Aller au contenu
Accueil » Commémoration de la bataille des Plaines d’Abraham: une vision pacifiste

Commémoration de la bataille des Plaines d’Abraham: une vision pacifiste

Par 

Écrit par QS

Dans sa prise de position du mois de février 2009, le jeune parti provincial, Québec Solidaire, se prononce en faveur d’une commémoration pacifiste et altermondialiste. Il suggère ce qu’il considère comme une commémoration progressiste, celle qui remet en question le rôle de l’armée dans les stratégies politiques des États et valorise ce qu’il y a de plus précieux à célébrer dans l’histoire du Québec, «la force des résistances populaires face aux oppressions, qu’elles soient culturelles, militaires, politiques ou économiques».

Reconquérir les Plaines sans chauvinisme

Nombreux sont ceux qui sont intervenus pour condamner la commémoration de la bataille de 1759 sur les Plaines d’Abraham. Sur le fond ils ont raison car la perception prévalente est que la Commission fédérale des champs de bataille nationaux s’apprête à «célébrer» par une reconstitution militaire, la défaite française aux mains de l’armée d’invasion anglaise.  Pour Québec solidaire, il n’y a rien à célébrer dans une conquête coloniale. Plutôt qu’une reconstitution militaire pour commémorer cet événement historique, nous proposons plutôt que les mouvements sociaux, les partis politiques, les artistes, les intellectuels, développent une façon alternative, progressiste et pacifiste de commémorer ce 250ième anniversaire.

Pacifiste, car la société québécoise l’a maintes fois démontré au cours de son histoire : nous sommes plutôt pacifistes et toujours antimilitaristes.  Il est donc utile de nous questionner sur le type de commémoration souhaitée : une reconstitution militaire ou bien des activités éducatives permettant de mieux comprendre le sens de l’événement ?

Il est certain que si l’issue de la bataille de 1759 avait été autre, le fait français en Amérique du Nord ne serait sans doute pas menacé et le peuple québécois, dont l’émancipation reste aujourd’hui inachevée, n’aurait pas subi une oppression coloniale de longue durée. Mais Québec solidaire veut tout de même rappeler que la bataille de 1759 en est une, parmi bien d’autres, entre deux empires conquérants cherchant à s’approprier le continent nord-américain pour en exploiter les ressources, et que les populations autochtones en ont largement payé le prix.

Dans ce débat sur la commémoration de la bataille de 1759, chercher à susciter un ressentiment « anti-anglais » ne peut qu’alimenter le chauvinisme dont le peuple Québécois cherche à se distancer dans sa marche vers son émancipation politique. C’est pourquoi les Solidaires proposent plutôt que des événements alternatifs et progressistes voient le jour, opposant des « chants de résistance » aux « champs de bataille ».  La commémoration du 250ième anniversaire de la bataille de 1759  devrait être l’occasion de :

-Réfléchir aux conséquences de la Conquête – sur les plans culturel, social, politique et économique ;

-Rappeler le droit des peuples à l’autodétermination – celui de la nation québécoise comme celui des nations autochtones d’ici et d’ailleurs ;

-Questionner le rôle de l’armée dans les stratégies politiques des États, autrefois et aujourd’hui, alors que la présence militaire se fait de plus en plus visible dans une ville comme Québec ;

-Rappeler et célébrer les multiples formes de résistances des gens d’ici, depuis 250 ans, contre la guerre, l’assimilation, la discrimination et le pillage des ressources naturelles.

Notre proposition cherche à la fois à affermir le consensus pour s’opposer au projet de la Commission fédérale des champs de bataille, mais aussi à éviter de tomber dans un chauvinisme anti-anglais.  C’est pourquoi le type d’événement alternatif que nous aimerions voir se développer en est un avec une vision pacifiste et altermondialiste, qui met l’accent sur le droit des peuples à l’autodétermination, dont celui inaliénable du peuple québécois.  Ce qu’il y a de plus précieux à célébrer dans notre histoire c’est la force des résistances populaires face aux oppressions, qu’elles soient culturelles, militaires, politiques ou économiques.  Selon nous, le peuple québécois gagne à  se réapproprier l’histoire, comme le présent, en solidarité avec les nations autochtones.

Source: Québec Solidaire