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ACTE 3 Retrait des troupes Syriennes et nouveau gouvernement de transition

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Un attentat à la voiture piégée dans la banlieue chrétienne de Beyrouth à Jdeideh vient réveiller la peur des vieux démons et le risque de déstabilisation. Cette fois les doutes ne semblent plus permis, une organisation de l’ombre cherche bien à semer la terreur en perpétrant des attentats destinés à intimider les partisans du Liban libre de toute présence étrangère.

Le vide politique depuis la démission du gouvernement Karamé le 28 février ne peut que favoriser les partisans de la terreur. Il est donc urgent d’avancer et de s’entendre pour mettre en place un réel pouvoir de transition jusqu’aux législatives.

Le rapport de la commission de l’ONU sur l’assassinat de Rafic Hariri est rendu public le 17 mars (?) par Kofi Annan. Son ton acerbe est particulièrement accablant pour les services de sécurité libanais et syriens. Il estime que l’enquête libanaise souffre de « négligences sérieuses et systématiques» et impute à Damas la responsabilité de la tension qui a précédé le meurtre de l’ancien Premier ministre. Il conclut à la nécessité d’une commission d’enquête internationale en bonne et due forme mais estime qu’une telle commission ne pourrait mener à bien sa tâche « tant que l’actuelle hiérarchie des services de sécurité libanais restera en place ».

Parallèlement, la situation politique stagne alors que les Chrétiens fêtent Pâques. Un nouvel attentat à la voiture piégée fait quelques blessés et de gros dégâts matériels dans la nuit de samedi à dimanche dans la banlieue-est de Beyrouth. À Dékouané, l’entrevue entre le Président Lahoud et la Patriarche Sfeir entrouvre la porte d’un compromis acceptable en vue de la formation d’un cabinet de transition pour préparer les élections législatives tout en respectant le calendrier prévu et en garantissant un climat de sécurité dans tout le pays. Il ne reste que 15 jours avant le début des délais constitutionnels pour la convocation du corps électoral.

Après quatre attentats, dont un le Vendredi Saint, et l’annonce officielle du retrait définitif de l’armée syrienne et de ses services de renseignements, O. Karamé après de nombreuses tergiversations promet la formation d’un cabinet pour permettre la tenue des élections législatives dans les délais constitutionnels. L’ONU se saisit de l’enquête sur l’assassinat de Hariri alors qu’il y a unanimité au Conseil de sécurité sur la création d’une commission internationale avec un mandat de trois mois, renouvelable une fois.

Malgré la crainte de nouveaux attentats, musulmans et chrétiens continuent, ensemble, de défiler sur la tombe de Hariri. Des représentants de la société civile qui jouent un rôle dans ce « printemps libanais » remettent en cause le confessionnalisme des partis politiques et de la vie sociale en général. Intellectuels, artistes, militants entendent desserrer le carcan qui empêche la modernisation du pays.

Devant l’impossibilité de former un gouvernement, Omar Karamé jette l’éponge. Najib Mikati, est nommé nouveau premier ministre. La nomination de ce proche de la Syrie peut être un signe d’espoir dans la mesure où 37 députés se réclamant de l’opposition ont voté pour lui. Il compose rapidement un cabinet de 14 membres dont aucun ne doit être candidat aux prochaines élections législatives. Alors que la nouvelle équipe gouvernementale se mettait au travail à Beyrouth, notamment pour mettre rapidement en place les procédures permettant la tenue des élections législatives d’ici le 31 Mai, la famille Hariri intronisait Saad Hariri comme le successeur de son père dans la perspective de l’avenir du pays.

On observe des scènes de liesse populaire alors que l’armée libanaise prend le relais des militaires syriens dans plusieurs points stratégiques de la Bekaa. Une page de l’histoire du Liban moderne se tourne enfin: le dernier militaire syrien quitte le territoire au terme d’une présence de 29 années qui n’avait que trop duré. Le Liban peut enfin proclamer sa souveraineté au sens de la résolution 1559 de l’ONU.

Le 26 avril, le Premier ministre Nagib Mikati obtient un vote de confiance quasi-unanime du parlement libanais. La route vers des élections législatives libres et démocratiques vers 29 Mai 2005 est ouverte et la fixation définitive du mode de scrutin est le principal enjeu des jours suivants. Même si le résultat du compromis interlibanais demeure assez opaque, les politiques ont prouvé, au lendemain du départ du dernier soldat syrien, qu’ils étaient capables, bon gré mal gré, de gérer seuls le pays et de régler leurs problèmes en famille.