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La commémoration d’Hiroshima à Montréal

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Dès 1980 l’organisme Project Ploughshares de Montréal et l’Union des pacifistes du Québec s’intéressent à la commémoration de la destruction d’Hiroshima. Mais c’est véritablement en janvier 1982 que commence l’histoire de cette tradition montréalaise qui commémore le bombardement atomique d’Hiroshima le 6 août 1945. La guerre froide est alors à son apogée et les États-Unis font pression sur les alliés européens pour déployer des missiles nucléaires aux frontières de l’URSS.

La probabilité de guerre nucléaire accidentelle s’accroît et mène à la création d’un gigantesque mouvement pacifiste en Europe. Les citoyens prennent la rue par millions tandis qu’à New-York s’organise la seconde session spéciale des Nations Unies sur le désarmement. Les organismes américains préparent une immense manifestation d’appui et invitent des survivants d’Hiroshima.

Pour promouvoir la manifestation, les organismes de paix de Montréal sont invités à organiser la partie québécoise d’une marche de Montréal à New-York à laquelle participeront des survivants d’Hiroshima. La Marche prendra le départ en avril 1982 après la signature du livre d’or de la Ville et en présence d’un survivant accompagné de représentants de l’ordre bouddhiste Nipponsan Myohoji dont la mission est d’organiser ce genre de marche pour la paix.

Entre 1983 et 1986, en pleine administration Drapeau, le mouvement pour la paix à Montréal adopte rapidement la philosophie écologiste: penser globalement et agir localement. Il vise l’élimination des armes nucléaires et adopte la stratégie internationale d’établir une Zone libre d’armements nucléaires à Montréal. Mais l’administration municipale de l’époque ne montre aucun intérêt pour la chose.

Les organismes pour la paix lancent alors une campagne épique dont l’événement central est la commémoration du bombardement atomique d’Hiroshima. Des campagnes se succèdent où des militants arpentent les rues de Montréal en peignant des ombres humaines sur le pavé et les trottoirs. Ce geste commémorait les personnes qui s’étaient désintégrées lors de l’explosion atomique et n’avaient laissés qu’une trace de cendre à forme humaine sur le sol. Jusqu’en 1986 ces campagnes mèneront à l’arrestation de plusieurs militants pour la paix par la police municipale.

Jean Doré et le RCM sont élu à la mairie de la ville en 1986. Le RCM appuyait ouvertement la campagne pour faire de Montréal une Zone libre d’armements nucléaires. Un projet de loi est déposé en ce sens et la Ville est déclarée ZLAN en 1989 (si ma mémoire est bonne). Dans le cadre du projet de réhabilitation du Vieux-Port de Montréal, un bâtiment inspiré de l’architecture du Dôme atomique d’Hiroshima est construit sur le bord du fleuve, en face du Marché Bonsecours, près de l’étang pour la location de pédalos. (voir la photo)

La ville d’Hiroshima établit un partenariat avec Montréal et la commémoration de la destruction d’Hiroshima débute au Vieux Port, au pied de la réplique du Dôme. Des vigiles, jeûnes, annonces et déclarations sont incorporés à l’événement année après année.

Pierre Bourque arrive à la Mairie en 1994. Ancien directeur du Jardin Botanique, il appuie la réalisation d’un jardin et d’un pavillon japonais. La tradition de commémoration d’Hiroshima sert la cause du Jardin Botanique. Les activités de commémoration y sont déménagées, tout près de la cloche de la Paix. Malheureusement, la cérémonie s’institutionnalise, devient un peu protocolaire et les organismes pour la paix réduisent leur participation.

Voici comment le site internet de la ville décrit la cloche de la paix:

http://www2.ville.montreal.qc.ca/jardin/japonais/cloche.htm

Gérald Tremblay est à la Mairie depuis 2001. Fort de la tradition pacifiste montréalaise, il fait passer une résolution déclarant le 21 septembre journée de la paix à Montréal, tout comme l’ont fait les Nations Unies. En mai dernier à New-York, il fait une allocution remarquée à la conférence internationale des Maires pour la Paix qui se tient en parallèle avec une importante conférence internationale sur le traité de non-prolifération des armes atomiques.

Le fait que les événements entourant la commémoration d’Hiroshima soient considéré cette année comme privé n’est probablement qu’une erreur administrative à laquelle il faut réagir en connaissance de cause. Il serait important que les organismes pour la paix du Québec réagissent en communiquant avec le bureau du Maire pour demander certaines explications et idéalement de réouvrir la cérémonie au public. Cette commémoration est un puissant acte de mémoire collective. Il ne viendrait jamais à qui que ce soit l’idée de transformer le « Jour du Souvenir » en commémoration privée, fermée au public. Pourquoi la commémoration d’Hiroshima?

Adresse courriel de notre allié…. geraldtremblay@ville.montreal.qc.ca