Chronologie d’une véritable révolution non-violente en Europe de l’Est, qui retrace les origines des mouvements actuels pour une démocratisation à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
1940
La résistance des populations au régime communiste a débuté dans les années 40 dès les premières annexions forcées des États souverains de la mer Baltique par l’empire soviétique stalinien. L’écart de force considérable entre l’armée d’invasion et les minuscules Etats rendait futile toute résistance armée et incita les populations à se tourner vers une résistance passive qui rendait l’occupation plus onéreuses et indisposait l’envahisseur.
1953
Après la mort de Staline, la répression violente des mouvements syndicaux de l’Allemagne de l’Est fut une démonstration évidente de la force oppressive du système soviétique même face aux travailleurs. Elle permit aux mouvements d’opposition politique de faire l’expérience aussi bien de la voie à suivre que de celle à ne pas suivre. En effet, la lutte non-violente s’était avérée un outil d’opposition redoutable mais les débordements violents avaient neutralisé son effet.
1956
Les massacres qui suivirent les soulèvement populaires de Hongrie en 1956 confirmèrent définitivement que le recours à la violence n’était pas la voie à suivre pour avoir raison de la puissance militaire soviétique. Les militants ont compris son effet contre productif, surtout lorsque les moyens violents sont le principal avantage de l’adversaire.
1968
L’invasion du territoire tchécoslovaque en 1968 constitua un premier défi de taille pour le contrôle militaire et économique que voulait imposer la super puissance. Malgré l’échec des réformes tchécoslovaques pour établir « un nouveau socialisme à visage humain », le bain de sang appréhendé n’a jamais eu lieu. Par sa créativité, sa discipline, son sens de l’humour et surtout son courage, la population tchécoslovaque parvint à révéler clairement que la plus grande faiblesse du système soviétique réside dans le fait qu’il est imposé à la population et qu’il ne se soucie pas de ses aspirations profondes.
1981
L’arrivée au pouvoir d’une dictature militaire en Pologne amena le syndicat ouvrier Solidarnosc, sous la gouverne de Lech Walesa, à organiser une résistance populaire d’envergure. Cette lutte, ponctuée de nombreuses confrontations avec le pouvoir et d’actions non-violentes exceptionnelles, culminera au bout de 10 longues années par le renversement de la dictature militaire et la tenue d’élections libres qui permirent au mouvement d’opposition ouvrier de prendre le pouvoir. Une gigantesque brèche était créée dans le monolithe du communisme soviétique.
1989
Ces événements ont profondément marqué la tradition de lutte politique en Europe de l’Est. Ils ont forgé le contexte politique, économique et social qui a conduits aux transformations politiques de l’hiver 1989 et mené à la chute du Mur de Berlin. L’Union Soviétique avait épuisé toutes les options disponibles pour consolider son emprise politique et économique. Ses efforts pour imposer ses vues aux populations d’Europe de l’Est avaient échoué et le cloisonnement permanent des frontières était de moins en moins efficace. La population résistait ou fuyait.
Comme de véritables raz de marée, des millions de personnes sans recourir à la violence ont pu forcer la frontière entre l’Autriche et la Hongrie et sonné le glas du régime politique. L’exode massive a conduit à l’ouverture de la frontière entre l’Allemagne et la Hongrie, puis au démantèlement de toutes les barrières frontalières. Le Mur de Berlin avait définitivement perdu sa raison d’être et fut démantelé. Plus que tout autre facteur, c’est la détermination des populations à changer les choses qui est devenue une force politique et a conduit à la victoire.
2003
Trois ans après le démantèlement de l’URSS, la Géorgie avait repris son indépendance et avait élu comme premier dirigeant Édouard Chevarnadze, un « héros » de la perestroïka soviétique. Celui-ci gouverna comme un chef de clan, tolérant la corruption à grande échelle et la dilapidation des milliards reçus en aide internationale. La désillusion et l’indignation s’installent dans la population et le trucage des élections de novembre 2003 fait déborder le vase. C’est dans la non-violence que le peuple se révolte et déclenche la Révolution de velours qui permet de renverser le pouvoir et de porter à la présidence un leader de l’oppopsition, Mikhaïl Saakachvili.
2004
La population ukrainienne célèbre le 15e anniversaire de la chute du Mur de Berlin en entreprenant sa Révolution orange inspirée des expériences non-violentes précédentes. Le pouvoir pro-soviétique est renversé et Victor Iouchtchenko accède à la présidence du pays.
(Voir le texte ci-après)