Écrit par Gerry Pascal
Nous avons beaucoup entendu parler des conflits violents opposant Palestiniens et Israéliens pendant les 50 dernières années. Au cours de cette période, nous aurons aussi découvert des exemples de résistance non violente à l’occupation des territoires palestiniens par Israël, à la construction du mur d’apartheid et à l’établissement des résidences israéliennes sur des espaces palestiniens illégalement occupés.
Ces exemples sont innombrables, grâce à la détermination de citoyens engagés aussi bien palestiniens qu’israéliens. Un de ces exemples a été la résistance populaire de la population de Bil’in, un village palestinien de la Bande occidentale.
Depuis 2005, cette population a mené, semaine après semaine, des protestations contre le mur de l’apartheid israélien et la construction des résidences sur ses terres. Les protestations continuent malgré de dures répressions de la part de la police et des soldats israéliens. Les citoyens de Bil’in ont vu certains de leurs compatriotes arrêtés, blessés et même tués, un fait largement ignoré par les médias occidentaux. Mais leurs actions continuent. Elles ont le soutien des pacifistes israéliens et internationaux et ont inspiré plusieurs actions au niveau international.
Poursuite à la Cour supérieure du Québec
Les développements récents ont amené sur la scène internationale le cas de Bil’in. Une poursuite a été initiée à la Cour supérieure du Québec contre Green Park International et Green Mountain International, eux compagnies enregistrées au Québec. Elles sont accusées de construction illégale de résidences et autres immeubles sur les terres de Bil’in. Selon la poursuite, la terre de Bil’in est assujettie à la Loi internationale parce que la Bande Ouest de la Cisjordanie se trouve sous occupation militaire.
Dans cette cause, on prend appui sur la Convention de Genève interdisant aux forces d’occupation de placer leurs populations sur un territoire qui a été occupé à la suite d’une guerre. Il sera certainement demandé à la cour d’ordonner à ces deux compagnies de mettre fin à leurs activités illégales. La poursuite a été entendue par Justice Louis-Paul Cullen entre le 23 et le 25 juin dernier. La décision sera connue dans quelques mois.
Si la poursuite par Bil’in devient un succès, il servira de jurisprudence importante permettant de poursuivre des compagnies toutes les fois qu’elles prennent part à des actes illégaux n’importe où sur la planète. La cause a été entendue au Québec pour la simple raison qu’Israël a refusé de l’entendre. Comme le dit Emily Schaeffer, une avocate israélienne travaillant pour Bil’in : « assurer la juridiction pour entendre cette cause à la Cour du Québec est la décision correcte et la seule qui soit juste à prendre ».
La marche canadienne
Pour faire connaître la situation de Bil’in au public canadien, une tournée de 11 villes a été organisée. Elle s’est terminée à Montréal le 19 juin juin à l’Université Concordia. La marche a été guidée par Mohammed Khatib du Comité populaire de Bil’in contre le Mur et par l’avocate Emily Schaeffer. Elle a été soutenue par une variété de groupes nationaux ou locaux, notamment : Les Amis canadiens de Sabeel, Kairos, la Near East Cultural and Educational Foundation of Canada, le syndicat des travailleurs et travailleuses des postes du Canada.
Le 3 août, tôt le matin, des soldats israéliens ont attaqué plusieurs maisons de Bil’in et arrêté deux enfants et cinq adultes palestiniens dont Mohammad Khatib, membre du Comité populaire de Bil’in. Le 23 août, celui-ci a été libéré sous condition de se présenter au poste militaire israélien, tous les vendredis avant 5 heures de l’après-midi, jusqu’à ce que son procès ait lieu.
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