Dans la province de Kibungo, à l’est du Rwanda, au coeur de marais et de pâturages, tout près de la frontière de Tanzanie, il y a une colline de pierre surplombée par un petit village qui se nomme Nyarubuye. Une petite école domine le lieu dorénavant inhabité. Le seuil de la porte d’entrée franchis, c’est le choc.
Plus de cinquante cadavres en décomposition avancée couvrent le sol. Des restes humains, principalement des os, sont toujours enveloppés de bout de tissus qui furent autrefois des vêtements colorés. Les ossements sur lesquels on devine encore des lambeaux de chair sont entourés d’objets personnels, sacoches, poupées et pièces de vêtements éparpillés ça et là. Les morbides restes humains en pièces détachées suggèrent les terribles événements qui se sont déroulées lors du drame sanglant. A quelques pas, dans l’herbe haute quelques os blanchis par la chaleur suggère une femme dont les membres et le crâne ont été fendus à la machette. On soupçonne une vingtaines de corps d’enfants dont la plupart ont été démembrés à l’arme blanche. Une vision qui glace le sang. Plus d’un an après le génocide qui a décimé plus de 75 % de la communauté ethnique Tutsi du pays, ce village des horreurs constitue une mémoire concrète de la folie humaine.
La petite école est dorénavant une mausolée à ciel ouvert à la mémoire d’un des événements les plus sombres de l’histoire humaine.