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De la dictature à la démocratie: un cadre conceptuel pour la libération

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Extrait de l’ouvrage: Gene SHARP (2009), De la dictature à la démocratie: un cadre conceptuel pour la libération, L’Harmattan, Paris; 137 p.

Pour consulter l’ouvrage complet, veuillez cliquer sur De la dictature à la démocratie

dictature democratie livreFAIRE FACE AVEC RÉALISME AUX DICTATURES
CES DERNIÈRES ANNÉES, différentes dictatures – d’origine nationale ou installées par intervention étrangère – se sont effondrées face à une population défiante et mobilisée. Souvent considérées comme solidement ancrées et invincibles, certaines de ces dictatures se sont révélées incapables de résister à une défiance sociale, politique et économique concertée par le peuple. Grâce à des défis populaires principalement nonviolents, depuis 1980 des effondrements semblables se sont produits en Estonie, en Lettonie, en Lituanie, en Pologne, en RDA, en Tchécoslovaquie, en Slovénie, à Madagascar, au Mali, en Bolivie et aux Philippines.

Résistance civile non-violente à Jeju, en Corée du Sud, contre la construction d'une base militaire. Lors d'un référendum en 2007,  94 % des votes s'opposaient à cette construction. (Photo: inconnu)
Résistance civile non-violente à Jeju, en Corée du Sud, contre la construction d’une base militaire. Lors d’un référendum en 2007, 94 % des votes exprimait une opposition à cette construction. (Photo: inconnu)

La résistance nonviolente a fait progresser la démocratie au Népal, en Zambie, en Corée du Sud, au Chili, en Argentine, en Haïti, au Brésil, en Uruguay, au Malawi, en Thaïlande, en Bulgarie, en Hongrie, au Nigeria et dans différents pays de l’ancienne Union Soviétique – en jouant un rôle important dans la défaite de la tentative de coup d’État d’août 1991. De plus, des mouvements de défiance politique massifs se sont développés en Chine, en Birmanie et au Tibet ces dernières années. Bien que ces luttes n’aient pas mis fin aux dictatures en place ou aux occupations, elles ont exposé à la face du monde la nature répressive de ces régimes et ont apporté aux populations une précieuse expérience de cette forme de lutte.

L’effondrement des dictatures dans les pays cités ci-dessus n’y a certainement pas éradiqué tous les autres problèmes : la misère, la criminalité, l’inefficacité bureaucratique et la destruction de l’environnement, qui sont souvent l’héritage des régimes brutaux. Néanmoins, la chute de ces dictatures a réduit au moins la souffrance des victimes de l’oppression et a ouvert le chemin vers la reconstruction de ces sociétés avec plus de démocratie politique, de liberté personnelle et de justice sociale.