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UN RÉFÉRENDUM GAGNANT

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Depuis plusieurs années, le Centre donne des conférences sur les dynamiques de lutte politique et les mécanismes de transformation sociale par la non-violence. Nous observons attentivement les dynamiques de pouvoir et étudions les mouvements de lutte non-violents.

Une question est revenue à maintes reprises lors d’échanges. Qu’est-ce qui pourrait se produire advenant un OUI au référendum? Comment le Québec pourrait-il vraisemblablement accéder à l’indépendance? En cet anniversaire du référendum, et avec nos connaissances du déroulement des luttes populaires, nous avons tenté de relever le défi.

 

SCÉNARIO DE POLITIQUE FICTION.
***LA RÉSISTANCE CIVILE QUÉBÉCOISE***

Octobre 2010, le parti québécois est au pouvoir depuis trois ans. Le mouvement indépendantiste de la province travaille depuis ce temps pour préparer le référendum afin de quitter la fédération canadienne.

En cette soirée d’octobre, le résultat est annoncé, une majorité de la population de la province de Québec a opté, par un référendum, pour l’indépendance. Immédiatement, le gouvernement fédéral refuse de collaborer, questionne la légitimité du référendum, du scrutin, de la question et des référendums à répétition. Il prend immédiatement des mesures de présence accrue pour surveiller les lieux névralgiques de transport, d’énergie et de communication, le temps que les choses se calment.

Les indépendantistes sont en liesse, les festivités sont massives et durent plusieurs jours. La présence préventive des autorités fédérales est remarquée et mène à des débordements mineurs.

La réaction des populations canadiennes subissant cet acte de sécession sont virulentes, on revendique ouvertement et avec insistance le recours aux forces militaires pour stopper l’acte de sécession. Si on a utilisé l’armée dans le passé pour un enlèvement, et l’agrandissement d’un terrain de golf sur un site autochtone, on insiste pour que le gouvernement bouge. Suite à des pressions économiques, politiques et d’intérêts privés le gouvernement fédéral décide d’occuper les sites de sa juridiction grâce à ses forces de l’ordre et à certaines troupes militaires. Ce geste du gouvernement vise à faire taire les critiques et à montrer la détermination du fédéral à agir.

Les forces de l’ordre, en route, sont remarquées, certains média s’offusquent et ils font face aux militants souverainistes manifestant leur indignation. Ce mouvement des forces de l’ordre et d’unités militaires met le feu aux poudres. Quelques affrontements violents ont lieu et font monter la tension.

Au cours des semaines qui suivent le vote pour l’indépendance, les négociations fédérales-provinciales piétinent, les manifestations populaires se multiplient partout dans les grands centres de la province de Québec, et la situation économique se dégrade. Le discours de certains militants souverainistes se radicalise et un certain nombre d’actes de violence, vandalisme, enlèvements et bombes sont perpétrés.

Certaines minorités, dont des groupes autochtones, affichent ouvertement leur opposition à la sécession et cette situation mène à des confrontations à teneur raciste. Deux confrontations mènent à de malheureuses pertes de vies. Les communautés mohawk lèvent des sièges. Plusieurs voient émerger une nouvelle crise autochtone. La tension est vive dans les régions touchées.

Le gouvernement fédéral s’impatiente, aucun compromis ne semble poindre à l’horizon. Insatisfaits, et après des tractations territoriales infructueuses, le fédéral opte pour une occupation pour contrecarrer une scission du territoire, éviter les émeutes et protéger les infrastructures sous sa juridiction qui sont de plus en plus à risque.

Les remous politiques et populaires qu’entraîne une telle situation sont de plus en plus associés à une crise politique croissante qui peut mener à des confrontations armées. Cette situation mène à des réactions économiques et à des pressions internationales de plus en plus insistantes. Le fédéral est dans un cul de sac qui le mène droit vers:

UNE OCCUPATION MILITAIRE

Au Québec, le bon sens le plus élémentaire l’emporte, le gouvernement de la nouvelle Nation réalise qu’il ne peut pas utiliser la force des armes. Il réalise qu’il a créé une situation explosive qui ne laisse que peu de portes de sortie aux politiciens canadiens. Il mobilise ses propre forces de l’ordre pour protéger les intérêts fédéraux et les communautés autochtones vulnérables. Il lance un appel au calme, à l’action non-violente et condamne énergiquement tout les actes de violence.

Heureusement, un plan d’action avait été élaboré. D’imposantes manifestations sont organisées et bénéficient d’un service d’ordre entraîné par les mouvements syndicaux, des alliés traditionnels. Les gens sont encouragés à nuire de toutes les façon possibles aux actions des fédéraux. Les média sont mis à contribution pour transmettre les consignes de résistance. Tous les repères pouvant permettre aux troupes d’occupation de s’orienter, de localiser et d’identifier des personnes jugées indésirables sont éliminés dans la métropole. Un gouvernement clandestin est organisé et des infrastructures de communication mobiles sont mis en opération.

Le gouvernement en devenir engage le nouveau pays dans un vaste mouvement de résistance civile non-violente. Des marchandises destinées à l’occupant disparaissent, les appareils dont il a besoin tombent en panne, les indications lui permettant de se repérer ou de repérer des personnes disparaissent partout. Les ordres ne sont pas suivis, pire, on fait exactement le contraire. L’occupant manque de courant électrique, d’eau, de téléphone, de courrier ou de nourriture et ses ondes sont brouillées…

Le gouvernement fédéral est désorienté, l’ennemi ne confronte pas, il est nulle part et partout en même temps. Certains opposants sont repérés et emprisonnés grâce à des lois exceptionnelles et des procès expéditifs. Les peines sont de plus en plus lourdes et soulèvent l’indignation. On utilise certains cas pour faire des exemples susceptibles de dissuader l’action non-violente.

Certains sympathisants fédéralistes constatent la détermination du mouvement souverainiste et réalisent que l’indépendance de la province est une inéluctable réalité. Plus le temps passe, plus on réalise que la situation s’enlise et devient irréversible.

La sympathie internationale au mouvement souverainiste de la province se manifeste et les abus des autorités fédérales font très rapidement le tour de la planète.

Un combat non violent total et intense est dorénavant, véritablement engagé par la population, et le mouvement de sympathie nourri par l’indignation s’élargit,

Grèves, boycotts, manifestations, processions, actions de désobéissance civile, refus de coopérer, excès ou grèves du zèle, obstructions insidieuses et systématiques, sabotage non-meurtrier et destruction de biens nécessaires à l’ennemi, tracts, fausses informations, faux papiers, action de persuasion et de démoralisation de l’agresseur se répandent comme une traînée de poudre…

LA FORCE MILITAIRE EST INUTILE, L’OCCUPANT EST IMPUISSANT.
TOUTE LA POPULATION SEMBLE PARTICIPER.

LE PREMIER MINISTRE METTRA-T-IL UN SOLDAT DERRIERE CHAQUE CITOYEN ?…
EMPRISONNERA-T-IL TOUS LES MILITANTS ?…
LES FORCES SONT INCAPABLES DE REPÉRER L’ENNEMI.

Les administrations, la police, les élus des gouvernements municipaux, provinciaux et les fonctionnaires fédéraux sympathiques à la nouvelle Nation, appuyés par une majorité croissante de la population s’engagent dans la résistance. Même au Canada, le nombre des sympathisants à la lutte non-violente s’accroît. Ces canadiens, embarrassés, qui s’opposent à l’imposition par la force de leurs propres valeurs, utilisent à pleine vapeur les sanctions non-violentes contre l’armée d’occupation.

TOUS SEMBLENT ENGAGÉS.
UNE INCROYABLE CONCERTATION DE CRISE S’IMPROVISE.

Dans la mesure de leur capacité, les entreprises, administrations, syndicats, associations, partis, mairies, municipalités régionales, représentants de quartiers, paroisses, chambres de commerce et familles agissent ensemble et exigent la fin de l’occupation…

La concertation est organisée de manière systématique.
Le gouvernement clandestin, comme un chef d’orchestre coordonne l’opposition.
Une puissante force naît de la détermination de tous ces groupes.

L’agresseur, le gouvernement fédéral, se trouve plongé dans une guêpier. Sa puissance militaire ne lui est d’aucun recours, il est submergé par le nombre et la diversité des opposant et des actions. Il ne peut maîtriser le flot de ces habitants anonymes, anodins, imprévisibles, insaisissables car ils sont noyés dans la masse. Les opposants évitent soigneusement de l’attaquer de front et sabotent les multiples rouages du système en place.

Le gouvernement clandestin maintient le mot d’ordre de l’action non-violente. Il appelle au respect des personnes mais à la nuisance à leurs action. Des listes quotidiennes d’actions à entreprendre sont diffusées.

En désespoir de cause, le gouvernement fédéral tente par tous les moyens de repérer et de neutraliser le gouvernement clandestin. Chaque arrestation de leader fouette l’ardeur de l’opposition.

Couvre feux, sanctions exemplaires, procès politiques, arrestations et détentions arbitraires sont les seuls outils disponibles pour imposer la volonté des dirigeants.

Ceux qui sont tentés de collaborer avec l’ennemi sont rejetés par tous. Leurs relations de travail, leurs voisins, les administrations, le fisc, etc. rendent leur vie impossible. Leurs seules issues: ne plus collaborer ou partir. l’image des occupants se détériore rapidement.

De toute évidence cette situation politique est un cul de sac.
Le pouvoir collaborateur mis en place est maintenant rejeté par les masses. Les nouvelles lois qu’il met en place ne sont pas appliquées.

L’incroyable discipline des masses fait son effet et charme le monde entier. Les gens confrontent dignement et avec courage les forces de l’ordre. La provocation à la violence se retourne contre la gendarmerie royale et les militaires.

Plus l’occupant réagit avec violence, intimidation, terreur et sanctions exemplaires, en l’absence d’une menace armée, moins il est capable de justifier sa violence devant son peuple et le reste du monde. Plus le fédéral s’obstine et plus l’occupation coûte cher. Le temps passe et l’insatisfaction se fait sentir chez lui, son pouvoir se désagrège d’une façon de plus en plus évidente. L’obéissance de ses troupes devient incertaine et l’indignation de sa population s’amplifie.

LA POPULATION REFUSE TOUJOURS DE SE SOUMETTRE,
CONTRE TOUTE ATTENTE, ELLE RESTE DETERMINÉE.

La seule avenue devient la reprise des négociations et la reconnaissance d’une forme d’indépendance.

Les pressions fusent de toutes parts pour la mise en place d’une solution à cette coûteuse et désastreuse situation d’instabilité politique qui mine la réputation du pays et son économie.

L’OCCUPANT DOIT SE RETIRER DE CE GUEPIER

SUITE À PLUSIEURS MOIS DE RÉSISTANCE CIVILE NON-VIOLENTE, LES TROUPES SE RETIRENT.

L’INDÉPENDANCE DE LA PROVINCE DE QUÉBEC EST MAINTENANT UN FAIT INDÉNIABLE.

Les Québécois ont gagné la liberté!