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La sécurité: un enjeu communautaire

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Écrit par Shimbi Katchelewa

Divers enjeux de sécurité dans les écoles ont fait les manchettes des médias au cours des derniers mois. Ils révèlent le danger de laisser la sécurité entre les mains des services « de l’ordre » ou de l’armée ainsi que l’espoir béat fondé sur l’efficacité des forces punitives.

Le travail des services de l’ordre ou de l’armée est habituellement chirurgical. Car, la plupart du temps, ils réagissent à des situations de crise et ne se sentent pas tenus d’intervenir avant qu’un incident n’éclate.

Et quand ils interviennent, ce n’est pas pour aider à la résolution d’un conflit, mais seulement pour l’arrêter même si, quelques jours plus tard, il reprendra de plus belle. L’on ne peut prétendre pourtant que la société est à court de ressources pour prévenir.

Dans beaucoup de cas, l’adulte ou le jeune qui en vient à des comportements de violence extrême est généralement « connu des policiers» mais rien n’a été fait pour l’orienter vers une institution d’encadrement. De la même façon, dans les écoles, la plupart de jeunes violents sont identifiés.

Mais c’est comme si la communauté et l’école n’avaient aucun recours pour les ramener dans le droit chemin, « les aider», les prémunir contre le désespoir, source de toutes les violences. Pourtant, la prévention, n’est-elle pas la meilleure amie de la sécurité et de la paix ?

Ni les caméras dans les autobus scolaires, ni les fusils électriques…  

En janvier dernier, un porte-parole de la Commission scolaire des Navigateurs rejetait l’idée nourrie par plusieurs commissions scolaires du Québec d’installer des caméras dans les autobus scolaires dans le but d’y contrôler les cas de violence. Elle préférait avoir recours à d’autres méthodes connues : avis signés par des parents, dernière mise en garde et suspension.

Bien entendu, cette solution humaine vaut plus qu’une surveillance caméra qui ne suffit pas, à elle-même, à combattre la violence chez nos jeunes. La preuve n’est pas une fin en soi et la sanction ne responsabilise pas assez le jeune si d’autres conduites plus responsables ne lui sont jamais suggérées. Il ne suffit pas non plus de remplacer les fusils à balles par un fusil électrique pour pacifier une société.

Mieux vaut l’idée d’une école appuyée sur sa communauté 

L’idée d’une école appuyée sur sa communauté court au Québec depuis plusieurs années. Les milieux communautaires soutiennent déjà une foule de services: les petits déjeuners, l’aide aux devoirs, les activités d’alphabétisation.Ils soutiennent la mise en place de services de médiation en milieu scolaire. Ils sont en mesure d’offrir aux écoles une foule de services en prévention de la violence, comme la mise en oeuvre d’un programme de correspondance permettant d’identifier les personnes isolées socialement pour prévenir les actes de désespoir.

On pourrait bien imaginer un organisme communautaire associé à plusieurs écoles de sa région acceptant de recevoir et superviser des jeunes expulsés  temporairement de l’école et leur offrant une panoplie de services selon son domaine d’intervention.

Au Nouveau Brunswick, nous révèle Atelier Bleu Majjjiiik, qui vient d’y effectuer une grande tournée, le Ministère de l’Éducation «veut maintenant établir 75 écoles communautaires d’ici 2012 ». Une école communautaire, dans ce contexte, est une école qui « se bâtit un réseau de partenariat afin de créer et d’entretenir un lien fort avec la communauté environnante ». Il s’agit d’une école « ouverte sur le monde ».

Or, le monde environnant l’école en est un de plus en plus marqué par la diversité et offre une grande panoplie de solutions face aux situations de violence. L’école concentre les jeunes d’un milieu donné. Il est normal qu’elle concentre aussi leurs difficultés. Voilà pourquoi elle ne peut pas, seule, s’occuper des problématiques qui tirent leur origine du milieu dans son ensemble.

L’école doit établir ses limites et revendiquer un soutien des milieux communautaires pour assumer les tâches qui outrepassent son mandat. Le temps est venu de favoriser un partenariat solide école-communauté, animateurs scolaires et organismes d’éducation à la paix et la non-violence, mouvements jeunesse de paix et autres expertises communautaires.