Les raisons de s’opposer au projet Transcanada sont multiples, mais ce qui frappe, c’est le recul inexplicable des gouvernements sur les aires de préservation le long de la voie maritime du Saint-Laurent. Peu connues, les aires de conservation le long du Saint-Laurent sont multiples, et tout incident lié à l’opération de structures massives du transport de pétrole dans ces écosystèmes; auraient des conséquences majeures tragiques et irréversibles. De plus, tous ces projets liés au transport des énergies fossiles ne comportent que des retombées marginale pour le Québec…
Le projet Transcanada! L’enjeu est de taille au Québec. Un pipeline de pétrole bitumineux qui traverse deux fois la source d’approvisionnement en eau de plus de 3,5 millions de québécois, une fois en amont des usines d’épuration de Montréal (Lachute) et une fois en amont des usines d’épuration de la ville de Québec (Donnacona), avec une embouchure pour charger des Superpétroliers à Cacouna, en plein cœur de la source biologique principale de la vie dans le fleuve Saint-Laurent. Un tracé qui met en lumière l’insouciance démesurée du promoteur.
A cause des immenses bassins versants qui alimentent le Saint-Laurent, la population québécoise est mandataire de 20 % de la richesse d’eau douce de la planète. Si un tel projet et de tels enjeux, qui pourrait affecter les générations à venir ne valent pas un large débat publique; aucun autre enjeu ne le mérite.
Cet immense tuyau pétrolier alimentera près de 200 Superpétroliers qui transiteront en permanence le port pétrolier de Cacouna, ceci en plus du trafic généré par les autres ports sur la voie maritime du Saint-Laurent incluant celui de Sorel pour se charger d’un pétrole destiné à l’exportation. Les retombées économiques de cette activité, outre le moment de la construction de l’immense tuyau, sont à toutes fins pratiques marginales. Ainsi le contexte général du projet est explosif!
Il n’est donc pas surprenant que les groupes environnementaux se mobilisent sur l’enjeu des ressources pétrolières au Québec; l’impression assez répandue est que pour les provinces de l’ouest, le Québec est la voie vers l’exportation des ressources fossiles. Nous sommes décidément face à un enjeu de taille qui aura son impact au cours des prochaines décennies.
Hypothèque permanente sur les projets de conservation.
L’actuel gouvernement du Québec en approuvant ce projet met en péril plus de cent ans de travaux de conservation des ères naturelles au Québec initié par le parc du Mont-tremblant en 1895, poursuivit par les organismes citoyens dont le « Protection des oiseaux du Québec », plus vieil organisme de conservation au Québec (1917) qui a acquis l’île aux Perroquets sur la Basse Côte-nord en 1937. Cette tradition s’est accéléré par le développement des parcs fédéraux de la Mauricie et Forillon au Québec, accélérateurs du réseau complet des Parcs québécois au cours de la fin des années 70 et des années 80.
Encadré zones protégées :
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Zones protégées
Une zone protégée est un territoire où l’accessibilité et les activités sont contrôlées dans le but de préserver les habitats naturels. Ces zones sont sous la responsabilité de différentes instances :
gouvernement fédéral
gouvernement provincial
municipalités
l’UNESCO
Le Parc marin du Saguenay–Saint-Laurent
Le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent est le fruit d’une entente entre les gouvernements du Québec et du Canada pour protéger une grande portion du Saguenay et de l’estuaire du Saint-Laurent. Cette zone protégée, qui s’étend sur 1138 km2, fait l’objet d’un plan de conservation des écosystèmes favorisant une gestion intégrée du territoire.
Deux « Parcs nationaux » de Parcs Canada
Deux des trois parcs nationaux du Canada situés au Québec sont localisés en bordure du Saint-Laurent :
· le parc Forillon, en Gaspésie
Ce site protège un élément représentatif des falaises, de la mer et des montagnes des monts Notre-Dame. Il contient de nombreuses colonies d’oiseaux marins ainsi que quelques plantes arctiques rares sous ces latitudes
· la réserve de l’Archipel-de-Mingan, sur la Basse-Côte-Nord
Situé au large de la Côte-Nord, l’archipel de Mingan est un archipel calcaire célèbre pour ses monolithes naturels sculptés par la mer et pour ses plantes rares. Il contient de nombreuses colonies d’oiseaux marins et est fréquenté par les phoques, les dauphins et les baleines
Ces parcs sont établis dans une perspective de conservation et pour favoriser l’appréciation du public des milieux naturels. www.lesaint-laurent.com/ressources/fichiers/parcs-nationaux.pdf
Six parcs de la « Société des établissements de plein air du Québec »
Il existe une demi-douzaine de parcs de la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq). Ces derniers permettent de protéger les milieux naturels bordant le Saint-Laurent et de les mettre en valeur. Ces parcs ont pour objectif d’assurer la protection des territoires représentatifs de l’un des 43 milieux naturels du Québec.
http://biblio.alloprof.qc.ca/ImagesDesFiches/8000-8999-Geographie-au-secondaire/8048/8048i6.jpg
Huit réserves nationales de faune
Les réserves nationales de faune sont des zones protégées créées par Environnement Canada dans le but de protéger des milieux naturels ayant une importance nationale. On y fait aussi de la recherche ainsi que de la sensibilisation auprès du public qui peut y accéder pour faire des activités. Il y a huit réserves nationales de faune au Québec, dont sept sont localisées le long du Saint-Laurent et une aux îles de la Madeleine.
www.lesaint-laurent.com/ressources/fichiers/Reserves_nationales_faune.pdf
Vingt refuges d’oiseaux migrateurs
On retrouve au Québec vingt-huit refuges d’oiseaux migrateurs établis par le Service canadien de la faune. Plus de vingt de ces refuges sont situés en bordure du Saint-Laurent. Ils permettent de protéger des habitats de grande importance pour les oiseaux de rivage, les espèces de sauvagine et les oiseaux de mer.
www.lesaint-laurent.com/ressources/fichiers/Refuges_oiseaux_migrateurs.pdf
Une dizaine de réserves écologiques
Il existe une dizaine de réserves écologiques longeant le Saint-Laurent, entre l’archipel de Valleyfield et le golfe du Saint-Laurent. Ces zones protégées sont gérées par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs du Québec. Elles font l’objet d’un niveau de conservation très élevé puisqu’on y applique une conservation intégrale et permanente du milieu. L’accès à ces réserves est très restreint, mais il est permis pour des activités de recherche et d’éducation.
www.mddelcc.gouv.qc.ca/biodiversite/aires_protegees/registre/reg_resecolo.htm
Plus d’une vingtaine d’aires de conservation d’espaces verts en milieu urbain et de milieu naturels protégés par des organismes citoyens.
Plusieurs municipalités et organisations citoyennes riveraines assurent aussi la conservation de milieux naturels en adoptant un zonage qui y interdit le développement. Bien que l’étalement urbain constitue une menace pour le maintien des milieux humides situés près des agglomérations, de plus en plus d’efforts sont faits pour conserver ces zones et les mettre en valeur auprès de la population. Des portions de berges détériorées font aussi l’objet de restauration de façon à en redonner l’usage aux citoyens. www.rmnat.org
Trois des quatre réserves mondiales de la biosphère du Québec.
Les réserves de la biosphère sont des sites reconnus par l’Unesco dans le cadre de son Programme sur l’homme et la biosphère, qui innovent et visent tangiblement la conservation et le développement durable. Le Québec possède quatre de ces réserves :
Charlevoix
Façonné il y a des millions d’années par l’impact d’une météorite qui a creusé un cratère de 28 km de diamètre, ce territoire est aujourd’hui occupé en majeure partie par deux parcs nationaux : les Grands-Jardins et les Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie. En raison de son relief boisé et très accidenté, le littoral de Charlevoix aligne une succession spectaculaire de caps et d’anses.
Lac-Saint-Pierre
Ce plan d’eau, un élargissement du fleuve Saint-Laurent, est une importante halte migratoire de la sauvagine, dont l’oie des neiges, où on peut observer plus de 280 espèces d’oiseaux. Il accueille en outre la plus importante héronnière d’Amérique du Nord. Les visiteurs peuvent explorer en bateau les pittoresques chenaux qui sillonnent son archipel.
Manicouagan-Uapishka
Ce vaste territoire forestier de 55 000 km2 situé au nord de Baie-Comeau (Manicouagan) comprend notamment les monts Groulx (le plus haut sommet culmine à 1100 m), le cratère météoritique de Manicouagan, l’île René-Levasseur et d’imposants aménagements hydroélectriques, dont l’impressionnant barrage Daniel-Johnson.
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Immense menace à la richesse biologique.
Selon la biologiste Julie Bordeleau, « le fleuve Saint-Laurent constitue un joyau unique de notre patrimoine écologique et de la biodiversité, puisqu’on y retrouve plus de 19 espèces de mammifères marins, plus de 230 espèces d’oiseaux, près de 35 espèces d’amphibiens et de reptiles, sans compter les quelque 200 espèces de poissons d’eau douce et d’eau salée, ainsi que 2 200 invertébrés et près de 2 000 plantes vasculaires!
En fait, on estime à près de 27 000 le nombre d’espèces qui vivent dans le Saint-Laurent (dont presque trois quarts restent à décrire scientifiquement, sinon à découvrir) » Les traverses fluviales d’oléoducs, en cas de fuites pourraient gravement perturber ces importantes sources de vie.
Le port marin de Cacouna, est à un jet de pierre du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, une zone de conservation qui a été créé en vertu d’une entente signée, le 6 avril 1990, par les gouvernements du Québec et du Canada. La protection du béluga et de son habitat ont été un facteur déterminant dans sa création, mais en réalité le parc visait à protéger la plus importante zone d’activité biologique du fleuve Saint-Laurent.
Pour la première fois, les gouvernements du Canada et du Québec créaient ensemble une aire marine protégée, qui avait pour but de rehausser, au profit des générations actuelles et futures, le niveau de protection des écosystèmes d’une partie représentative du fjord du Saguenay et de l’estuaire du Saint-Laurent aux fins de conservation, tout en favorisant son utilisation à des fins éducatives, récréatives et scientifiques. Mais à peine quinze ans plus tard, ces deux mêmes gouvernements préparent le terrain pour une catastrophe environnemental précisément sur le même site.
Les derniers rapports sur l’état de la biodiversité du Parc marin publiés en 2010 sont assez inquiétants. On juge que l’état des populations des espèces en péril et l’accroissement des menaces à leur rétablissement sont préoccupants. Le parc marin comprend des habitats importants pour une douzaine d’espèces en péril. Sa préservation est particulièrement vitale pour les populations de bélugas et de garrots d’Islande. Alors que la création du parc marin visait à protéger les écosystèmes et habitats du béluga, la population est stable et ne montre pas de signe de rétablissement, et ce, malgré les nombreux efforts pour réduire la pollution du Saint-Laurent et malgré l’existence du plan de rétablissement du béluga depuis 1995. L’augmentation du trafic maritime est une source d’inquiétude, de même que la présence de contaminants persistants dans l’environnement immédiat que fréquentent les bélugas. Aucune aire d’utilisation intensive du béluga n’est à ce jour spécifiquement protégée. Mais au lieu d’accroître les mesures de protection, on en élimine!
La condition actuelle vécue par ces mammifères marins est un indicateur du niveau de perturbation et de l’impact important de l’activité humaine en ce lieu, qui est une source importante de l’activité biologique du fleuve Saint-Laurent.
Retombées économiques de l’oléoduc Transcanada.
Selon les plus récents rapports commandés par les organismes citoyens, ce projet est voué à l’exportation et n’apportera RIEN à l’économie du Québec. Le projet d’Oléoduc Énergie Est de TransCanada n’est pas une solution énergétique destinée à l’usage des Canadiens. Comme le démontre un nombre croissant de documents d’analyse, presque tout le pétrole brut transporté par Énergie Est serait exporté. Seule une petite quantité du pétrole d’Énergie Est serait acheminée aux raffineries canadiennes. La plus grande partie serait envoyée à l’extérieur du pays sans même être raffinée, ce qui explique le peu d’emplois permanent que le projet promet.
Le Québec prendra tous les risques, et l’Alberta les bénéfices..
http://parcmarin.qc.ca/web/document/Plan_directeur_PMSSL_fr.pdf