme partout ailleurs, nos systèmes discriminent.

Par ricochet, la répression policière touchant de façon disproportionnée les personnes moins nanties, touche donc de façon disproportionnée les personnes ayant moins accès aux bons emplois, ayant moins de contacts, donc plus souvent qu’autrement, les communautés culturelles.  Les conditions sont réunies pour définir le racisme systémique. Nous sommes face à un racisme systémique lorsqu’un grand nombre de mécanisme nuisent à l’accès et à la mobilité des personnes dans l’échelle économique et sociale. Prétendre le contraire, c’est jouer à l’autruche!  La police et ses comportement répressifs devient donc le symptôme le plus évident d’un mal économique beaucoup plus profond, le racisme systémique ou l’on favorise ce que l’n connait.

LE PROBLÈME, EST-CE LA POLICE? OU NOTRE APPROCHE À LA CRIMINALITÉ?

Les forces policières sont des unités spécialisées qui doivent agir lorsqu’une personne menace ou agresse d’autres personnes.  Mais avec les années, la police a été mandaté pour appliquer toutes les lois, émettre des constats d’infractions aux lois, enquêter sur une vaste étendue de crimes, agir en lien avec la sécurité routière, gérer les interventions de première ligne, démasquer les fraudeurs, faire de l’éducation préventive en milieu communautaire et scolaire.  Bref, chaque fois qu’on doit agir vite et neutraliser un comportement délictuel, la police armée est interpellée.  La violence a été érigée en véritable système dans nos modes d’intervention.

On souligne que la police est très souvent interpellée dans des situations impliquant des populations « racisées ».  La condition économique ne permettant pas d’avoir un revenu adéquat, un véhicule de l’année, un stationnement, une cour pour laisser jouer les enfants sont autant de conditions qui matérialisent ce fait.  Sans espaces privés, la vie se déroule en espaces publiques réglementés; les probabilités d’interpellation accroissent donc proportionnellement.  Sans revenu adéquat pour vivre, la pression est forte pour développer des comportements de survie.  Pour un certain nombre, la survie implique prendre les moyens qu’il faut pour obtenir l’essentiel.  Dans cet état d’esprit, on côtoie souvent le monde illicite et le crime, est-ce surprenant? Le racisme systémique serait un symptôme de l’injustice inhérente à une économie de marché, et a certainement des assises économiques?

Le risque de violence est amplifié par le fait que de nombreux crimes n’impliquant aucun risque de violence sont abordés avec des forces policières armées.  La police n’est peut-être pas le problème.  Le problème serait l’ampleur de ce qui est demandé à ce service public, formé et équipé pour faire face aux violences.  En fait on demande à cette unité spécialisée dans l’arrêt d’agir par la force, d’accomplir un large éventail de fonctions qui ne nécessitent pas de recours à la force dans de nombreuses municipalités.  Nous avons un outil de dernier recours, l’organisation qui doit agir lorsque tous les autres recours ont échoué. L’organisation qui est le bras armé de l’état semble devenu, avec le temps, la toute première ligne d’intervention.  C’est un peu comme si dans les hôpitaux le département de chirurgie devenait l’urgence.  Au tri, on se demanderait; à prime abord, qu’est-ce qu’il faut couper? L’interventionnisme violent devient raciste.

On doit sérieusement se demander quels sont les services d’intervention critique ou le recours à des agents armés est inévitable?  Et quels sont ces autres interventions: remises de contraventions, enquêtes, litiges divers, circulation, intervention communautaire et sociale, prévention des violence scolaire etc…  Qui pourraient être assumés par d’autres services publics.  Nous parlons donc ici d’une redéfinition complète de la fonction policière hors des voies de l’intervention sociale qui devrait être mieux financée.

FAIRE FACE AUX VIOLENCE

Comment en sommes-nous arrivé à une telle situation?  Nous sommes dans la logique d’une société obnubilée par l’idée que tout litige a un potentiel de violence. Et on semble croire que pour faire face à une violence, il faut une contre violence.  Dans la pensée d’une majorité, en situation de crime, une violence supérieure doit être exprimée pour dissuader ou appliquer un arrêt d’agir, par un policier.

On semble oublier les racines de la violence.  La violence est la majorité du temps un dernier recours.  La personne le plus souvent en détresse sociale, économique ou psychologique ne voit plus de voie de sortie; de solution à son problème.  Dans plusieurs cas, pour en finir avec cette détresse, elle utilise la violence contre la personne, des connaissances ou elle-même. Le but est de faire cesser l’état de détresse.  Bien entendu, il y a les violences de groupes criminalisés organisés qui capitalisent sur la détresse des gens afin de leur donner l’espoir de s’en sortir par le crime. Mais ce sont des cas particuliers

Que le geste violent soit d’origine psychologique, social ou économique importe peu.  Dans la majorité des cas la contre violence ne résout en rien la situation. L’intervention armée est une précaution au cas où cette violence de l’individu se retournerait contre les policiers.  Dans l’environnement social américain, ou les situations de détresse socio-économique sont multiples et flagrantes.  Dans une culture ou le port d’arme est un droit fondamental et ou la prolifération est rampante.  On est pratiquement dans l’obligation de considérer toute intervention urgente par des policiers comme dangereuse.  Le recours à une force excessive devient un mode de prévention contre un ricochet de la violence envers les policiers. Les policiers qui interviennent sont en fait terrorisés. Mais ca ne devrait pas être le cas au Québec.

APPROCHE DES CONTRAINTES MULTIPLES; VERS DES VOIES D’INTERVENTION NON-VIOLENTES.

Notre violence policière érigée en système, appliqué à un environnement économique qui discrimine les gens « sans contact » mène à un évident racisme systémique. Les situation de violence raciste qui émergent n’en sont que les douloureux indicateurs.

Nous devons régler le cas des violences. Dans la majorité des cas, la violence ne règle pas la violence; le policier arrive souvent trop tard.  La contrainte n’a pas à être appliquée.  Les cas ou l’utilisation d’une forme de violence ou de contrainte sont nécessaires sont l’exception.  Mais on doit faire face à ces exceptions, et la meilleure façon est d’aborder la question sous l’angle de la prévention.  La clé d’une approche préventive réside dans la mise en place de contraintes visant à réduire l’émergence des multiples actes de désespoir que peuvent subir les personnes.  On doit travailler à éliminer les conditions qui génèrent la crise violente.

Lorsqu’on analyse les assises des violences, on peut facilement comprendre que les voies de la prévention sont multiples. Mais encore plus important, la diversité des moyens à mettre en place peuvent faciliter une plus grande intégration des personnes discriminées.

  • Intégration économique:

Après une longue période de pénurie d’emplois qui s’est résorbée autour des années 2000, nous entrons dans une ère économique de pénurie de main d’oeuvre. Ce nouvau contexte économique devrait réduire la difficulté d’accès aux emplois et faire en sorte que de nombreuses barrière à l’accès au travail soient atténuées. Il devrait donc y avoir une atténuation de ce facteur discriminatoire.

  • Filet social :

Le maintien d’un filet social robuste est une des toutes premières mesures nécessaires à la réduction des violences.  Dans une économie de marché, le fait de ne plus pouvoir soutenir économiquement ses proches est une importante voie vers une multiplication des conflits, et des actes désespérés.

  • Justice économique et intégration sociale :

La garanti d’un revenu minimum aussi universel que nécessaire, est une autre voie pouvant permettre le soutien à des personnes vivant des crises de désespoir.  Une telle mesure permettant à tous de répondre aux besoins les plus élémentaires de soi et de sesproches pourrait fortement réduire le nombre des crimes économiques, l’intégration des réfugiés et de certaines communautés culturelles. Cette voie peut auss réduire l’emprise de groupes criminalisés.

  • Réduire l’accès aux armes léthales :

Dans le contexte américain, on voit facilement les conséquences désastreuses de l’absence de contrôles dans la circulation des armes.  Dans un contexte ou on laisse émerger une culture populaire ou l’on perçoit l’arme comme le plus efficace des modes de défense de sa personnes et de ses biens. Une culture ou les forces de l’ordre sont un vecteur important de répression, une source de danger. Et des perceptions ou l’accès aux armes est un droit essentiel, nécessaire à sa sécurité, doit-on se surprendre lorsque le nombre d’armes en circulation, non enregistrées devient astronomique. Devrait-on se surprendre de trouver plus personnes de groupes minoritaires s’intéresser aux armes? Dans un tel environnement toute intervention policière devient hautement risquée.  Le niveau de tension d’une intervention est toujours élevé, et les probabilités de dérapages sont importants. La peur est souvent le premier déclancheur des gestes de violence.

  • Mécanismes de détection avancée des crises.

Au Québec, les structures communautaires de soutien aux personnes en crises fonctionnent avec des ressources particulièrement limitées.   Malgré l’existence de médias de communication électronique très diversifiée; la détection avancée des crises n’est toujours pas entrée dans les priorités et ne reçoit pas les ressources requises.  Pour les communautés culturelles, les barrières culturelles et la langue peuvent être des assises d’isolement menant aux crises désespérées. Des ressources sociales et communautaires doivent être structurées pour un suivi systématique des environnements socio-écoomiques les plus propices à la violence et au racisme.

  • Approche d’intervention communautaire rapide:

Un appel d’urgence est logé.  Ce sont des agents patrouilleurs armés qui se rendront sur les lieux.  Dans plusieurs cas, les personnes vulnérables auraient pu bénéficier d’un accompagnement communautaire préventif pour éviter l’acte criminel.  Anticipant une violence, les personnes vulnérable pourraient avoir l’option de demander un accompagnement préventif de type communautaire. Cette présence dissuasive d’une tierce partie pourrait jouer un rôle préventif important. Dans bien d’autres cas, des équipes de travail social, ou des intervenants ethno-culturels pourraient agir en première ligne, mais ces ressources n’existent pratiquement pas hors des grands centres urbains. Les conflits sont chose courante, et on doit apprendre à les résoudre tôt, avant la crise.

  • Soutien psychologique universel et gratuit :

Une grande majorité des actes de violences se caractérisent par des préconditions psychologiques décelables, et qui peuvent être traitées.  La difficulté à obtenir des services de soutien psychologique et un suivi adéquat est un sérieux problème en prévention. La rareté des ressources psycho-soiales combinée a une tarification de ces services non soutenus par l’État est un autre facteur important de dérapage des crises vers les violences. Et que dire du filtrage du passé psychologique et criminel pour l’accès aux armes?

  • Services communautaires de conciliation et de réparation :

Dans plusieurs situations de violences, il y a une multiplication des situations de conflits, qui mènent à une crise psychologique et au déclenchement d’actes violents.  La popularisation de services de résolution des conflits sociaux, interculturels et communautaires peut aider dès la période scolaire à transformer la perception du conflit.  D’une situation inconfortable, stressante et générant de l’anxiété; les gens peuvent apprendre à considérer le conflit comme normal, une opportunité de progresser et changer pour le mieux.  Le conflit source de violence est une anomalie. L’apprentissage des habiletés sociales est un jalon important de laprévention.

  • Renforcement des enquêtes préventives, et l’intervention préventive :

Les études socio-économiques permettent relativement facilement d’identifier les milieux ou les violences sont sujettes à émerger, ou les crises peuvent dégénérer en affrontements.  Il est possible de documenter conditions, et de mettre en place des services sociaux pointus répondant à des besoins localisés et spécifiques d’enfants, de jeunes, de familles, de grossesse, de médiation interculturelle ou autres.

  • Services de soutien aux victimes et agresseurs robustes :

Il est inconcevable, qu’encore aujourd’hui, le soutien aux victimes de violences soit minimal.  On sait bien que les victimes vont très souvent faire face à de nombreuses situations de crises, et parfois à de multiples agressions violentes avant de changer leur condition.  Les agresseurs agissent très souvent à répétition, chaque conflit devient une menace nécessitant une réaction souvent physique.  Dans de nombreux cas ces comportements peuvent, et doivent petre désamorcés si on veut éviter la multiplication des victimes.

  • Approches de justice réparatrices pour réduire l’incarcération et la récidive :

L’incarcération n’est pas une solution aux violences sociales, en fait c’est plutôt, dans bien des cas, l’école du crime.  Nous devons migrer pour une majorité des cas de crimes, hors d’une justice pénale, vers une justice de prise de responsabilité de actes et de réparation. 

Virage vers la prévention

Ce survol des moyens de prévention des violences est un indicateur de l’incroyable niveau de distorsion qui teinte notre approche aux violence sociales.  Cette vision qu’une situation d’urgence implique l’intervention d’un policier armé est tordue.  En situation d’intervention face à des minorité, cette réalité deviendra un révélateur.

Lorsqu’il y a crise en apparence violente, les probabilités de recours à la force, aux abus et à l’arme de service sont grandes.  La brutalité policière tant dénoncée découle d’une telle distorsion.  Elle touchera beaucoup plus les couches de population moins favorisées, dont les communautés économiquement marginalisées. En ce sens, la brutalité policière envers des minorités illuste le niveau de violence systémique d’une société, elle devient un révélateur du racisme systémique. De cette discrimination basée sur les affinités entre les personnes.

La police n’est de toutes évidence pas une solution.  Les montants accaparés par ce service public armé pourraient de toutes évidences être réalloués vers d’autres services beaucoup plus variés et adaptés aux diverses formes de violence, dont celles prenant une teneure raciste. Nombreux sont les services beaucoup plus efficaces que les « forces de l’ordre » en ce qui a trait à la réduction des violences.  La prédominance des forces policières dans l’éventail des moyens d’intervention face aux conflits est le symptôme d’une négligence des conditions les plus élémentaires de vie de la population.  Nous sommes face à un cas probant de violence systémique.