Écrit par www.AntiRecrutement.info
Du financement militaire, destiné à la recherche, à l’entraînement ainsi qu’à d’autres fins se retrouve dans la plupart de nos universités. Certaines sources de financement proviennent également de l’armée américaine et d’entreprises du domaine de l’armement qui sous-traitent aux universités des tâches que l’armée leur a confiées. Voici des descriptions de recherches militaires, ce ne sont toutefois que quelques exemples de la militarisation d’universités ; il y en a assurément d’autres qui sont à découvrir.
UNIVERSITÉ MCGILL
Le département de génie mécanique est depuis longtemps impliqué dans la recherche liée aux explosifs exploitant la physique des ondes de choc. Le professeur David Frost, qui est spécialisé dans ce type de recherche depuis de nombreuses années, a récemment collaboré avec des employés de l’Agence de défense contre les menaces (DTRA). Cette organisation est en soi une branche de l’armée américaine et elle a eu un rôle dans les recherches de développement des explosifs thermobariques qui ont lieu à McGill.
Les travaux de recherche de Frost ont également été financés par Recherche et développement pour la défense Canada (RDDC). Il a travaillé en partenariat avec un chercheur de RDDC qui, lui aussi, recevait du financement du DTRA. Le professeur Andrew Higgins, du groupe de recherche de physique des ondes de choc, reçoit également du financement de RDDC.
UNIVERSITÉ CONCORDIA
Le professeur Brandon Gordon du département de génie industriel a reçu un contrat de RDDC en 2007 pour des recherches portant sur des véhicules aériens sans pilote (drones).
Le RDDC a également financé des recherches effectuées par le directeur du groupe de robotique, Khashayar Khorasani, du département de génie informatique et électrique.
UNIVERSITÉ DE LA COLOMBIE-BRITANNIQUE, VANCOUVER
L’université abrite Thunderbird Robotics, un groupe participant aux compétitions de véhicules autonomes DARPA. Ces compétitions sont organisées par le DTRA, une division de recherche de l’armée américaine. Le groupe de l’Université de la Colombie-Britannique est supporté par le professeur John Meech du département de génie minier ainsi que par différents bailleurs de fonds du milieu corporatif.
« La compétition actuelle et du DARPA est un effort pour attirer l’attention envers les enjeux technologiques des véhicules autonomes et également pour en arriver à un avancement de ces technologies. La mission du DARPA est de développer de nouvelles technologies pour fournir à notre armée un progrès scientifique. Les véhicules autonomes peuvent révolutionner les combats au sol en occupant les dangereux rôles des missions qui mettent en jeu la vie de nos soldats en ce moment. » – DARPA Grand Challenge FAQ (2006)
« Tuer est généralement considéré comme étant une décision morale majeure dans laquelle l’assassin, même s’il s’agit d’un soldat au combat, doit assumer sa responsabilité personnelle. Les armes autonomes dissocient le tueur du tué. Contrairement à un combat conventionnel mené par des policiers ou soldats, l’opérateur d’une arme-robot perçoit un risque personnel bien plus faible et peut ressentir une moins grande responsabilité pour les décès qu’il provoque. Les armes autonomes promettent de réduire ce facteur dissuasif au combat provenant de l’utilisation des armes conventionnelles. Il y a donc des risques que les armes autonomes soient utilisées plus fréquemment.
Actuellement, les armes-robots n’existent pas. Les technologies de contrôle et de détection ne sont pas encore rendues au point où il est possible de les exploiter avec fiabilité. Par contre, toutes les composantes périphériques sont déjà en place, et plusieurs des problèmes technologiques peuvent être résolus à moyen-terme.
En tant que chercheur en robotique, on doit choisir aujourd’hui si l’on veut construire des robots tueurs. Si on renonce à les construire, ils ne pourront jamais nous menacer, nous et nos familles. » – Richard T. Vaughan, Professeur à l’école d’informatique de l’université Simon Fraser à Vancouver
Entre 2003 et 2007, Reza Vaziri et Anoush Poursartip, du groupe de recherche sur les composites du département de génie des matériaux de l’Université de la Colombie-Britannique a reçu de nombreux contrats de RDDC. Les projets de recherche en questions étaient par rapport aux effets des explosifs sur les plaques de matériaux composites. Un de ces projets de recherche était effectué en collaboration avec un employé du RDDC.
En 2005, le professeur Vikram Krishnamurthy, du département de génie informatique et électrique de l’Université de la Colombie-Britannique a travaillé sous un contrat du RDDC en collaboration avec un employé de la même organisation militaire pour le développement d’un modèle de simulation pour les missiles marins.
UNIVERSITÉ DE SHERBROOKE
On retrouve dans cette université, en plus des professeurs financés par l’armée, des étudiants de premier cycle qui effectuent des activités à caractère militariste.
En 2005 s’est formé le groupe étudiant Vamudes, qui se concentre sur la conception de véhicules aériens sans pilotes. Alors que les premiers prototypes produits s’apparentaient à de simples jouets téléguidés, les derniers modèles produits volaient de façon totalement autonome.
Ce type de technologies peut être utilisé dans le domaine de la recherche et du sauvetage et dans le cadre d’opérations militaires. Les membres du groupe ont affirmé être intéressés par les applications civiles de cette technologie à travers les médias. Pourtant, c’est plutôt du côté de l’industrie militaire que se retrouvent les moyens financiers nécessaires pour la développer. D’ailleurs, lors des compétitions, on pouvait retrouver un officier de l’armée américaine. Celui-ci repérait les étudiants qui pourraient par la suite être repêchés par le secteur militaire. En fait, certains des anciens membres de Vamudes sont maintenant à l’emploi de sous contractants de l’armée qui se spécialisent dans cette technologie.
Il ne s’agit pas là d’activités impliquant uniquement des étudiants. L’Université de Sherbrooke fournit de nombreuses ressources matérielles et techniques à Vamudes. L’institution utilise également ses ressources pour faire la promotion médiatique de cette activité à caractère militariste.
« LES EXPLOSIFS AIR-CARBURANT SONT PLUS PUISSANTS QUE LES ARMES CONVENTIONNELLES À EXPLOSIVES DE TAILLE COMPARABLE. ILS SONT PLUS SUSCEPTIBLES DE TUER ET BLESSER DES GENS RÉFUGIÉS DANS DES BUNKERS, ABRIS ET GROTTES. ILS ONT LA CAPACITÉ DE TUER D’UNE MANIÈRE BRUTALE DANS UN VASTE TERRITOIRE » – Backgrounder on Russian Fuel Air Explosives, Human Rights Watch
« JE SUIS DÉSOLÉ DE BRISER VOS ILLUSIONS, MAIS DES HOMMES MEURENT, DES BÉBÉS SONT BRÛLÉS ET CETTE UNIVERSITÉ EN EST DIRECTEMENT RESPONSABLE. » – Un militant étudiant contre la guerre du Vietnam