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Droits humains: Souci de justice ou outil politique ?

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Écrit par Normand Beaudet

(Photo: inconnu)
(Photo: inconnu)

L’arrivée au pouvoir de Barack Obama a été ressentie par une grande majorité comme une véritable brise de changement sur la surface du globe. L’annonce de la fermeture de la prison américaine en sol cubain de Guantanamo Bay donne pourtant l’impression de n’être qu’un baume sur une plaie béante laissée par des années de guerres américaines contre les «combattants illégitimes».

Détenus de Guantanamo Bay, camp X-Ray, le 11 janvier 2002. (Photo: officier de 1ère classe Shane T. McCoy, de la marine am.ricaine)
Détenus de Guantanamo Bay, camp X-Ray, le 11 janvier 2002. (Photo: officier de 1ère classe Shane T. McCoy, de la marine am.ricaine)

Guantanamo, au même titre que les prisons de Bagram en Afghanistan et d’Abou Grahib en sol irakien, symbolise plus que le règne d’un seul président. Les centres de détention hors du territoire américain sont, en effet, la continuité d’une politique extérieure où les droits de la personne sont un accessoire utilisé en fonction d’objectifs politiques.

Transport d'un prisonnier à Guantanamo Bay. Photo ayant fuit dans les médias en 2002 par une source anonyme.
Transport d’un prisonnier à Guantanamo Bay. Photo ayant fuit dans les médias en 2002 par une source anonyme.

Les droits de la personne sont bien établis autant que possible sur le territoire national. Le bon peuple est ainsi heureux. Hors territoire cependant, les installations de détention ne sont pas soumises à la Loi américaine, même si elles sont opérées par l’armée et les services de renseignement américains. En principe, dans ces conditions, le droit international devrait primer. Mais, à des fins politiques, le gouvernement américain s’est toujours servi de multiples subterfuges pour éviter, contourner, ajuster ou même embourber les structures de justice internationales. Le département d’État américain s’est illustré dans la délinquance politique, allant même jusqu’à ne pas respecter les engagements financiers essentiels au fonctionnement des agences multilatérales.

Ainsi, pendant des décennies, les services secrets et de renseignement américains ont formé des tortionnaires en Amérique Latine. Torture, exécutions sommaires, chantage, détention de proches, enlèvements, agressions, soutiens à des milices armées, font partie de la diversité des moyens proposés par les ressortissants de la tristement célèbre «École des Amériques» pour consolider l’empire américain. L’administration américaine n’a pas à s’occuper de basses besognes quand d’autres peuvent bien les accomplir à sa place. Ce fut la stratégie de lutte contre le communisme, c’est aussi la stratégie de lutte contre le terrorisme.[one_third]

Abu Ghraib: 8:59 p.m., 18 octobre 2003. Un détenu enchainé, nu, à son lit avec une paire de sous-vêtement lui couvrant le visage. (Photo: domaine public)
Abu Ghraib: 8:59 p.m., 18 octobre 2003. Un détenu enchainé, nu, à son lit avec une paire de sous-vêtement lui couvrant le visage. (Photo: domaine public)

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Abu Ghraib: 9:19 p.m., 28 novembre 2003. Le sergent de l'armée américaine, Ivan Frederick, assis sur un prisonnier irakien. Cette photo a été utilisée comme preuve des mauvais traitements envers les détenus. (Photo: domaine public)
Abu Ghraib: 9:19 p.m., 28 novembre 2003. Le sergent de l’armée américaine, Ivan Frederick, assis sur un prisonnier irakien. Cette photo a été utilisée comme preuve des mauvais traitements envers les détenus. (Photo: domaine public)

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Abu Ghraib: Le soldat américain Lynndie England tient en laisse un prisonnier couhé sur le sol. (Photo: domaine public)
Abu Ghraib: Le soldat américain Lynndie England tient en laisse un prisonnier couhé sur le sol. (Photo: domaine public)

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La déclassification par l’administration Clinton de nombreux documents a permis de confirmer ce que tous savaient en ce qui concerne les méthodes de lutte anti-communiste préconisées. L’École des Amériques aura opéré pendant plus de 50 ans au Panama; elle a inspire et soutenu la politique des dictatures ou régimes militaires du Brésil, de l’Argentine, du Chili, de l’Uruguay, du Pérou, de la Colombie et de l’Amérique centrale. Elle a été fermée en 2000, et immédiatement rouverte en territoire américain à Fort Benning (Géorgie) sous le nom de l’«Institut pour la coopération en sécurité de l’hémisphère ouest». Ce Centre de formation a toujours pour but de former des dirigeants de services de sécurité en provenance de plusieurs pays latino-américains. (voir Nouvelles brèves en page 2)

La fermeture de Guantanamo Bay reste la pointe de l’iceberg. Le respect des droits humains restera-t-il un simple outil pour imposer la politique américaine, ou deviendra-t-il la pierre angulaire d’une politique extérieure progressiste motivé par une véritable soif de justice ? Les prochains mois seront révélateurs en ce sens.

Manifestation pour la fermeture de Guantanamo Bay, 2013. (Photo: inconnu)
Manifestation pour la fermeture de Guantanamo Bay, 2013. (Photo: inconnu)