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La désobéissance civile pacifique

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Le Centre de ressources sur la non-violence ne peut que saluer la courageuse et constructive position de Québec Solidaire sur le crise politique qui secoue présentement le Québec.

http://www.quebecsolidaire.net/?s=loi+78

(Photo: inconnu)
(Photo: inconnu)

Les dénonciations de la désobéissance civile sont nombreuses dans le paysage médiatique présentement.  Le problème, c’est que peu de gens ne connaissent cette notion, et elle semble être utilisée à toutes les sauces, pour qualifier tout acte de saccage confrontation avec les autorités dans le cadre de la loi 78.

Un moyen d’action citoyen

Pourtant, la désobéissance civile est un moyen qui a été utilisé avec succès par de nombreuses campagnes vouées à l’amélioration des conditions des peuples en passant par l’abolition de l’esclavage, jusqu’à l’opposition aux politiques nucléaires occidentales.  Ce moyen d’action est perçu comme le moyen ultime du citoyen responsable face aux injustices commises par un État.  Si on coupe la possibilité de cet ultime moyen, le citoyen indigné n’a plus que des recours très limités face à l’injustice ou l’immoralité d’une loi, ou d’un gouvernement.  On rappelle que les politiques ont, au cours de l’histoire, enchâssé le racisme, le sexisme, l’esclavage et le travail des enfants dans les structures légales dans de nombreux pays.  Le citoyen doit avoir des outils autres que le mécanisme électorale pour contrer de tels dérapages.

Désobéissance civile: blocus du Capitol Power Plant, Washington, Mars 2009. (Photo: inconnu)
Désobéissance civile: blocus du Capitol Power Plant, Washington, Mars 2009. (Photo: inconnu)

Au cours de l’histoire, les citoyens ont définis et encadrés cette notion de désobéissance civile.  Désobéir est un acte volontaire qui implique directement que l’action ou le geste aura des conséquences.  Dans la mise en œuvre d’actions de désobéissance civile, un des paramètres largement accepté est l’acceptation des conséquences de son acte de désobéissance, renforcée par la conviction de la justesse de l’acte commis.  De plus elle est civile, donc relative à l’intérêt d’un grand nombre de citoyen et en faveur du progrès dans la vie civile.  La désobéissance civile n’a donc pas pour but de détruire, de déstabiliser la vie civile, de perturber le fonctionnement de la société et de l’ordre publique.  Au contraire, son aspiration est de contester une injustice spécifique, de la mettre en lumière afin qu’elle puisse être constatée, abordée, abrogée ou être abolie.  La désobéissance civile, on parle aussi de plus en plus de désobéissance civique est un geste de progrès et d’évolution.  Il est donc pervers d’associer le saccage, les gestes émeutiers, la confrontation violente, le vandalisme et la provocation armée à la désobéissance civile.

Dans le cadre d’une telle action, le geste publique n’est que la façon de mettre en lumière l’injustice et il doit suivre un épuisement des mécanismes légaux.  Désobéir à la loi perçue comme injuste, est un moyen de défier le législateur et le système de justice qui semble faillir à reconnaître l’erreur, l’immoralité d’une loi.  Souvent le véritable impact de l’action se révèle dans le processus judiciaire; où la moralité de la loi, sa constitutionnalité ou sa justesse est défiée.  Plus souvent qu’autrement, le but des militant n’est pas de se défiler par des technicalités, mais de construire un argumentaire et un procès visant à débouter la loi en illustrant ses conséquence et son impact négatif ou dangereux pour la conduite de la vie citoyenne.  Les actions de type Black Block, de confrontation, ou l’individu frappe, vandalise et fuie pour se fondre dans la foule afin d’éviter les conséquences de son action ne correspondent en rien aux valeurs associées à l’action de désobéissance civile.

Désobéissance civile, pacifique ou non-violente

Désobéissance civile: Concert de casseroles contre la loi 78, Québec, 2012. (Photo: inconnu)
Désobéissance civile: Concert de casseroles contre la loi 78, Québec, 2012. (Photo: inconnu)

L’action de désobéissance civile est généralement non-violente, car son succès repose sur le consensus, ou le poids morale et l’impact éthique qu’aura le procès sur la population.  La sympathie publique à laquelle peuvent s’attendre les militants est en inverse proportion avec la violence utilisée.  En général, le recours à des actes de violence génèrent la peur, et rend improbable le développement d’une sympathie généralisée pour les participants à l’action, et ces gestes de violence éclipseront le message des accusés face à l’injustice associée à la loi contestée.  De plus, il est rare dans le cadre de formations à l’action de désobéissance civile, que les gens acceptent les conséquences légales d’un acte violent.  L’atteinte d’un consensus sur les moyens d’action exclue généralement cette forme d’action.  La violence est donc, dans les faits, incompatible avec une véritable action de désobéissance civile.

Dans le cadre d’une action de désobéissance civile, la sentence n’est pas la fin du processus de contestation, mais le début d’une autre phase de la lutte à l’injustice, une opportunité d’en appeler à la population qui a soutenu la cause pour aider à changer cette loi.  Le processus légal devient donc un nouveau forum permettant d’illustrer l’injustice que génère une loi abusive envers les citoyens et certains droits fondamentaux.  Une action direct, ou les acteurs tentent de se défiler du système de justice est à mille lieux de ce qu’on s’entend pour qualifier un geste politique d’actions de désobéissance civile.  On parlerait ici d’actions directes de perturbation politique. 

Malgré le fait indéniable que la vaste majorité des actions publique de manifestation ont été conduite de façon non-violente, ordonnée et pacifique par les étudiants; nous n’avons pas encore assisté à des actions de désobéissance civile pacifique qui correspondraient à ce que de nombreux chercheurs acceptent maintenant pour l’utilisation du terme.  Dans cette impressionnante lutte par sa durée et son intensité, nous sommes face à des moyens d’actions souvent non-violents et diversifiés, dont la mise en oeuvre est surtout improvisée.

La désobéissance civile pacifique serait-elle la nouvelle et inévitable prochaine phase plus civilisée de ce conflit qui ne finit pas de se détériorer? 

Françoise David, Québec Solidaire. (Photo: inconnu)
Françoise David, Québec Solidaire. (Photo: inconnu)
Amir Khadir, Québec Solidaire. (Photo: inconnu)
Amir Khadir, Québec Solidaire. (Photo: inconnu)

Il est heureux de constater que Québec Solidaire n’en est pas au stade de réclamer la désobéissance civile.  Nous sommes impressionnés par le fait que le parti ouvre la voie à la réflexion sur la question, et qu’il refuser de condamner cette forme d’action la « désobéissance civile pacifique »…. 

Un  pied de nez intéressant au débat sur la violence et sa condamnation, un nouveau débat tout à fait à point dans le conflit actuel.