Aller au contenu
Accueil » Interculturalisme

Interculturalisme

Par 

Construire sur les bases de la culture d’accueil.

 

L’efficacité d’un élan politique de laïcisation culturelle dépend du niveau des connaissances qu’ont les citoyenNEs de leur propre culture, de la confiance que celle-ci leur inspire quant à sa richesse, ses apports et sa solidité.

Dans un contexte politique marqué par l’interdiction des signes religieux comme moyen d’affirmer la laïcité, nous devons avoir à l’esprit l’importance de l’instruction par rapport à notre propre culture. Il faut instruire sur la culture québécoise dont il convient d’affirmer la richesse, la diversité en même temps que l’universalité. Il faut pouvoir réaffirmer la robustesse et les ancrages divers de cette culture, qui incluent la solidarité, l’ouverture à l’échange, l’antimilitarisme, l’égalité homme-femme, et s’assurer d’en faire un levier important pour la mise en valeur de la laïcité. Sans un tel élan constructif, le discours pour affirmer les valeurs laïques sonne creux et fait craindre une manipulation politique du fait culturel.

72e10b9e3a319818494345f1ba467a02 hqdefault interculture somment-francophonie-mains

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’interaction : une règle de vie des cultures
La culture québécoise est de celles qui se sont tissées au fil des rencontres. Il est dommage que l’immensité de sa richesse ne soit pas souvent dite. L’opinion s’alimente de plus en plus de perceptions réductrices; elle se forge avec une impression de fragilité, un sentiment pour les citoyenNEs d’appartenir à une culture en « état de siège », situation dont une des conséquences est le rejet des différences qui s’affirment dans notre terreau culturel.

La différence est pourtant une opportunité d’apprentissage, d’enrichissement et de progrès. Une culture continuellement défiée se renforce; une culture surprotégée, repliée sur elle-même ou réduite à des expressions anecdotiques et folkloriques est vouée à l’insignifiance. Se frotter aux différences force l’ajustement, le changement, l’évolution. Ce qui est le fait aujourd’hui de l’ouverture sur le monde, l’ouverture à l’altérité, commandée par de continuels changements, souvent brutaux.

Certes, la différence fait peur. Cela est dû à tous les mystères dont peut s’entourer l’inconnu, lequel en s’affirmant trop est souvent perçu comme mettant au défi la culture locale. La peur est portée à son comble quand les citoyenNEs de souche perçoivent leur propre culture comme fragile, vulnérable ou en déclin. Un signe religieux, une exigence particulière, un vêtement, un nouveau lieu de culte accentuent dans ce temps-là les perceptions du danger.

 

DSC_3253 file-20190401-177181-1i34smi hqdefault images

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Notre culture : plus que des églises et une langue
Les racines multiples de la culture québécoise ne sont-elles pas la première preuve du caractère dynamique des cultures.

-Nous avons beaucoup hérité de la culture des premiers colons français, nos ancêtres, dont nous avons maintenu l’esprit explorateur, qui se perpétue par les traditions de chasse et de pêche, la fascination particulière pour les sports extrêmes, le dur labeur du défrichage et des travaux de ferme dans le monde rural.

-N’en déplaise à certainEs, sans les interactions continues avec les peuples autochtones, incluant le métissage, et l’appropriation de certains de leurs modes de vie, les colons français n’auraient pas survécu en terre d’Amérique.

-Au tournant du siècle précédent, les Canadiens français n’étaient que de simples travailleurs. Ils ont vécu à fond cette condition et connu ses impératifs. Leur grande réceptivité à l’égard des revendications ouvrières est à l’image d’une culture de solidarité ouvrière qu’ils ont développée par la force des choses. Pour une population de travailleurs laissés à eux-mêmes sur une nouvelle terre au climat plutôt hostile, l’entraide et une certaine empathie communautaire sont devenues de véritables impératifs de survie.

-Comme peuple occupé par une puissance militaire, les Québécois n’ont jamais eu l’avantage des armes. La puissante emprise du pouvoir britannique et du clergé ont forcé l’émergence d’une véritable culture de la résistance (résistance pacifique à la conscription et aux aventures militaires) qui n’est pas sans lien avec les marques laissées par les valeurs judéo-chrétiennes dont le « tu ne tueras point ». L’esprit de résistance a placé les pions pour la révolution tranquille. Lors de cette profonde transformation sociétale, le pouvoir de l’Église lui a été retiré, et les nouveaux services étatisés ont été offerts, mais en préservant l’approche de gratuité associée à une culture valorisant les œuvres caritatives. En quelques années seulement, le Québec est passé du statut de société à faible taux d’éducation à celui de société parmi les plus imposantes en Amérique du Nord par le nombre de ses gradués universitaires.

-La société québécoise a survécu à une oppression, a développé des réflexes de résistance; elle s’associe souvent par réflexe à la condition des peuples opprimés, une réalité qui stimule l’ouverture à l’international et à une forme d’interculturalisme.

De plus en plus de Québécois ont malheureusement une faible connaissance de leur culture. Nous gagnerions à mieux redéfinir nos bases, développer une connaissance de toutes nos valeurs. Ce qui permettra d’affirmer avec assurance ce que nous sommes, nous préparer à une interaction sereine avec les cultures en présence.