Écrit par Alain Stanké, auteur et éditeur
Impossible d’oublier ma première rencontre avec un militaire. J’avais alors 5 ans. Sur son ordre, je devais lui tourner le dos et regarder le ravin. Lui, en uniforme, se tenait derrière un fusil pointé vers moi. Je n’avais jamais vu de militaire auparavant et ne savais pas à quoi servaient les fusils. Il est sans doute normal qu’après pareille expérience (de laquelle je suis sorti par miracle) je sois farouchement opposé aux militaires, aux armes et aux guerres.
Je ne supporte pas non plus les uniformes, les médailles, le son du clairon, les défilés, les monuments commémorant les batailles du passé. Je crois comme Alfred de Vigny que l’existence du soldat est (après la peine de mort) la trace la plus douloureuse de barbarie qui subsiste parmi les hommes.
Je suis contre les militaires, qu’ils s’enrôlent par goût (« si la vie vous intéresse! »), par vocation ou par inaptitude à la vie civile. Je n’y peux rien. Tout de moi s’insurge.
La guerre est une ruineuse folie des hommes. C’est une absurdité qui dure depuis trop longtemps. Je souhaite qu’un jour la raison autant que la passion de la vie, arrive enfin à imposer la démilitarisation et le désarmement, les seuls gages de la paix stable dans le monde.
Est-ce raisonnable qu’en temps de récession, notre pays déjà trop endetté continue à dilapider des milliards de dollars pour la Défense nationale? La défense contre quel ennemi au juste? On continue de s’armer pendant que l’armée des chômeurs et des sans-abri continue d’augmenter. On veut se doter de sous-marins atomiques pendant que des maladies continuent à faire des ravages parce que les fonds pour la recherche scientifique sont insuffisants.
J’avoue être vigoureusement opposé aux téléthons de tous genres où des vedettes du showbiz font appel à la charité du public. Je suis convaincu que dans une société consciente et administrée en fonction de ses réelles priorités, nos taxes et nos impôts devraient permettre d’agir pour le bien-vivre de chacun. Pour la recherche sur le cancer, le sida ou la dystrophie musculaire, que l’on puise dans ces fonds. Ils devraient être là exactement pour ça !
Lorsqu’on aura besoin d’argent pour acheter de nouveaux avions militaires ou des sous-marins atomiques, que l’on fasse des téléthons !
Je ne prône pas l’anarchie ni la désobéissance civile. Point ne devrait être besoin de ces manœuvres. Je ne refuse ni les taxes ni les impôts. Ce qui me chagrine et me révolte, c’est de n’avoir pas un mot à dire sur la façon dont on dépense ma contribution. Si nous nous levions nombreux pour dire : « C’est assez ! La comédie a assez durée ! », le monde, commencerait à devenir convenable. Nous ne pouvons certes pas rêver de changer le monde, pas plus que nous ne pouvons espérer changer le Canada, du jour au lendemain. Mais nous pourrions par contre vouloir de toutes nos forces innover en commençant chez nous, au Québec. Nous ne sommes déjà pas comme les autres. Nous formons une société distincte. Continuons donc à nous distinguer. Le jour où le Québec aura réussi à se départir des armes, nous pourrons réellement nous sentir différents et fiers d’être Québécois.
Donnons l’exemple et nous serons vite imités.
Oui, décidément, j’aime, je préfère, je veux un Québec sans armes !
Texte publié dans le livre « Pour un pays sans armée »
http://ecosociete.org/livres/pour-un-pays-sans-armee
Le site de Alain Stanké
http://alainstanke.com/index.html
Ne tirez pas!
www.avanticinevideo.com/fr/television/6/350/Ne_tirez_pas.html
Des barbelés dans ma mémoire 1 : Du peloton d’éxécution..
http://www.prologue.ca/75568-livre-/Des_barbeles_dans_ma_memoire_1___Du_peloton_d_execution___.html
Des barbelés dans ma mémoire 2 : La vie après la guerre