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Vos enfants et les armes à feu

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(Photo: Ralph Freso)
(Photo: Ralph Freso)

Les décès dus aux armes à feu (meurtres, suicides et morts accidentelles) se classent au troisième rang des principales causes de décès chez les jeunes âgés de 15 à 24 ans au Canada, après les accidents de voiture et les suicides par d’autres moyens.Les armes à feu tuent plus d’enfants que le cancer ou les noyades, les chutes et les incendies réunis.

Les adolescents risquent davantage de mourir des suites de blessures causées par une arme à feu lors d’une tentative de suicide.  Avec une arme à feu le geste est efficace et irréversible.

Les plus jeunes enfants, pour leur part, risquent davantage d’être blessés par accident, suite à des négligences.

Les armes à feu nous protègent-elles vraiment?

Nombreuses sont les études qui ont démontré que le nombre de décès causés par les armes à feu est lié au nombre de détenteurs d’armes à feu; et à la disponibilité de ces armes dans les pays à revenu élevé comme le Canada .

Chaque fois que l’on utilise une arme à feu pour se défendre, on compte 1,3 décès accidentels, 4,3 meurtres et 37 suicides.  L’arme à feu n’est pas un gage de sécurité, au contraire.  La présence d’une arme à feu dans un foyer multiplie par 5 les risques de suicide dans ce même foyer et par 9 si l’arme est chargée.

La présence d’une arme à feu est un danger!

Pourquoi les enfants et les adolescents sont-ils susceptibles d’être des victimes?

Les enfants – c’est bien normal – sont des êtres curieux, surtout lorsqu’il s’agit de choses qui sont interdites.

(Photo: inconnu)
(Photo: inconnu)

Il est certes important d’avertir les enfants des dangers que présentent les armes à feu, mais cela risque de ne pas suffire pour les en protéger.  Nombreux sont les adultes, les commerçants et les décideurs qui développent une fascination maladive pour les armes; imaginez l’attrait pour les jeunes.  Dans un contexte médiatique ou l’arme est fortement associée à la force et à la puissance, l’attrait pour l’enfant est inévitable.

Les adolescents traversent une phase, dans leur vie, qui les expose davantage à un risque de blessure et de mort causée par une arme à feu. Parmi les facteurs de causalité, citons notamment l’envie d’agir comme des adultes, les pressions des camarades, l’impression d’être invincible, le désir d’indépendance, le manque de contrôle de soi et les expérimentations avec les drogues et l’alcool.  L’adolescent est en transformation, souvent insécurisé et vit des hauts et des bas émotifs qui sont normaux.  La présence d’un objet meurtrier dans son environnement immédiat constitue un risque important, à des moments bien précis de son développement.

(Photo: Shutterstock)
(Photo: Shutterstock)

Certaines études ont révélé que lorsqu’il dispose d’une arme à feu dans son foyer, un adolescent risque davantage de réussir sa tentative de suicide, chez lui. Chez les adolescents, les suicides sont souvent des actes impulsifs et l’absence d’une arme meurtrière peut jouer un rôle prépondérant pour permettre une intervention, faire changer d’avis, ou transformer un geste suicidaire en tentative.  L’arme élimine grandement la possibilité d’un arrêt d’agir.

N’oublions jamais que la tentative de suicide est souvent un maladroit, appel à l’aide désespéré.  Si elle se transforme en suicide effectif à cause d’un outil efficace et disponible; la situation est irréversible.

Prévention

Que doivent savoir les parents?

La chose la plus sûre pour votre famille, c’est de ne pas posséder, ou ne jamais garder d’arme à feu à la maison.

(Photo: inconnu)
(Photo: inconnu)

Si, pour une raison ou une autre, vous souhaitez véritablement garder une arme à feu à la maison, déchargez-la, engagez le verrou de détente et gardez-la dans un coffret ou un boîtier qui ferme à clef ou dans un placard verrouillé. Gardez les munitions dans un endroit séparé.

Ne laissez JAMAIS une arme chargée ou déverrouillée à un endroit accessible. Vous pouvez acheter un verrou de détente et un boîtier qui ferme à clef dans la plupart des armureries ou des magasins d’articles de sport.  Ils ne coûtent pas cher, et méritent vraiment que l’on s’en munisse!

Dites à vos enfants que les armes à feu sont très dangereuses, et qu’ils ne devraient jamais jouer avec.  S’ils trouvent une arme à feu, ils devraient immédiatement en aviser un adulte.

Parlez à vos enfants des armes à feu et de la violence. Expliquez-leur que tout le monde ressent des émotions comme la colère et la peur, mais que l’on peut donner libre-cours à ces émotions.

Il y a d’autres voies pour faire sortir des pressions émotives que de faire du mal aux autres, ou de laisser le désire d’utiliser une arme nous envahir.

Apprenez à votre enfant à gérer sa colère, à la canaliser par les arts, le sport ou d’autres activités.

Parents

Montrez à vos enfants comment ils peuvent sainement exprimer leur colère et leur désaccord.

Voici quelques solutions positives à un conflit :

·         Parler de ses sentiments plutôt que de passer aux actes.

·         Faire des choix pour éviter la bagarre.

·         Se faire aider par des adultes de confiance.

·         Développer des liens de solidarité avec ses amis.

·         Apprendre les modes de communication non-offensifs.

·         Connaître les techniques de médiation.

·         Se familiariser avec les modes d’auto défense purement défensifs (Judo, Aïkido)

Matt Damon dans le film Elysium. (Photo: DR)
Matt Damon dans le film Elysium. (Photo: DR)

Parlez à vos enfants des différences entre la violence que l’on voit à la télévision et la violence dans la vraie vie.  Regardez la télévision et des films avec vos enfants, et échangez sur l’écart entre la fiction et la réalité.

Aidez-les à comprendre que ce qu’ils voient dans les scènes de fusillades, ne correspond en rien à la réalité.  Dans la réalité, les armes à feu peuvent tuer et ça ne prend qu’un seul coup de feu.  Il faut commencer jeune; car l’adolescence venue le désir d’autonomie face aux parents est fort et c’est plus difficile.

Les programmes de formation risquent de ne pas protéger votre enfant

(Photo: inconnu)
(Photo: inconnu)

Peu importe la formation théorique qu’ils auront, les armes restent un danger.  Les enfants n’arrivent pas suffisamment à maîtriser leurs désire et émotions pour s’abstenir de jouer avec des objets interdits.  L’arme à feu fait parti de ces fruits défendus.  Les programmes de formation sur les armes à feu ne remplacent pas les précautions et la vigilance parentale pour de nombreux enfants et des  jeunes adultes.

On ne le dira jamais assez, la meilleure chose à faire est de ne pas garder d’arme à feu chez soi. Si vous avez une arme à feu chez vous, rangez-la hors de portée, déchargez-la et mettez-la sous clef.

Si votre métier demande le port d’une arme de service, laissez la au travail, ne l’apportez jamais à la maison.  Vous contrôlez ainsi efficacement les risques pour vos êtres chers.

Les « fausses armes à feu »

Arme à feu Crickett .22 spécialement faite pour les enfants. (Photo: crickett.com)
Arme à feu Crickett .22 spécialement faite pour les enfants. (Photo: crickett.com)

Les « fausses armes à feu » comme les armes à air comprimé, les armes à balles (à blanc), les armes à plomb, les reproductions, les armes à balles de peintures et les pistolets de départ posent également un problème.

Chaque année, plus de 50 enfants de moins de 18 ans doivent être hospitalisés à la suite de blessures graves causées par des armes à air comprimé uniquement.  Ces armes ne sont pas des jouets, ce sont des produits dangereux.  Ce sont essentiellement des outils de mise en marché pour initier les futurs clients aux vraies armes.

C’est principalement à cause des armes à air comprimé que des enfants et des jeunes adultes perdent un oeil à la suite d’un traumatisme.  La prolifération de ces produits dangereux, et des armes à cartouche de peinture (paintball), à cause de la popularité croissante des jeux de guerre devient une réelle problématique de santé publique.

Les armes-jouets

Armes "jouets". (Photo: inconnu)
Armes « jouets ». (Photo: inconnu)

Il existe un lien entre l’utilisation d’armes-jouets et le comportement violent chez les enfants. Ces jouets renforcent la perception que les interactions conflictuelles avec l’autre dégénèrent inévitablement en confrontation physique et en violence.  Rien n’est pourtant plus faux!

Comme adulte responsable de jeunes, vous devriez mettre l’accent sur les apprentissages suivants pour couper le lien que l’on établit communément entre les armes à feu,  le pouvoir et la puissance :

·         Les armes à feu servent à tuer, et lorsqu’on tue, rien n’est réglé.

·         On fait de nombreuses victimes, les proches de la victime.

·         On multiplie les ennemis, ceux qui nous en veulent de ce meurtre.

·         Et on ne peut revenir en arrière.

·         Puis, si on est sain d’esprit, on vit avec les conséquences de ce geste toute sa vie.

·         Le recours aux armes à feu n’est pas un geste de pouvoir, mais presque toujours de perte de contrôle.

·       Ce n’est pas un geste de force ou de puissance, mais un geste de désespoir, d’incapacité à faire face à la réalité, ou à l’autre.

Bref, loin d’être une démonstration de pouvoir, le recours aux armes illustre presque toujours l’incapacité de certaines personnes à harmoniser leur vie avec celle des autres.

Changer les fausses perceptions de vos enfants quand aux armes et à la violence relève souvent du défi.

(Photo: inconnu)
(Photo: inconnu)

·         Limitez la quantité de violence télévisée à laquelle votre enfant est exposé.

·         Expliquez-lui que la violence par les armes à feu à la télévision et dans les films, ce n’est pas la réalité et que dans la vraie vie, les armes à feu blessent et tuent des enfants.

·         Saisissez toutes les occasions pour passer le message que le recours à la violence est nuisible, et n’est pas une démonstration de force.

Il y a un lien entre l’exposition continuelle des jeunes à la violence dans les médias et les jeux, et les comportements réellement violents qui émergent chez de nombreux enfants.

Adultes, votre rôle!

(Photo: gunsintheusa.com)
(Photo: gunsintheusa.com)

Comme adulte responsable, il serait important de penser à ne pas laisser votre enfant devant l’écran (pour regarder la télévision ou jouer à des jeux vidéo) pendant plus d’une heure par jour.   Portez attention à ce que regardent les jeunes pour éviter une exposition régulière à des scènes de violence, surtout la violence par les armes à feu; banalisée.  Une telle exposition renforce des perceptions erronées et dangereuses.

Vous ne possédez pas d’arme à feu…  N’oubliez pas que votre jeune fréquente des amis, et que vous ne connaissez pas le niveau d’encadrement des autres adultes quant aux armes à feu.  Il est important d’échanger sur ces questions avec les adultes que vos jeunes fréquentent régulièrement.

Partagez votre perception quand au danger que constituent ces armes.  L’exposition à une violence médiatisée peut être une occasion d’échange.

L’accès aux armes n’est pas un droit, c’est un privilège.

(Photo: gunsintheusa.com)
(Photo: gunsintheusa.com)

Dans une société responsable, l’accès aux armes doit être restreint. Comme pour toute mesure de lutte contre la violence, il faut implanter de nombreuses étapes de protection, ou couches de restriction et de contrôle.

·         Seul des fabricants responsables, et strictement encadrés devraient avoir le droit de fabriquer ces objets d’exception. La fabrication doit être contrainte au marquage des pièces.

·         Chaque intermédiaire qui prend possession d’une arme devrait avoir l’obligation de tenir un registre identifiant armes et munitions; et de transmettre les données à un registre public.

·         La tenu et le maintien d’un registre public est une nécessité, ce n’est pas une solution, mais c’est une des étapes incontournable d’un suivi et de contrainte rigoureuse.

·         L’émission d’un permis de maniement d’arme; et de port d’arme devrait être associé à beaucoup plus qu’une simple formation au maniement sécuritaire; mais aussi à une évaluation psycho-sociale bien précise.

·         La possession d’une arme par une personne sans permis valide, ou d’une arme non-enregistrée; peu importe le type d’arme doit devenir un délit grave.

(Photo: inconnu)
(Photo: inconnu)

Les détenteurs d’armes ont prétendus être traités comme des criminels, suite à la création d’un registre au Canada.  C’est faux, toute contrainte n’est pas une criminalisation.

Prenons l’exemple de l’automobile.  Conduire une automobile n’est pas un droit; c’est un privilège donné à des personnes qui sont jugées aptes, qui suivent des règles strictes d’immatriculation, de permis de conduire et de conduite routière.  Tout usage inadéquat entraîne une pénalité, une limite d’accès à ce privilège, une saisie; ou de sévères sanctions criminelles.  Une personne qui ne répond pas aux exigences de la conduite, perd ce privilège.   Les personnes âgées ou handicapées le savent; et en vivent les conséquences.

Parce qu’on encadre les conducteurs, ils ne sont pas pour autant tous présumés criminels et irresponsables, c’est une grossière exagération…Pourquoi en serait-il autrement pour les armes à feu?

Les sites Web suivants contiennent de plus amples renseignements sur les armes à feu et les risques qu’elles posent pour les enfants:

Société canadienne de pédiatrie

«Prévention des décès causés par les armes à feu chez les enfants et adolescents canadiens »

www.cps.ca/fr/documents/position/jeunes-et-les-armes-a-feu

Coalition canadienne pour le contrôle des armes

www.guncontrol.ca

Conseil canadien de a sécurité.

https://canadasafetycouncil.org/fr/node/1077 

Mise à jour d’un document initialement publié par les Médecins pour la survie mondiale.