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Les Forces canadiennes dans nos écoles: Réponses aux questions fréquemment posées

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Suite à de récents échanges avec des conseillers d’orientation scolaire dans les écoles secondaire, un certain nombre de questions ont été soulevées quand au recrutement militaire dans les écoles.

1. Les Forces canadiennes recrutent-elles vraiment dans les écoles ?

Affiche de l'armée canadienne lors de la tournée d'information sur les carrières organisée par les commissions scolaires de l'Abitibi-Témiscamingue dans les écoles secondaires. (Photo: radio-canada)
Affiche de l’armée canadienne lors de la tournée d’information sur les carrières organisée par les commissions scolaires de l’Abitibi-Témiscamingue dans les écoles secondaires. (Photo: radio-canada)

Les Forces canadiennes ont réagi à plusieurs reprises à la campagne contre le recrutement militaire dans les écoles. Elles prétendent qu’il ne se fait pas de recrutement militaire dans les écoles et que la campagne menée contre celui-ci est basée sur de fausses informations.

Pourtant, si on se fie à une définition commune du recrutement puisée dans un dictionnaire; le recrutement consiste en un « ensemble des moyens entrepris pour combler un poste au sein d’une organisation, ce qui inclut la promotion ». Dès lors que l’armée planifie une foule d’activités d’information, de persuasion dans les écoles pour attirer les jeunes vers l’armée, même par le biais de ses mouvements jeunesse affiliés, il est clair qu’elle fait du recrutement selon cette définition commune.  L’armée exige d’être présente dans les lieux publics où sont les jeunes, elle apprécie se greffer à des institutions qui ont du prestige et persuader les jeunes de nos écoles de se présenter dans les Centres de recrutement.

En fait, la raison pour laquelle les Forces canadiennes prétendent ne pas faire de recrutement dans les écoles est l’utilisation très restrictive du terme recrutement.  Le recrutement pour l’armée est lié à la signature d’un contrat et cette signature ne s’effectue que dans un Centre de recrutement.   Cette définition restrictive est utile pour éviter les embarras.  Rappelons-nous que la cavalière Karine Blais, originaire des Méchins, la première québécoise morte au combat en Afghanistan selon ses proches a été approchée dans la polyvalente de Matane, un fait qui a indigné certains de ses proches.  De plus, la loi sur la Défense Nationale rend illégale toute entrave au recrutement militaire.  Heureusement que l’armée et le gouvernement ne se base pas sur la définition commune de recrutement.  Notre campagne serait illégale.

Nombreux sont les enseignants qui peuvent confirmer la présence régulière d’officiers recruteurs lors de foires de l’emploi dans les écoles.

2. Les Forces armées canadiennes ne sont-elles pas un employeur comme les autres?

drapeau-soldat-canadaL’armée veut se présenter comme un simple employeur et revendique le même droit que les autres employeurs d’avoir accès aux milieux de l’éducation. Un métier où le but ultime est de placer des gens en situation de « tuer ou être tué  » est-il un métier comme les autres? Un métier ou l’arme doit faire partie du quotidien car elle est l’outil indispensable pour la survie, est-il un métier comme un autre?

Aucun autre employeur n’enrôle ses employés et ne les soumet à une loi qui lui est spécifique, comme la Loi sur la Défense Nationale; et impose un protocole de près de 50 pages aux gens qui voudraient quitter. On ne démissionne pas de l’armée; on est libéré de l’armée? Y a-t-il d’autres employeurs qui peuvent emprisonner des employés s’ils refusent de rembourser leur formation, en ne leur laissant qu’une seule possibilité de sortie, la libération?

Aucun autre employeur n’enrôle ses employés en restreignant leurs droits fondamentaux garantis par la Charte canadienne des droits : libertés d’expression, d’association, liberté de quitter un emploi de son gré.

Lorsque vous êtes employés pour une entreprise, on vous recrute pour effectuer une tâche précise, si ça ne vous plaît pas, vous pouvez quitter. L’armée promet une vaste étendue de métiers dont plusieurs ne sont accessibles qu’à une poignée d’individus. Une fois enrôlé le jeune perd tout ses droits et ce qui a été promis ne compte plus. Le contrat signé est sans contre-parti. Vous vous engagez à tout, l’autre partie ne s’engage à rien. L’armée a tous les droits d’affecter la recrue ou elle veut, au moment ou elle en a besoin, à la tâche la plus pressante, selon les priorités politiques du gouvernement en place.

En fait l’armée constitue une compétition déloyale pour les autres employeurs, car, grâce à ses besoins très particuliers et son statut financier privilégié parmi les ministères fédéraux, elle peut se permettre de payer des salaires imposants.  Quel employeur est en mesure d’offrir plus de 40 000 $ par année pour des jeunes qui n’ont pas terminé leur secondaire V?  Y a-t-il un seul autre employeur qui pourrait se permettre d’offrir de telles conditions?  En réalité il est légitime de se demander si l’armée ne devient pas un incitatif au décrochage.

3. Les Forces canadiennes ne rempliraient-elles pas un mandat éducatif complémentaire aux écoles?

L’école est une institution à laquelle les parents doivent obligatoirement confier leurs enfants. Sa mission est d’éduquer adéquatement les jeunes afin qu’ils puissent choisir librement un rôle dans la société. Il est anormal que cette institution serve de véhicule, et offre la possibilité à une institution politique d’embrigader les jeunes sans qu’ils soient explicitement mis en garde. L’armée canadienne incite les jeunes à joindre une institution qui ne sert plus uniquement à la défense du territoire canadien, mais aussi à la défense des intérêts politiques et économiques d’une minorité de pays riches par le biais des alliances militaires. Les Forces canadiennes ont d’énormes moyens et sont capable de recruter ailleurs que dans les institutions scolaires.

Consciente de la nécessité de persuader et d’apprivoiser les jeunes en très bas âge, consciente aussi du fait qu’une offre de prise à charge des jeunes est une perspective particulièrement attrayante pour certains parents surtout en région et dans les milieux défavorisés, les Forces canadiennes ont mis en place les Mouvements de Cadets, financés à coup de 200 $ millions par année. Cette organisation embrigade donc une clientèle de jeunes qui voient souvent cette institution comme une bouée de sauvetage, offrant métier et carrières, sans nécessiter beaucoup d’études. L’appât économique fait son effet pour conduire jusqu’au recrutement.  Le faible niveau d’éducation et la prise en charge complète des divers aspects de la vie du jeune rendent extrêmement périlleuse la perspective de quitter une institutions qui prend charge de tous les aspects de la vie.

4. Les Forces canadiennes ne devraient-elles pas avoir le droit de participer à des foires de l’emploi?

livre de Martin Petit
Livre de Martin Petit, ex-militaire.

Nous croyons qu’aucun agent recruteur ne devrait être toléré dans une école, à moins qu’au minimum, un kiosque d’information alternative soit présent et puisse adéquatement contrer la propagande des militaires qui ne présentent que le bon côté de cette vie militaire. Cette institution est complexe et joue un rôle qui demande beaucoup de connaissances et d’analyses afin de bien comprendre les enjeux que lèvent les carrières offertes. Un jeune mineur, qui n’a pas le droit de voter, ni d’acheter des cigarettes et de boire de l’alcool, ne devrait pas être courtisé par cette institution politique qui dispose d’un puissant arsenal de séduction et de persuasion face aux jeunes.

Nous croyons que les témoignages sur la vie militaire présentés aux jeunes doivent être faits par des personnes qui ont vécu la guerre et qui sont complètement libérés des contraintes imposées par la « Loi sur la Défense Nationale ». L’information transmise par un militaire actif ne peut pas être objective puisqu’il a renoncé son droit à la libre expression.

5. Pourtant les Forces canadiennes insistent et n’affirment-elle pas que le recrutement ne se fait que par des agents recruteurs, et pas dans les écoles?

À Montréal, ils étaient exactement 19 élèves-officiers à prêter serment lors d'une cérémonie d'enrôlement au sein des Forces armées canadiennes, le 15 juin 2015. (Photo: Nicolas Laffont/45eNord.ca)
À Montréal, ils étaient exactement 19 élèves-officiers à prêter serment lors d’une cérémonie d’enrôlement au sein des Forces armées canadiennes, le 15 juin 2015. (Photo: Nicolas Laffont/45eNord.ca)

Nous savons que plusieurs enseignants à statut précaire doivent « arrondir les fins de mois », pour gagner décemment leur vie.   Nous savons que le Cadre d’instructeur Cadets et la Réserve des Forces canadiennes sont des voies que plusieurs empruntent pour combler les besoins économiques de leur famille. Malheureusement leur statut de militaires leur impose des limites au niveau de la liberté d’expression et les ordres de la hiérarchie militaire peuvent leur imposer d’agir comme agents recruteurs.  Ils se retrouvent ainsi dans une situation d’autorité et de contact privilégiée face aux jeunes vulnérables à la propagande militariste.

Une telle situation est inquiétante pour les parents et justifierait l’interdiction de toute forme de recrutement ou d’activité d’intéressement dans les établissements scolaires. Il est d’autant plus inquiétant de constater que les Corps de Cadets, et même la Ligue Navale du Canada qui recrute dès l’âge de 9 ans, utilisent souvent les locaux scolaires pour conduire leurs entraînements.  Cette utilisation de lieux publics d’éducation pour promouvoir et même conditionner des enfants à la vie militaire; vis des ententes avec les Commissions scolaires ressemble à une forme de caution, et nous semble une aberration.

Il est d’autant plus inquiétant de savoir que certaines Commissions scolaires acceptent de donner jusqu’à 4 crédits d’éducation secondaire à des jeunes cadets qui ont atteint un certain niveau de formation militaire dans les cadets.  Une telle pratique est incompatible avec la mission des écoles et irresponsable.

6. Les Forces canadiennes sont une institution apolitique qui sert le meilleur intérêt des Canadiens

Oui, l’armée canadienne peut servir à défendre le territoire canadien.

Oui, les militaires peuvent aider la population canadienne en situation de crise et de catastrophe.

Mais, dans les faits, nous avons en présence un parti politique minoritaire au pouvoir et l’armée qui se sont mis au service de l’OTAN et à la défense des intérêts occidentaux dans le monde.

Dans un contexte ou l’Armée canadienne sert à conduire des guerres offensives, comme celle en Afghanistan, et où une majorité de la population québécoise rejette cette orientation politique, peut-on prétendre qu’elle sert les meilleurs intérêts des Canadiens?

Lorsque les militaires eux-mêmes sont instrumentalisés pour vendre une guerre à la population en organisant de nombreuses activités publiques et des parades; lorsque chaque départ, chaque mort, chaque retour de cercueil et toutes les funérailles de soldats servent à réaffirmer le devoir de  » supporter nos troupes  » et à museler toute critique en accusant de d’irrespect et de traîtrise ceux qui s’expriment, sert-on le meilleur intérêt des Canadiens?

Lorsque l’Armée canadienne utilise les familles de soldats mort au combat pour appuyer la prolongation d’une mission militaire, il y a de quoi être profondément indigné.  Tous ces éléments imposent une réflexion en profondeur et un débat public, que le gouvernement refuse.

7. Utilise-t-on nos enfants comme de la « chair à canon »? 

(Photo: navyleague.ca)
(Photo: navyleague.ca)

Selon le dictionnaire Robert, « chair à canon » est une locution familière pour désigner «les soldats exposés à être tués». Considérer que l’armée recrute de la chair à canon n’a rien d’une insulte. Il ne s’agit que d’un constat. Car, dans l’armée, tout le monde sait que les simples soldats sont plus exposés à la mort que les membres de l’état-major qui prennent les décisions ou les politiciens qui décident des guerres.

La vidéo récente, diffusée sur le site de la Fédération des femmes du Québec, qui tentait d’explorer les sentiments d’une mère opposée à la guerre actuellement en cours et qui fait face, pour une troisième fois, au départ de son enfant pour cette guerre impopulaire, est à ce titre une illustration qui fait réfléchir et réagir.

« Utilise-t-on nos enfants comme de la « chair à canon »? ».  À notre avis, la question de cette mère actrice garde toute sa légitimité. Même si l’image paraît exagérée,  n’oublions pas que la majorité des soldats morts en Afghanistan au service des Forces canadiennes n’avaient pas franchi le cap des 25 ans, et que la version moderne des guerres vise à minimiser les pertes en combattants, quitte à accepter plus de « dommages collatéraux », mort de civils afghans.  De fait, des parents de militaires se questionnent, et certains ont d’ailleurs questionné publiquement les Forces en ce sens.  Pour eux, s’engager dans ces polémiques représente un exercice dont ils préfèrent être épargnés.  De toute façon, il est important de souligner que les parents ou les familles des militaires ayant eu à subir les affres de la guerre ne sont pas la cible de ce questionnement.

Le recrutement de nos jeunes en utilisant les écoles publiques est un sujet suffisamment sensible pour qu’il soit débattu tant par les élèves, les enseignants, les parents et les divers paliers d’employés de nos structures scolaires.

8. Est-il devenu, aujourd’hui plus qu’hier, urgent de réclamer un débat public sur la politique canadienne de la défense?

La plupart des militants et militantes qui dénoncent la mission offensive de l’armée canadienne en Afghanistan visent essentiellement le gouvernement conservateur minoritaire qui utilise systématiquement les militaires des Forces canadiennes et leurs familles pour promouvoir sa guerre impopulaire et contrer toute opposition.  Sans déposer une nouvelle politique de défense au parlement, il applique unilatéralement son plan d’accroissement massif des dépenses militaires. « Le Canada d’abord » est un programme qui prévoit un accroissement de 100  milliards de dollars des dépenses militaires jusqu’en 2025; le budget annuel des Forces passera ainsi de 21 milliards actuels, à près de 30 milliards en quinze ans. Déjà, les acquisitions sont en cours avec les chasseurs à capacité nucléaire F-35. Le plus gros contrat de l’histoire du pays!

Le simple fait de savoir que les enseignants de nos jeunes sont approchés dès l’école primaire par le Ministère des anciens combattants, la Marine des Forces Canadiennes, la Ligue Navale de l’armée canadienne pour promouvoir l’armée devrait inquiéter les parents au plus haut point.  Si vous ne vous occupez pas de l’armée, les militaires eux s’intéressent à vos enfants.

9. Quel est le lien entre le recrutement et la guerre en Afghanistan?

Les corps des 5 canadiens tués en Afghanistan en décembre 2009. (Photo: TVA nouvelles)
Les corps des 5 canadiens tués en Afghanistan en décembre 2009. (Photo: TVA nouvelles)

L’actuelle guerre en Afghanistan a servi de justificatif à un accroissement faramineux des dépenses militaires. L’armée a utilisé la manipulation, en prétendant qu’il fallait appuyer nos soldats qui allaient secourir les femmes afghanes. Notre gouvernement dépenserait ainsi des centaines de millions par mois, et ferait des achats d’équipements à coup de milliards pour, soi-disant, défendre la cause des femmes afghanes.  Mais il a refusé en août 2009 de se dissocier du gouvernement Karsai lorsque ce dernier a passé une loi autorisant le viol conjugal.

Avoir des soldats qui meurent au combat est un levier très pratique pour des militaires de haut rang qui veulent pousser les autorités politiques à acheter des nouveaux équipements.  On prétend l’obligation d’assistance à un peuple opprimé, on envoi les militaires à la guerre, puis, pour leur sécurité, on persuade la population de la nécessité d’acheter une panoplie de nouveaux équipements militaires.  A quiconque s’oppose, on rétorque que c’est pour la sécurité de nos jeunes militaires.  La guerre offensive en Afghanistan ne serait-elle pas, finalement, qu’une cynique entreprise de marketing pour vendre l’obligation d’acheter des équipements militaires aux canadiens?  La question mérite d’être posée.

Ainsi, par la manipulation, le véritable enjeu de la guerre est évacué de tous les débats. Les dirigeants évitent à tout prix de parler des intérêts occidentaux dans cette guerre.  L’intérêt de notre allié principal dans cette guerre est le positionnement géostratégique d’un gouvernement ami et l’assistance au positionnement des autres puissances occidentales au cœur stratégique de l’Asie centrale. On n’ose pas évoquer le fait que les soldats canadiens servent au positionnement du gouvernement Hamid Karsai entre les richesses en énergies fossiles de la Mer Caspienne et les trois puissances à plus fort potentiel de développement économique de la planète (La Russie, la Chine et l’Inde), et ce dans l’arrière-cour des défiantes forces iraniennes.  Pour le gouvernement, il ne faut surtout pas brouiller les cartes en soulignant la création de l’Organisation de Coopération de Shangai, de plus en plus défiante.

10. Les Forces canadiennes ont toujours fait du recrutement…pourquoi en parler maintenant?

Cette nouvelle orientation offensive de la politique canadienne, combinée aux départs massifs des baby-boomers, a créé une pénurie au niveau des effectifs militaires. Cela est à la base d’une offensive de recrutement sans précédent qui mérite d’être bien considérée.  Dans le cadre de nouvelles missions de guerre, afin de fournir un nombre important de soldats pour des opérations de combat terrestre,  les Forces canadiennes ont lancé une très importante offensive de recrutement. L’ex-commandant des Forces canadiennes Rick Hillier a annoncé en 2003, l’Opération Connexion qui mobilise toutes les instances de l’armée pour contribuer au recrutement militaire. On vise les proches des militaires, et on mobilise tous le personnel, soit plusieurs dizaines de milliers de personnes au pays. Mais cela ne suffit pas; il faut aussi mobiliser les organismes para-militaires tels que les Ligues de Cadets, les associations d’anciens combattants, certains organismes caritatifs liés à l’armée (amputés de guerre et Légion canadienne) et les nombreuses autres associations de défense dans l’effort de persuasion.  Comble de l’aberration, pour son Centenaire, la Marine canadienne tente même d’utiliser les enseignants dès la maternelle.

Les efforts de l’armée pour pallier au départ des babyboomers et combler les besoins en effectifs pour mener à bien les missions offensives sont sans précédents.  Ce contexte particulier explique l’importance de contrer les efforts de recrutement actuels.

11. L’armée n’est-elle pas une institution importante pour toute société démocratique?

Ce qui est dénoncé dans les politiques canadiennes de la défense, c’est le coûteux changement de cap sous la commande du gouvernement conservateur et qui a un impact sur la vie de tous. Le changement se réalise au mépris de la démocratie canadienne.  Le gouvernement n’a procédé par aucune étape démocratique pour ce changement à long terme de la politique gouvernementale. Aucun nouveau Livre blanc n’a été déposé pour justifier l’abandon des missions de paix dans le cadre des Nations Unies, aucune étude ni consultation sur les conséquences de cette réorientation vers des actions offensives sous le commandement de l’OTAN n’a été effectué.  Aucune opposition n’a pu évaluer les conséquences de ces changements tant dans la politique de Défense, que dans les Affaires Extérieures, qu’au niveau de l’impact sur le Ministère des anciens combattants et sur les familles canadiennes.

Dans cette démarche, le fait que les soldats des Forces canadiennes soient en guerre et que nous devons « supporter nos troupes » a systématiquement servi d’argument bâillon pour museler toute opposition, tout débat et tout questionnement.  Il est déplorable que même l’opposition politique n’ait pas eu le courage de dénoncer cette situation.

Jeunes cadets. (Photo: Erick Labbé)
Jeunes cadets. (Photo: Erick Labbé)

Aujourd’hui, la guerre se poursuit et nous n’avons rien à dire. Nous sommes face à un recrutement intensif de nos jeunes grâce à une foule de programmes d’intéressement.  Les agences de l’armée, comme les Ligues de cadets sollicitent nos jeunes parfois dès l’âge de 9 ans et généralement à 12 ans et 16 ans, dans les écoles. On utilise de nombreux incitatifs économiques pour attirer les plus pauvres et les jeunes des régions plus démunies en termes d’activités jeunesse. Les Forces canadiennes mobilisent les efforts des membres de corps enseignants appartenant aux réserves de l’armée, leur donnant l’ordre d’approcher nos jeunes pour les intéresser à la carrière militaire.  Les parents doivent-ils garder le silence parce que nos soldats sont au combat?

Nos programmes sociaux disparaissent, nos ressources sont dilapidées et la population canadienne est soumise à d’importantes contraintes économiques. L’abus dans les dépenses militaires peut déstabiliser l’économie d’un pays, et son équilibre social. On n’a qu’à regarder la situation chez notre voisin du sud.  Pendant ce temps, les hauts gradés de l’armée, en symbiose avec l’industrie militaire, s’enrichissent à nos dépens, avec nos impôts.  Et nous devrions nous taire!