Écrit par Normand Beaudet
L’arrivée au pouvoir de Barack Obama a été ressentie par une grande majorité comme une véritable brise de changement sur la surface du globe. L’annonce de la fermeture de la prison américaine en sol cubain de Guantanamo Bay donne pourtant l’impression de n’être qu’un baume sur une plaie béante laissée par des années de guerres américaines contre les «combattants illégitimes».
Guantanamo, au même titre que les prisons de Bagram en Afghanistan et d’Abou Grahib en sol irakien, symbolise plus que le règne d’un seul président. Les centres de détention hors du territoire américain sont, en effet, la continuité d’une politique extérieure où les droits de la personne sont un accessoire utilisé en fonction d’objectifs politiques.
Les droits de la personne sont bien établis autant que possible sur le territoire national. Le bon peuple est ainsi heureux. Hors territoire cependant, les installations de détention ne sont pas soumises à la Loi américaine, même si elles sont opérées par l’armée et les services de renseignement américains. En principe, dans ces conditions, le droit international devrait primer. Mais, à des fins politiques, le gouvernement américain s’est toujours servi de multiples subterfuges pour éviter, contourner, ajuster ou même embourber les structures de justice internationales. Le département d’État américain s’est illustré dans la délinquance politique, allant même jusqu’à ne pas respecter les engagements financiers essentiels au fonctionnement des agences multilatérales.
Ainsi, pendant des décennies, les services secrets et de renseignement américains ont formé des tortionnaires en Amérique Latine. Torture, exécutions sommaires, chantage, détention de proches, enlèvements, agressions, soutiens à des milices armées, font partie de la diversité des moyens proposés par les ressortissants de la tristement célèbre «École des Amériques» pour consolider l’empire américain. L’administration américaine n’a pas à s’occuper de basses besognes quand d’autres peuvent bien les accomplir à sa place. Ce fut la stratégie de lutte contre le communisme, c’est aussi la stratégie de lutte contre le terrorisme.[one_third]
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La déclassification par l’administration Clinton de nombreux documents a permis de confirmer ce que tous savaient en ce qui concerne les méthodes de lutte anti-communiste préconisées. L’École des Amériques aura opéré pendant plus de 50 ans au Panama; elle a inspire et soutenu la politique des dictatures ou régimes militaires du Brésil, de l’Argentine, du Chili, de l’Uruguay, du Pérou, de la Colombie et de l’Amérique centrale. Elle a été fermée en 2000, et immédiatement rouverte en territoire américain à Fort Benning (Géorgie) sous le nom de l’«Institut pour la coopération en sécurité de l’hémisphère ouest». Ce Centre de formation a toujours pour but de former des dirigeants de services de sécurité en provenance de plusieurs pays latino-américains. (voir Nouvelles brèves en page 2)
La fermeture de Guantanamo Bay reste la pointe de l’iceberg. Le respect des droits humains restera-t-il un simple outil pour imposer la politique américaine, ou deviendra-t-il la pierre angulaire d’une politique extérieure progressiste motivé par une véritable soif de justice ? Les prochains mois seront révélateurs en ce sens.