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TRADITIONS DE LUTTE

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Mémoire de l’action citoyenne au Québec.

Les informations sur n’importe quel événement qui nous parviennent des médias sont souvent parcellaires. Elles nous sont transmises par bribes, sont tellement résumées qu’elles nous laissent l’impression que ce qui s’est produit n’était que fait de hasard. C’est souvent le cas avec les nouvelles qui rapportent des incidents liés à une revendication sociale ou politique. De nombreux gestes participant d’une action sociale sont pris isolément et présentés comme incohérents et marginaux; leurs effets sont ignorées ou considérées comme insignifiants.

Nous ne risquons ainsi de garder des événements rapportés qu’une compréhension partielle, une connaissance tellement rudimentaire qu’elle ne nous éclaire en rien sur le pouvoir d’une action citoyenne concertée. Les citoyenNEs peuvent ainsi difficilement tirer les leçons des situations de luttes qui marquent leur histoire ou avoir la juste mesure des ressources légitimes à leur portée pour assurer leur autonomie et contribuer à dynamiser leur système démocratique.

Dans ce sens, il est juste de dire, en ce qui concerne l’histoire des luttes ayant mené à des progrès sociaux importants de notre société, qu’elle mérite une relecture, un effort de réintégration dans la suite des événements de ce qui en a été occulté ou minimisé au profit du sensationnel ou des actions les plus théâtrales.
C’est tout le sens du programme « Mémoire de la non-violence… » mené conjointement par le CRNV et le département d’anthropologie de l’Université Laval.

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Actions citoyennes : des chronologies complexes
Chaque campagne militante pour faire entendre une cause sociale, pour contrer un choix antidémocratique politique ou économique, représente une réalité fort complexe. Plus souvent qu’on ne le pense, les gestes médiatisés sont des produits de tout un travail d’apprentissage, d’organisation et de planification stratégiques, d’engagements dont on ne peut mesurer la portée sans une approche de réévaluation basée sur le concret de la vie militante.

Il y a tout un travail de mémoire à mener. Et pour cela, il s’agit de recoller les morceaux : colliger des informations sur le contexte de la lutte, sur les acteurs et leur discours, sur les organisations citoyennes et les slogans qui en réunissaient les membres, sur le contexte social et politique. C’est en réunissant ces morceaux de casse-tête, qu’il y a lieu de reconstituer l’histoire complète de la mobilisation à travers une campagne, comprendre les histoires derrière nos progrès sociaux les plus marquants.

Vers un véritable « Actif de connaissances »
Les recours à des archives des organismes citoyens, des associations syndicales, des congrégations sont donc des mines auxquelles il vaut la peine de s’intéresser pour la relecture de l’histoire sociale. Et, dans la mesure où nous savons aujourd’hui réexaminer à froid les données du passé, c’est à toute une variété de ressources qu’il faut s’en remettre.

Les couvertures médiatiques traditionnelles nous orientent en constituant des repères de tous les grands événements d’une campagne de luttes sociales (phase 1). Ensuite, il est possible d’étudier en profondeur les mouvements (phase 2) : dénicher à partir des archives organisationnelles des prises de parole inédites, des minutes de réunions, des articles de journaux et revues communautaires, bref, tout ce qui replonge entièrement dans l’atmosphère d’une lutte.

Concernant la phase de repérage, il faut se réjouir des efforts menés par la Bibliothèque des archives nationales du Québec (BAnQ). Une part importante des archives médias de plus de 100 ans y sont en voie de numérisation. Des documents assez rares sont progressivement accessibles en ligne et facilitent comme jamais auparavant les recherches par simples mots-clés. En insérant un simple nom de campagne ou d’acteur, un imposant volume d’informations nous est suggéré. En se rapportant aux couvertures médiatiques ainsi consignées, il est possible d’élaborer une chronologie des événements.

Mais pour sortir de l’anecdotique, il s’agit d’embrasser la seconde phase. C’est en creusant dans la masse des informations disponibles à travers des archives organisationnelles qu’on en arrive à construire un véritable actif de connaissances permettant de cerner assez précisément les contextes qui ont rendu possibles les mobilisations citoyennes, les façons dont celles-ci se sont structurées, les processus souvent hautement démocratiques qui les caractérisaient, la teneur éminemment pacifique des mouvements qui les animaient.

La chronologie construite se transforme petit à petit en un portrait enrichi grâce à des textes d’analyse militants ou académiques, à des séquences vidéo et sonores, à des entrevues avec des acteurs; il devient facile de reconstituer l’essentiel des efforts et initiatives ayant été mises à contribution pour faire entendre une cause.

 

Pour approfondir:

La désobéissance au Québec