Écrit par Simon Moyle
En fin septembre 2012, une quarantaine de personnes, même si peu nombreuses, ont réussi à bloquer pendant deux jours l’entrée de la base militaire, Swan Lake, la plus grande de l’Australie. L’article dresse un compte rendu de cette action citoyenne d’opposition au militarisme et à la guerre.
Jour de préparation et d’orientation
L’idée était de se rassembler à cette base, à Victoria sud, du 23 au 27 septembre 2012. La première journée était consacrée à la confection des bannières. C’était également le temps de se faire connaître, de s’informer sur ce qui se passe en Afghanistan et d’apprendre comment la base contribue à cette guerre.
Jour d’entrainement
Le lendemain, c’était l’entraînement, joignant théories et tactiques de blocus. Aussi, un atelier sur les arrestations et les implications légales de l’action a dû être organisé pour répondre aux questions des participants. La nuit tombée, « les enfants nous ont conduits à travers une allée éclairée à la lanterne, à l’entrée de la base, où ils lisaient ces mots écrits par les militants Afghan Peace Volunteers : Nous voulons vivre sans guerre et c’est par l’Amour que nous demandons la paix.»
L’action
Le troisième jour, raconte l’article, « nous nous sommes levés de bonne heure pour nous rendre à l’entrée. Environ 10 à 15 policiers sont subitement arrivés. Nous nous sommes rendu compte que, au nombre de 40 que nous étions, avec une quinzaine d’entre nous qui désiraient se faire arrêter, nous avions une plus grande chance d’occuper la place plus longtemps que les années précédentes.
Les premières autos sont arrivées vers 6h00. Rapidement, en formation d’étoile, comme nous l’avions pratiqué le jour avant, nous nous sommes sentis forts et prêts à être arrêtés. La police nous a donné l’ordre de nous déplacer; il y en a qui se sont déplacés, mais le plus grand nombre a résisté. Puis, la police nous a extraits un par un de l’action. Entre-temps, quelques autos ont réussi à passer au milieu des bloqueurs.
Le deuxième round s’est déroulé presque de la même manière, mais, cette fois, nous avons trouvé une façon de leur rendre difficile la tâche de nous extraire. Il était évident que les policiers ne voulaient pas nous arrêter même si nous avons refusé plusieurs fois d’obéir aux ordres de dégager le passage.
À 7h00, ils ont décidé d’arrêter toutes les autos jusqu’à 8h00 pour qu’ils ne soient pas obligés de nous extraire du chemin chaque fois qu’une auto arrive. Dans une heure, une longue queue d’autos s’est formée, obligeant la police de nous extraire de nouveau. Mais notre action a continué. Chaque fois qu’un manifestant a été extrait, un autre l’a remplacé. Finalement, frustrés, les policiers ont dû arrêter leurs efforts. Le blocus a tenu bon et la situation est restée la même pendant deux jours même si la police a essayé une autre fois de nous faire bouger.
Nous avons ciblé cette base et son implication à la guerre en Afghanistan quatre fois depuis mars 2010 quand quatre activistes ont réussi à y pénétrer. Après le procès d’octobre 2010 qui suivait cette action, nous sommes revenus en juillet 2011 pour faire un autre blocus de 4 jours. Ce mouvement a grandi jusqu’à regrouper 70 personnes.
Analyse de l’action du 23 au 27 septembre
Comment expliquer le succès de cette action?
Plus de personnes que d’habitude étaient prêtes à risquer l’arrestation. Le fait que nous avons décidé de concentrer les militants prêts à être arrêtés pour une même journée au lieu de quatre jours comme l’année précédente, a créé de sérieux problèmes d’organisation pour la police concernant les arrestations, le transport et d’autres procédés.Les activistes étaient bien préparés : une journée complète de formation et des jeux de rôle. Ils sont devenus plus confiants, plus déterminés, disciplinés et calmes.
Le fait que la base ait seulement une entrée; les activistes pouvaient concentrer leurs efforts à une seule place.
La décision opérationnelle de la police de ne pas passer aux arrestations nous est apparue des plus curieuses. Nous pensons que la décision est venue du Département de la Défense qui ne voulait pas faire la publicité de l’événement dans les médias. Mauvaise décision! Car il y a eu plus de médias qu’il n’était prévu. Peut-être aussi que la police a sous-estimé notre détermination ou le nombre qui participerait à notre groupe.
Bâtir de cette façon des communautés de praxis non-violentes est une preuve qu’il est possible d’avoir un succès tactique avec de petits groupes. Il n’est pas nécessaire d’attendre jusqu’à l’émergence d’un grand mouvement de masse. De petits groupes peuvent appliquer des tactiques actives, déterminées, disciplinées et calmes. Aussi, le fait d’être ensemble pendant une semaine crée un esprit de camaraderie et de plaisir, ce qui en fait un lieu attrayant et essentiel pour soutenir ce type d’action.