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Éduquer dans la paix

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Écrit par Médecins pour la survie globale

Nous espérons qu’en grandissant dans la paix, les enfants d’aujourd’hui deviendront des adultes pleins de compassion et moins tolérants aux violences envers l’autre.  Bien que la question du recours aux châtiments corporels sur les enfants ne soit pas encore un acte criminel au Canada, plusieurs lois provinciales contraignent cette pratique de façon stricte.  Nous croyons qu’une telle pratique est contraire aux aspirations de construction de la paix dans une famille.

Construire la paix chez soi?

(Photo: inconnu)
(Photo: inconnu)

La construction de la paix dans votre milieu de vie est la première voie d’action en ce sens.  Un tel engagement dans l’harmonie chez vous passe par l’établissement de relations mutuellement enrichissantes entre vous et vos proches, et le développement de la capacité de résoudre les conflits entre vos proches par des moyens pacifiques.

Quelles que soient vos pratiques traditionnelles et vos valeurs familiales, le meilleur endroit pour commencer à promouvoir la paix dans une société, c’est donc chez soi; dans sa propre famille.

Le parent qui veut éduquer ses enfants dans la paix, se base souvent sur les convictions suivantes :

• Chaque enfant est spécial, précieux et il possède une bonté inhérente qui doit être nourrie.

• Chaque personne mérite d’être traitée avec respect – tant les enfants, que les parents.

• Tous les membres d’une famille, des plus jeunes aux plus âgés, doivent coopérer pour s’entraider.

La fessée et ses conséquences

(Photo: inconnu)
(Photo: inconnu)

Pendant de nombreuses années, frapper les enfants « pour leur bien », a fait parti des mœurs québécoises.  Les gestes de contraintes, et les châtiments corporels; même dans les institutions publiques faisaient parti des pratiques courantes. Dans certains milieux, ne pas frapper un enfant était perçu comme une démonstration de laxisme parental, de permissivité.  Ces perceptions existent toujours dans certaines communautés.

Avec l’évolution des services sociaux et communautaires, des études ont établis des corrélations entre le recours aux châtiments corporels et de multiples effets pervers à long terme sur les enfants, notamment :

·         Une moins bonne confiance en soi;

·         Une peur et une plus grande anxiété;

·         Plus de dépression et un risque accru de suicide;

·         Plus de toxicomanie;

·         Un QI inférieur chez les filles;

(Photo: inconnu)
(Photo: inconnu)

·         Plus de violence envers les frères et les soeurs;

·         Plus de violence en dehors de la famille;

·         Plus de comportements antisociaux chez les adolescents;

·         Plus de violence conjugale à l’âge adulte;

·         Moins bonnes possibilités de gagner un bon salaire.

Les données qui émergent sont multiples.  Bien qu’il soit difficile d’établir un lien « de cause à effet »; ces corrélations ont été jugées suffisamment sérieuses pour interdire les châtiments corporels.

De plus, les parents qui ont recours au châtiment corporel courent un bien plus grand risque d’établir la peur dans la famille, de devenir des abuseurs et ultimement de sérieux bourreaux d’enfants.

Le châtiment corporel: nuisible

Cela ne signifie pas qu’une gifle nuira au développement de votre enfant ni qu’une personne qui a été frappée dans son enfance aura des difficultés à l’âge adulte. Ces résultats constituent des moyennes calculées à partir de centaines de personnes. Nous savons aussi que plus les châtiments corporels infligés aux jeunes sont sévères, plus les répercussions énumérées ci dessus sont graves.

(Photo: inconnu)
(Photo: inconnu)

Le châtiment corporel peut vous permettre de contrôler le comportement de votre enfant. Toutefois, on découvre que ce type de châtiment joue un rôle central dans le maintien de situations d’abus dans des milieux familiaux.  L’entretient de la peur chez les enfants, limitant la dénonciation, aurait joué un rôle certain dans le recours systématique à la contrainte physique.

Pour un encadrement de vos jeunes, le châtiment corporel, a un important effet pervers.  Son effet est de courte durée et le maintien de l’effet de cette forme de contrainte impose souvent une escalade dans les moyens de contrainte physique.   De plus, en ce qui concerne l’intention de base derrière l’éducation, soit le développement de l’autonomie de votre enfant;  on constate que l’effet inverse se réalise; l’enfant s’en donnera à coeur joie et aura le même comportement indésirable lorsque personne ne le surveillera.  Bref, l’effet de peur ne fonctionne pas, il ne responsabilise pas.

Nous voulons des jeunes autonomes et responsables

(Photo: inconnu)
(Photo: inconnu)

Ce que nous voulons vraiment, c’est élever nos enfants à l’aide de valeurs morales solides pour susciter les bons comportements et une bonne maîtrise de soi.  Nous voulons rendre nos jeunes autonomes et responsables; non pas craintifs et manipulateurs.

S’il est dangereux de le frapper, comment dois-je discipliner mon enfant?

C’est souvent la question que les parents intéressés à la non-violence posent.  Le point de départ est de comprendre que les enfants apprennent les bons comportements de différentes façons.  Même les enfants difficiles et impulsifs réagissent favorablement si certaines conditions sont mises en place.

Il devient essentiel de mettre en place de bonnes bases…

·         Entretenez des liens solides, avec vos jeunes. Cela signifie passer beaucoup de temps avec les jeunes enfants, à leur faire des câlins et à essayer de comprendre comment ils se sentent.

(Photo: inconnu)
(Photo: inconnu)

·         Établissez une relation de coopération avec l’enfant.  Dire « oui » chaque fois qu’il est raisonnable de le faire. Une référence utile sera souvent la sécurité, et la nécessité de combler des besoins fondamentaux.

·         Jouez, et amusez-vous aussi souvent que possible avec vos enfants; riez avec eux.  Ainsi vous détecterez efficacement les moments difficiles.

·         Il n’y a rien de mieux que de prêcher par l’exemple en ayant un comportement cordial, respectueux et coopératif envers tous les membres de la famille.

·         Essayez de limiter vos interventions, évitez de crier et de rabaisser les autres.  Le dénigrement psychologique est aussi une forme de violence.

Saisissez les occasions d’encourager le comportement désiré; ça évite d’agir toujours contre les comportements indésirables.

·         Ayez des attentes élevées, mais réalistes concernant le bon comportement de l’enfant.

·         Faites remarquer à votre enfant qu’il se comporte bien. Félicitez votre enfant lorsqu’il se comporte bien, même pour les petites choses plus difficiles à remarquer, comme le fait de jouer tranquillement et de ne pas vous interrompre.

·         Félicitez-le pour ses contributions à la vie familiale; et complimentez-le, surtout lorsqu’il rend service; un simple « Merci d’avoir mis le couvert avec soin. Ce geste nous aide beaucoup. »

(Photo: inconnu)
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·         Parlez, mais surtout, écoutez. Expliquez-lui le POURQUOI des choses; pourquoi il faut bien se comporter envers les autres et pourquoi il ne faut pas se comporter irrespectueusement?

·         Valorisez son point de vue et partagez le vôtre. Ne vous laissez toutefois pas entraîner dans des débats sans fin, surtout sur des choses qui sont fondamentales et qui ne sont pas négociables.

·         Observez beaucoup et guidez; c’est au cœur du rôle de parent.

·         La supervision et les conseils sont particulièrement importants lorsque les enfants sont jeunes, mais ils devraient se faire progressivement plus rares au fur et à mesure que les enfants grandissent.

Soyez vous-même, sincère et juste

Il faut des parents sincères.  Plus on multiplie les occasions de rencontre et de partage, plus on facilite le suivi au quotidien.

·         Créez des occasions d’empathie, de partage et d’aide au sein de la famille et ailleurs; ce sont ces moments qui génèrent des moments de qualité.

·         Enseignez aux enfants à résoudre leurs conflits en écoutant chaque côté du conflit; en se creusant la tête pour trouver des idées permettant de résoudre le conflit de manière juste et équitable et en mettant en pratique la meilleure de ces idées.

(Photo: inconnu)
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·         Racontez des histoires (livres, vidéos, etc.) aux enfants sur des personnes qui font preuve d’empathie, de coopération, de gentillesse, de courage et qui possèdent d’autres bonnes qualités.

·         Limitez leur exposition aux « héros » violents à la télévision, dans les jeux vidéo et dans les activités sportives.  (la lutte, la boxe et les arts martiaux ne s’harmonisent souvent pas beaucoup avec une vision de respect)

·         Organisez un conseil de famille. Faites participer tout le monde aux discussions sur les règles, les tâches domestiques, les conséquences et les projets. Les enfants ont peut-être d’excellentes idées auxquelles vous n’aviez jamais pensé. Il s’agit également d’une bonne formation aux prises de décision concertées et au travail d’équipe.

Personne n’est parfait

Le parent parfait n’existe pas, cherchons la justice et la cohérence pour minimiser les comportements indésirables. Pour bien des enfants, les idées énumérées ci-dessus suffisent. En revanche, d’autres enfants ont besoin de directives plus strictes; de formes de contraintes:

(Photo: inconnu)
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·         Les rappels peuvent être utiles, mais il faut les formuler de manière positive.  Par exemple, « J’aimerais que tu partages tes Lego avec ton frère », plutôt que « Arrête de prendre les jouets de ton frère ».

·         Encouragez votre enfant à faire preuve d’empathie envers les autres pour lui demander de bien se comporter. « Ta soeur ne peut pas dormir si tu écoutes la radio trop fort. »

·         Anticipez les problèmes et répétez les comportements désirés. Cela peut être utile avec les petits enfants qui s’emparent de tout et pleurnichent au supermarché ou avec les adolescents qui peuvent se laisser influencer à boire ou à fumer.

·         Annoncez les conséquences des comportements indésirables, expliquez le pourquoi…puis limitez les paroles et passez aux actions :

(Photo: inconnu)
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( i ) Période de réflexion. Quand un enfant pique une crise, il faut peut-être qu’il passe du temps à l’écart. Avant de l’envoyer ailleurs, prévenez-le de ce qui risque d’arriver si son comportement ne change pas. Dites-lui « Premier avertissement », puis attendez. Ensuite, « Deuxième avertissement », puis attendez. Enfin, dites « Troisième avertissement. Maintenant, tu dois aller dans ta chambre. »

( i i ) Rappel à l’ordre. Parfois, il se peut que vous ayez à rappeler votre enfant à l’ordre et à discuter du comportement qui pose problème.

( i i i ) Conséquences naturelles et logiques. Par ex. « Si tu ne te brosses pas les dents, j’ai bien peur de ne plus pouvoir te donner quoi que ce soit qui contienne du sucre car le sucre va te donner des caries. »

(iv) On répare les torts. Aidez votre enfant à assumer ses responsabilités. Par ex. « Va demander pardon à Lisa et va lui dire que tu vas l’aider à reconstruire son vaisseau spatial ».

Y’a pas de magie!

(Photo: inconnu)
(Photo: inconnu)

Éduquer ses enfants, c’est à la fois un des plus grands défis que nous lance la vie, et une des plus grandes joies qu’elle nous procure. Les stratégies énumérées ici ont déjà fait leurs preuves – nous savons qu’elles fonctionnent.   Les coups ont surtout l’effet inverse de celui souhaité par les parents à long terme.

Mais il faut préciser qu’il n’y a pas de solution magique bonne pour tous les enfants, et toutes les fois. Tous les parents connaissent des moments où ils sont moins tolérants. Si vous désirez en savoir plus, veuillez entrer en contact avec un centre de santé mentale pour enfants ou avec une association de service familial dans votre région.

Voices for Children (en anglais seulement)

www.voices4children.org

Société canadienne de pédiatrie

www.soinsdenosenfants.cps.ca/index.htm