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Coup de semonce en Saskatchewan!

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L’URGENCE D’AGIR

Fuite de Pipeline pétrolier, 250 000 litres de bitumineux déversés dans la rivière North-Saskatchewan, l’État d’urgence est déclaré.  L’eau potable de la population est coupée pour une durée indéterminée.  Même après une semaine, il y a des délais dans l’installation de la conduite d’eau alternative de 30 km, on cherche une troisième alternative pour approvisionner Prince Albert.  On parle maintenant d’une crise de l’eau qui pourrait durer plusieurs mois et les solutions alternatives actuelles sont temporaires mais ne sont pas fonctionnelles pour l’hiver.

Les travaux de contrôle du déversement ne fonctionnent pas bien, les estacades laissent passer une grande portion des produits toxique, des agglomérés coulent au fond et le panache dépassait les 600 km après quelques jours. Toujours 4 municipalités sont sans eau potable. Près de 70 000 personnes sont touchées et les efforts sont multipliés pour restaurer l’approvisionnement d’anciens puits et de rivières alternatives. La crise de l’eau pourrait durer des mois!

Puis après une semaine éprouvante, premières explications de l’industrie, c’est le tuyau d’une entreprise de production qui a coulé, pas de transport, c’est pas des spécialistes eux!  L’industrie va s’améliorer!  Les responsables du Ministère de l’environnement de Saskatchewan affirment que les équipes de nettoyage progressent, on limite les dépôts sur les berges avec les estacades, et plus on descend la rivière, plus la situation s’améliore! Eh bien! Effectivement, si on empêche le pétrole de s’échouer sur les berges, si on ajoute des diluants, plus le pétrole ira loin, plus il sera dilué!  Est-ce une amélioration?

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Plus incroyable encore certains dirigeants de municipalité ont stupidement émis des avis d’ébullition, un geste dangereux et inutiles pour une contamination pétrolière. Il est presque criminel de donner l’impression qu’une fois bouillie, cette eau est salubre!     On apprend à l’instant, plus d’une semaine plus tard, qu’ils ont trouvés la fuite près d’une traverse de rivière!   Mais attendez là;  comment peut-on estimer l’ampleur d’une fuite, sans être certain depuis combien de temps que le tuyau coule? et sans savoir où est la fuite, ni la grosseur de la fissure?  Cet événement lève de nombreuses questions.

Bref!  On constate.

  1. Que des accidents, contrairement à ce qu’on nous raconte, peuvent arriver.
  2. Que l’auto régulation de l’industrie ne fonctionne pas.
  3. Que les mesures d’urgence valent moins que le papier sur lequel elles sont écrite.
  4. Que la protection des citoyens relève de la totale improvisation.
  5. Et que l’approvisionnement en eau potable semble le dernier souci des autorités.
  6. Même les mesures les plus élémentaires ne sont pas mise en oeuvre.

Pour faire une image simple la fuite d’une durée estimée par l’entreprise à 14 heures, aurait déversé environs 250 000 litres de soupe bitumineuse diluée, c’est un déversement total d’environs six piscines hors terre de 21 pied de diamètre dans cette rivière que se jette dans le lac Winnipeg au Manitoba.

Puis il y a la vieille ligne Enbridge 9B

Selon Équiterre:

La compagnie Enbridge Pipelines Inc. annonçait en mai 2012 l’inversion de son pipeline 9 entre North Westover (Ontario) et Montréal et l’augmentation de sa capacité de 240 000 barils par jour (b/j) à 300 000b/j, une hausse de 25%.

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Cet oléoduc a été construit en 1975 et transporterait un mélange de pétroles bruts, y compris du bitume dilué des sables bitumineux d’Alberta. Le pipeline de 639 km passe par Toronto et Kingston en Ontario et par Vaudreuil-Soulanges, les Basses-Laurentides, Lanaudière, Laval et Montréal (consultez la carte du pipeline). Le nombre de citoyens touchés par ce pipeline est estimé à plus de 9 millions de personnes. Ce dernier traverserait ainsi 99 municipalités et 18 communautés autochtones.

La vieille ligne 9B de Enbridge dont le flux a été inversé en novembre 2015, passe tout près de Montréal.  Il n’est pas question ici de nous demander si un tel désastre va nous arriver, mais quand?

Pour donner un comparatif pour cette canalisation de bitumineux qui passe à moins de 20 kilomètre des prises d’eau du Grand Montréal, approvisionnant plus de 3 millions de personnes en eau potable….On parle de faire circuler un peu moins de 1 piscine de 40 000 litres à la minute.  En 14 heures, elle a la capacité de déverser 28 millions de litres dans la rivière des Outaouais tout près de Montréal, ou près de 700 piscines de bitumineux!  Une catastrophe environnementale et sanitaire d’une ampleur sans précédent!

Et le Projet d’oléoduc Énergie Est à l’étude.

Dans les prochains mois, d’importants événements se dérouleront qui détermineront le sort du projet de pipeline d’Énergie Est du transporteur pétrolier albertain TransCanada.

La Fondation David Suzuki résume ainsi le projet et l’enjeu:

Énergie Est, estimé à un coût de près de 14 milliards $, prévoit acheminer vers les raffineries de l’est et le marché mondial plus d’un million de barils de pétrole par jour. Le projet implique la construction de 700 km de pipeline au Québec et traverserait une dizaine de municipalités sur le territoire de la CMM. En février 2015, la Fondation et d’autres groupes environnementaux avaient publié un rapport établissant qu’Énergie Est met à risque l’eau potable de 49 municipalités québécoises qui s’approvisionnent de l’eau du Saint-Laurent, dont celles de la CMM, en plus de traverser 860 cours d’eau au Québec.

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À partir du 8 août, l’Office national de l’énergie (ONÉ) relevant du gouvernement fédéral débutera ses audiences sur le projet dans des villes longeant le trajet de l’oléoduc désiré par Énergie Est. Ces audiences commencent à Saint-John au Nouveau Brunswick et seront à Montréal le 29 août.

Également cet automne,  le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (le BAPE) relevant du gouvernement québécois débutera lui-aussi ses audiences sur le projet. Le quotidien Le Devoir nous apprend dans son édition du 13 juillet que TransCanada ne pourra finaliser le document détaillant ses méthodes pour la traversée de la rivière des Outaouais et du fleuve Saint-Laurent. Alors, toutes les audiences ayant lieu cet automne se passeront sans cette information cruciale à la détermination du sort de ce projet. Malgré cela, TransCanada compte débuter la construction de leur projet en 2018 pour qu’il soit en fonction dès 2020 ou 2021 !

Toujours en utilisant l’analogie des piscines hors terre, question de bien saisir les volumes de pétrole bitumineux dont il est question.  Nous parlons ici de 1,1 millions de barils par jour de bitumineux dilué passant sous la rivière des Outaouais en amont de Montréal.  TransCanada c’est donc 121 000 litre de bitumineux; soit 3 piscines hors terre à la minute.  En 14 heures, la rivière des Outaouais serait souillée de 2 550 piscines de bitumineux.