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Les exploitants d’hydrocarbures:

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QUELLE DÉFENSE FACE À UNE INVASION?

Nombreux sont les Québécois qui perçoivent l’industrie des hydrocarbures comme une menace à leur environnement immédiat. Pour une majorité de plus en plus grande, elle représente une invasion économique indésirable dont il est nécessaire de se protéger. Mais, comment se défend-on contre une menace économique?

Traditionnellement, la défense d’un territoire évoque la responsabilité d’un gouvernement de mobiliser une armée pour repousser une invasion. L’État, par ses représentants, reconnaît son rôle de garant de la stabilité sur son territoire. Mais que faire lorsque les représentants de l’État semblent avoir capitulé devant les forces économiques et leurs lobbys? Que faire quand celles-ci menacent de prendre le contrôle de nos deux richesses les plus précieuses, en l’occurrence, notre terre et notre eau douce ? Les citoyens ont-ils d’autres choix que d’organiser leur propre défense?

Défense citoyenne?

Établir les moyens d’action et d’interposition pour contrer l’envahisseur et rendre ses projets économiquement prohibitifs semble un choix d’auto-défense civile qui va de soi. En autant que les moyens choisis pour le faire fassent preuve de crédibilité, que le plan de leur mise en œuvre s’avère réaliste et que la menace de les mettre en branle soit dissuasive pour l’envahisseur. Le défi n’est-il pas de créer une situation dans laquelle les magnats des combustibles gaziers trouveront les coûts de la mise en œuvre de leur projet supérieurs aux bénéfices qu’ils espèrent en tirer?

Au Québec présentement, des projets locaux font face à une vive opposition citoyenne; des projets d’envergure sont retardés et continuellement contestés; les gens se mobilisent, souvent avant même les premières « pelletées de terre ».

C’est ce que confirme Carole Dupuis, la présidente du Regroupement Vigilance hydrocarbures Québec, qui croit par ailleurs bien comprendre l’impulsion de toute cette mobilisation : « Lorsque les autorités servent les lobbys financiers et industriels au détriment du bien commun, la population a le devoir de s’interposer. C’est là tout le sens de l’opération Vous NE passerez PAS. » Pour Gérard Montpetit du comité de protection de l’environnement Maskoutain, le mouvement est même bien parti, avec les moyens qu’il faut, pour être dissuasif : « Avec l’opération Vous NE passerez PAS, dit-il, nous nous sommes dotés d’un outil pour dissuader les pétrolières et les gazières de s’attaquer à notre sous-sol. Mais si cette industrie venait à « caller » notre main dans ce jeu de poker, nous avons les moyens de rendre tout forage extrêmement dispendieux. Ce n’est pas du bluff! ».

 

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La clé, se préparer

La preuve est évidente que ces investisseurs et leurs complices trouvent sur leur chemin une campagne citoyenne hostile. La société civile québécoise semble prête à une confrontation avec ce qui est perçu comme une agression. Nombreux sont ceux qui considèrent essentiel de concevoir, préparer et organiser la défense de l’eau, notre eau douce contre l’invasion des énergies fossiles.

Cette campagne citoyenne a lancé un ambitieux programme de formation de groupes citoyens. Les membres citoyens s’initient à l’action directe non-violente, mettent en place des moyens de communication visant à dissuader les entreprises. Ils préparent localement la résistance aux projets d’extraction et entrevoient de multiples actions d’interposition.

La stratégie de défense populaire trouve les clés de sa réussite dans la planification et l’organisation généralisée. Pour faire douter l’envahisseur, il est important d’être sélectif quant aux objectifs à atteindre et à leur hiérarchie, d’orchestrer de l’interposition de manière ciblée en visant les lieux sensibles, les lieux de vulnérabilité. Il peut être tout autant nécessaire d’affaiblir les soutiens de l’adversaire. L’existence de l’État repose sur la collaboration de la population. Pour contrer un État devenu paria, il suffit de lui retirer toute collaboration et confronter les projets destructeurs.

Les mouvements citoyens opposés à l’invasion pétrolière semblent avoir résolument décidé de mettre en place des actions non-violentes collectives, de non-coopération et de confrontation avec l’adversaire. Ils visent à faire en sorte que celui-ci soit mis dans l’incapacité d’atteindre les objectifs économiques, politiques et idéologiques qui justifient son agression soit la construction de méga projets pétroliers et gaziers pour l’exploitation économique, l’accroissement de son influence et la domination politique.

La crise environnementale en cours et l’appétit insatiable des pétroliers maladifs constituent-ils les circonstances qui confirmeront la désuétude de la vision actuelle de sécurité sur un territoire?