Écrit par Francesco Vargas, Mexico, 2006
L’histoire se serait passée en Amérique centrale ou du Sud : des paysans fuyant devant la violence, des hommes et des femmes prenant les armes devant tant d’injustices, des enfants sidérés par la perte d’êtres chers…
Le film « El violín » de Francisco Vargas raconte l’histoire de Don Plutarco, paysan et musicien faisant partie d’une guérilla tentant de renverser le gouvernement.
Il est centré sur le guérillero et sa rencontre avec le capitaine de l’armée ayant attaqué sa communauté, la faisant fuir vers la forêt avoisinante. Don Plutarco tente de retourner sur sa terre pour récupérer les munitions qui y sont cachées. Ce vieil homme manchot qui, malgré son handicap, sait bien manier l’archet, utilise la corde sensible du capitaine pour y parvenir : son amour de la musique populaire.
Trois générations sont évoquées dans ce film : Don Plutarco, père et grand-père avec son violon comme arme, Genaro, son fils qui prend les armes et entre dans le maquis et Lucio, le petit-fils qui héritera de l’amour de la musique et du goût de la lutte armée comme solution. Il faut souligner l’excellent jeu d’Ángel Tavira dans le rôle de Don Plutarco. Les personnages de ce film sont tous des acteurs naturels.
« El violín » a été sélectionné dans la catégorie « Un certain regard » du Festival de Cannes en 2006 et Ángel Tavira a gagné le prix d’interprétation. Ce film admirablement filmé en noir et blanc nous montre quelques façons de résister à l’oppresseur, que ce soit par les armes ou par la musique, mais en même temps il souligne la spirale de la violence dans laquelle de nombreux peuples sont entraînés. La communauté internationale si prompte à agir lorsque ses intérêts économiques sont en jeu, délaisse à leur sort les plus démunis et ceux qui sont des victimes flagrantes de violation de droits humains.
On se demande souvent ce qu’on peut faire pour contrer cette violence structurelle qui, encore aujourd’hui, est le lot quotidien de nombreux habitants de la planète bleue. Il suffit de penser à l’Afghanistan ou à l’Irak qui sont des poudrières et où la violence quotidienne est résumée dans de courts articles ou des extraits sanglants en vidéo. L’intervention civile non-violente peut être une solution holistique car elle intervient dans tous les secteurs et ne privilégie pas la solution armée mais la prise en charge par la population civile et par la communauté internationale d’une solution pacifique d’un conflit. Mais la question demeure : quand les hommes vivront-ils d’amour ?
Ce film fort et dérangeant nous questionne et soulève de nombreuses interrogations. À surveiller lors de sa sortie en club vidéo.