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Vers un nouveau pacte urbain-rural

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Visions citoyennes d’alternatives

Les citoyens sont en action. L’équipe du « Pacte pour la transition » qui vise la mobilisation des citoyens à agir dans leur quotidien face à la crise climatique a récemment lancé « 101 idées pour le climat ». Le « Front commun pour une transition énergétique » un réseau plus formel d’organisme dont le CRNV est membre, a récemment rendu publique une feuille de route pour arrêter les émissions nettes de carbone (Québec ZéN). Pour faire face à l’Urgence climatique, l’équipe de la Déclaration un partenariat initié par le CRNV fait circuler des propositions de chantiers qui nécessitent une mise en œuvre urgente, « Les chantiers de la Déclaration d’urgence climatique ». Des visions alternatives se dessinent.

À bien y voir, ce qui recoupe toutes ces initiatives citoyennes issus de perspectives complémentaires, c’est la nécessité d’une nouvelle vision de l’économie. Il nous faut une vision humanisée de nos modes de vie. Penser à une société où la complémentarité des villes et des campagnes devient à la fois un levier de développement durable et le secret pour la prévention des crises.

Le rural : des atouts à ne pas mésestimer

Nombreux sont nos superbes villages ruraux qui ont grand besoin d’Amour au Québec. Des maisons anciennes en bois, souvent d’apparence bucoliques se détériorent rapidement. Plusieurs ont grand besoin d’être réhabilitées. Depuis la crise sanitaire, de nombreux citoyens se sont trouvé une nouvelle vocation rurale. Heureusement, car dans beaucoup de nos villages les résidents avancent en âge et se déplacent de plus en plus rapidement vers des Centres adaptés. Riches de magnifiques bâtiments patrimoniaux, un grand nombre de municipalités et de paroisses peinaient récemment à boucler les budgets et dépendaient de façon croissante de l’assistance du provincial. L’existence même de plusieurs villages était même menacée.

Vivre la pandémie en campagne a été reconnu par plusieurs comme un indéniable privilège. Pour un grand nombre de ruraux le confinement n’est qu’une variante du quotidien. Le fait d’avoir vécu l’épreuve de la pandémie du Covid19 en « ville morte », a rendu l’habitations de campagne désirable. La nécessité de travailler au bureau étant disparue, nous avons assisté à l’accélération d’un phénomène d’exode urbaine. Phénomène nouveau, les tours à bureau se vident.

Dans plusieurs régions on assiste maintenant à une ruée d’acquisitions de propriétés. Ces propriétés qui étaient encore abordables il y a peu de temps. Un peu partout sur le territoire, le scénario se répète. Est-il nécessaire de mentionner que, de plus, avant la crise; plusieurs de nos communautés plus éloignées étaient en pénurie de main d’œuvre? Le renouveau est rafraîchissant.

La crise sanitaire a eue son effet. En milieu de villégiature ou en campagne il n’y a pas de problèmes majeurs de distanciation. La population étant réduite, aucune ou peu de files d’attente dans les commerces de biens essentiels. Vous êtes entouré de vastes espaces peu occupés, et les tâches extérieures se multiplient au rythme des projets: jardins potagers, arbres fruitiers, entretient des arbres, serres etc…. Au Québec, vivre dans une communauté ou l’environnement naturel, le plein air et les loisirs de la terre sont à portée de main n’était pas qu’un rêve. La valeur du choix d’une telle option de vie est indéniable.

Mais le danger est réel de voir s’accélérer l’étalement urbain, la croissance des banlieues.

Assurer la complémentarité rural-urbain

Toutes les visions citoyennes hors de la crise climatique ont un point commun, le virage vers une économie priorisant la consommation locale et la production de proximité. Le rural y a un rôle critique. La banlieue dortoir dépendante de l’automobile est au coeur du problème. Un lien solide du rural avec le ville ne s’impose-t-il pas? Le monde rural est incontournable pour assurer l’autosuffisance au niveau des besoins alimentaires et sanitaire. La ville permet l’indispensable accès aux masses critiques de citoyens qui doivent s’approvisionner.

Plusieurs incidents ont récemment illustré l’inacceptable vulnérabilité de notre approvisionnement alimentaire mondialisé. L’insécurité a été attisée successivement par une grève des cheminots, puis des blocages ferroviaires par les Nations autochtones annonçant des pénuries de propane essentiel au séchage des grains. Puis ce fut la crise sanitaire.

L’épisode de l’activation de la politique América First du président Trump justifiant le détournement de matériel médical en pleine crise COVID fut un choc. Le dictât du géant du sud a fait craindre un scénario similaire pour la production agricole américaine. La nécessité d’atteindre une certaine autonomie, ou disons une suffisance alimentaire est devenue pour plusieurs une évidence.

Une telle politique est devenue plus que souhaitable. Mais elle passera par une complémentarité entre villes et villages faisant en sorte que les atouts des campagnes servent à la ville et inversement. La banlieue doit être strictement contrôlée, tout comme la nouvelle occupation du territoire.

Pour relancer nos régions devenues indispensables, nous devons penser à des jumelages. On pourrait entrevoir des ententes de jumelage villes-villages, ou même arrondissements-villages. Un jumelage entre l’arrondissement Sainte-Foy-Sillery de Québec et le village de Lotbinière disons. Le jumelage du village de Prévost dans les Laurentides avec le quartier Sainte-Rose à Laval. Nous devons reconnaître cette complémentarité rurale-urbaine comme une façon de contrôler les banlieues et l’étalement urbain.

L’idée est ici d’ancrer les communautés rurales et urbaines dans des échanges actifs au niveau alimentaire, au niveau de la villégiature et de la production de proximité. La production maraîchère intensive n’est pas viable sans les marchés alimentaires. Nos centres urbains vivent des problématiques de désertification alimentaire. Ils font face à des problématiques d’îlots de chaleur, nos milieux ruraux sont des sites exceptionnels pour la production d’arbres et de plants diversifiés. Des initiatives de ce genre qui auraient pour but de faciliter l’équilibrage entre une certaine promiscuité en milieu urbain lors de crise, et le potentiel facilitateur de vie des vastes espaces naturel de nos régions.

La crise sanitaire pourrait inspirer. Pourquoi ne pas envisager l’accès à des refuges thermiques en milieu rural face aux canicules, et l’accès à des chambres à pression négative face aux pandémies en milieu urbain? Nous devrons repenser la ville présentement associées à des milieux culturels dynamiques et des environnements de travail privilégiés. Les villes resteront des lieux d’arrivage, des pôles important de transit des biens et des pôles de services coûteux incontournable; les hôpitaux en sont de bons exemples. Certaines activités urbaines migreront-elles vers une vocation de métissage et d’intégration culturelle? Verrons-nous une vocation de lieu privilégié de rencontre et de retraite? Il est difficile d’envisager la multiplication de grands centres universitaires sur l’étendue du territoire. La ville de demain est en redéfinition.

On doit envisager une adaptation du milieu culturel aux impératifs sanitaires. Comme complément aux méga salles de spectacle urbaines, les nouvelles technologies peuvent possiblement aider. Avec un peu de créativité, on pourrait envisager un virage vers une culture plus accessible sur l’étendue du territoire. La diffusion multimédia de la culture dans nos sites patrimoniaux est techniquement faisable. La transmission des spectacles avec une qualité technique exceptionnelle, via les nouvelles technologies sur l’étendue du territoire est dorénavant une option.

Par exemple, il est possible d’ouvrir l’option d’assister à des événements divers, avec une haute définition et à prix abordable dans les églises de moins en moins fréquentées, une fois restaurées. La crise sanitaire force à revoir les assises de nos activités. L’étalement urbain, la croissance des banlieues étant devenu un fléau lié à la déconnexion des réalités rurales et urbaines. Pouvons-nous profiter de ce contexte de crise pour construire de nouveaux ponts?

Forcés de repenser notre monde

Nos sociétés, et surtout nos économies doivent permettre de retrouver un certain équilibre entre le rural et l’urbain. En ces périodes de tourments qui ne font que commencer, nous devons penser en fonction de la récurrence des crises, et des chocs naturels. Nous sommes présentement face à une mortelle contamination virale issue de la perte d’habitat des animaux sauvage, une zoonose. Mais la prochaine crise pourrait rapidement devenir un brasier de sécheresse incontrôlable, une interminable canicule mortelle ou une large contamination des eaux douces due à l’augmentation de leur température.

Notre équilibre personnel dépend dorénavant d’un rééquilibrage des milieux de vie, une telle vision est devenue nécessité. Passons à l’action!