Aller au contenu
Accueil » Protéger les citoyens!

Protéger les citoyens!

Par 

Le nouvel impératif pour nos municipalités.


Depuis vendredi le 1er octobre, des centaines de citoyens engagés dans leur communauté sont en campagne électorale. Nombreux sont ceux qui se présentent sur une bannière environnementale et cherchent une façon d’interpeller les citoyens sur le grand enjeu de notre temps, les bouleversements climatiques.


Les manifestations en faveur d’une décarbonisation de l’économie ont repris cet automne. Nous avons été témoins de manifestations à la surface du globe, à travers le Québec, et 15 000 personnes ont répondu à l’appel à Montréal. Face à la crise climatique, un sentiment d’impuissance nous habite tous. C’est bien beau l’action individuelle; recyclage, compostage, et les véhicules électriques; mais les grands pollueurs doivent aussi être mis à contribution. On le sait, mais comment agir collectivement près de chez soi?


On sent l’urgence, mais quoi faire?


Il y a un peu plus d’un an, plus de 500 municipalités du Québec ont déclaré l’urgence climatique. Tous comprennent que nous devons pouvoir agir partout, dans chacune de nos communautés. Mais, il est difficile d’ancrer les enjeux climatiques dans le concret. Par quoi les citoyens peuvent-il commencer? C’est une question plus que lancinante en cette période d’élections municipales?


En septembre 2019, la grande marche pour le climat réunissait plus du demi-million dans les rues de Montréal. Le rassemblement en lui-même renforçait les déclarations d’urgence des élus locaux. Mais le message le plus puissant à passer à nos dirigeants politiques serait : « Voyez, nous sommes nombreux! Maintenant nous retournons chez nous, et poursuivons le travail! » Mais quel travail au juste? manger végétarien, recycler, jardiner, économiser l’énergie, se mobiliser contre les projets polluants… En fait, les gens et nos représentants locaux ne savent pas trop comment agir.

Comment transformer la lutte à la crise climatique en un enjeu concret, palpable pour nos communautés? Un enjeu que l’on puisse facilement cerner sur le terrain. Un enjeu électoral?


La responsabilité de protéger.


Lorsqu’on analyse bien les actions à prendre face à la crise climatique, d’importants éléments ressortent. La protection des citoyens vulnérables face aux chocs environnementaux nécessitera rapidement de nouveaux espaces physiques. L’atténuation de l’impact de ces chocs sur nos communautés et le redressement communautaire rapide après-coup, imposeront une préparation adéquate. Nous parlons donc de concevoir des lieux de refuge et de résilience pour les citoyens de nos communautés. Des espaces aménagés pour accueillir nos sinistrés environnementaux.


Certains citoyens sont particulièrement vulnérables aux aléas environnementaux. Pensons à la protection de nos personnes âgées face aux chocs thermiques en période caniculaire. Il est de plus en plus question du choc sanitaire lié à la zoonose (épidémie d’origine animale) que nous vivons actuellement. Se prémunir implique des lieux, des espaces de distanciation. Les aléas environnementaux imposeront maintenant le déplacement de personnes pour plusieurs jours, leur accueil dans un lieu sécurisé. Le refuge des sinistrés victimes de méga incendies, d’inondations; ou l’accueil de migrants climatiques est notre nouvelle réalité. Omettre la planification de la résilience d’une communauté après un choc prévisible deviendra pour nos dirigeants locaux une négligence!

Vers de nouveaux services publics

Les impératifs sanitaires urbains du passé ont imposé aux municipalités les services d’aqueduc et d’égouts; le fléau des incendies dévastateurs et mortels imposa les services d’incendies. La crise climatique nous impose aujourd’hui la réduction des émissions carbone, mais aussi, dorénavant, la création de refuges sécuritaires et la planification de la résilience de nos communautés. C’est notre nouvelle réalité!

Il est impossible de penser construire de nouveaux refuges et lieux de résilience dans toutes les communautés de la province. En revanche, toutes nos municipalités possèdent de vastes bâtiments, au cœur de nos communautés, qui font partie de notre patrimoine collectif et dont un très grand nombre sont en mal de vocation. Ce sont nos églises.

Déjà un bon nombre de ces églises sont acquises par les municipalités, transformées en salles communautaires polyvalentes et abritent un certain nombre de services communautaires. On y a aménagé des espaces à bureaux, des cuisines collectives et centre de distribution alimentaire; des refuges pour les nouveaux arrivants et les gens les plus vulnérables.

La transition de ce patrimoine du passé vers des actifs pour le futur est donc déjà en marche; et nos municipalités et MRCs sont au cœur de ces projets!

Miser sur les assises existantes pour les urgences.

La crise climatique est dorénavant un enjeu politique local de tout premier plan. La documentation disponible sur ces conversions de bâtiments religieux indique que la réappropriation de ces églises par les communautés et leur conversion en salles polyvalentes a créé de nombreuses installations névralgiques, utiles en cas de crise pour les services d’urgences municipaux. Que cette conversion ait été à l’initiative des paroisses, de municipalités ou d’organisations communautaires n’importe peu.

De nombreux bâtiment patrimoniaux sont présentement en mesure d’accueillir de façon improvisé les victimes de désastres. Mais il en faudra améliorer les installations et en avoir beaucoup plus. Lors d’inondation, lors de feux de forêts, lors de la crise du verglas et en situations de canicules; les églises ont servies de refuges. Dans de nombreuses circonstances, moyennant des aménagements supplémentaires adéquats; amélioration des installations sanitaires et des équipements d’hébergement; on a rapidement des refuges fonctionnels un peu partout dans nos municipalités et quartiers.

Les besoins en installations avec une capacité médicale sont multiples. La question de sanatoriums temporaires permettant l’isolement rapide des patients infectés provenant de lieux de résidence subissant une infection sanitaire est devenue critique. On a vu des tentes à pression négative d’urgence s’ériger dans un aréna au début de la crise sanitaire. Déjà, plusieurs églises servent régulièrement de centres de prélèvement et d’installations de vaccination.

Pour de nombreux centres d’hébergement, et autres institutions publiques, la question de la distanciation physique imposera l’utilisation de salles communautaires plus vastes. Les salles polyvalentes qui se multiplient dans les églises converties joueront un grand rôle.

Vers une plus grande résilience.

Notre économie repose sur le transit des produits sur de grandes distances. Cette réalité s’applique même aux denrées essentielles. Nos communautés doivent mieux s’outiller afin de pouvoir se redresser suite à des événements naturels imprévus. La protection et renforcement des capacités de résilience des communautés devient un enjeu local.

Les installations de nombreux bâtiment religieux améliorées par les cuisines communautaires, peuvent devenir la base pour l’établissement de pôles agro-alimentaires offrant des services essentiels pour la conservation, la transformation et la mise en marché de la production alimentaire de proximité. Accroître la capacité de subsistance alimentaire de nos communautés est une assise fondamentale pour notre sécurité.

Des communautés robustes et vivantes doivent émerger de notre lutte en faveur de la décarbonisation. Grâce à une concertation communautaire, plusieurs bâtiments de notre patrimoine bâti ont été transformés avec succès en espaces à bureau pour des organismes, ou en centres de co-working; voir même en incubateurs pour des PME. Il n’y a qu’un pas à franchir pour mettre en place des Centres de télétravail permettant la réduction des émissions de GES en facilitant le travail à proximité. Nos églises ainsi aménagées peuvent permettre d’éliminer les transits récurrents; tout en gardant une dynamique sociale et une émulation professionnelle pour les employés qui y sont abonnés par leurs employeurs. Nos quartiers et villages peuvent ainsi reprendre racine en solidifiant l’économie locale.

Nos municipalités peuvent aider à contrôler, et même éliminer notre énorme dépendance aux combustibles fossiles pour le transport. On parle de plus en plus de tisser des toiles de transport en commun électrifié entre les communautés de nos régions. Greffé à des services de partage de véhicules électriques, ces lignes de transport constitueraient une révolution. On peut penser établir dans les stationnements, propriété des paroisses, de véritables stations de recharge ou il est possible d’avoir accès à des véhicules de micromobilité pendant la recharge. Imaginons un peu l’impact de la mise en partage de petits camions et de camionnettes électriques par les municipalités, et ainsi contrer la prolifération des VUS. Projet passionnant pour nos municipalités, le clocher de l’église peut devenir l’indicateur de la présence d’une station de recharge et de multiples services de transport, ceci partout sur l’étendue du territoire québécois. Nos transports doivent rapidement reposer sur hydroélectricité

Notre patrimoine historique bâti redevient ainsi un pilier sur lequel s’appui la vie communautaire.

Le défi énergétique de ces initiatives

Hydro-Québec élabore présentement une offre de micro-réseaux intelligents parfaitement adapté à la gestion localisés du micro-stockage, de la micro-production et des micro-échanges d’énergie électrique entre micro-producteurs. Les programmes d’efficience énergétique combinés à l’opération de ces micro-réseaux intelligents regroupent tous les atouts pour assurer la pérennité et la rentabilité d’une prise à charge communautaire ou municipale de ces actifs patrimoniaux en mal de vocation.

Ces projets essentiels à la sécurité des citoyens font présentement face à d’importants défis qui interpellent nos élus municipaux. Le premier défi est énergétique. Il y a une douzaine d’années les paroisses bénéficiaient d’une tarification électrique préférentielle pour chauffer les églises. L’avantage leur a été retiré en 2008 par Hydro-Québec qui voulait l’utiliser notre hydroélectricité pour attirer de grands clients énergivores. Un virage vers le bi-energie incluant la combustion de mazout et de gaz a été offert en remplacement. Mais les mesures d’économie d’énergie promises par la Société d’État n’ont jamais été livrées. Depuis, les coûts de chauffage sont devenus la principale menace à la pérennité de centaines de ces joyaux patrimoniaux, sur l’étendue de notre territoire.

Quelques bâtiments ont trouvé les moyens d’installer des boucles géothermiques, d’autres se sont servi de la combustion d’une biomasse locale, et certains utilisent présentement les serveurs de données pour générer des revenus et réduire les factures de chauffage. Jamais l’occasion n’aura été aussi belle pour la société d’État de participer à une mobilisation essentielle pour la société civile.

Dans ce contexte, restituer la tarification préférentielle aux communautés qui établissent des lieux, et des initiatives porteuses de décarbonisation pourrait devenir un important levier. Tous ces efforts impliquent l’adhésion active et inconditionnel des dirigeants locaux, des municipalités et des MRCs à une lutte active contre la crise climatique.

Vision de société.

Nos municipalités sont les premières frappées par les crises. Nos élus locaux doivent être outillées pour répondre à ces crises qui se multiplient. On dit souvent que la nécessité est mère de l’innovation. Ce sera inévitablement le cas avec les bouleversements climatiques. Nous devons rapidement assurer la protection des plus vulnérables. Mettre en place les infrastructures de transport décarbonisé. Accroître la sécurité de nos approvisionnements critiques et blinder notre sécurité énergétique. Nos représentant locaux doivent se mettre au travail en vue d’actions concrètes!

Nos églises, lieux de refuge et de résilience constituent un premier pas tout désignés pour mettre en marche nos communautés vers l’atteinte des objectifs climatiques! Les élections municipales en cours doivent mettre en scène une telle vision.


Sur les assises du passé, il faut maintenant construire le futur!