Source d’origine: Institut de recherche sur la résolution non-violente des conflits (www.irnc.org)
Articles regroupés sous le thème des luttes non-violentes et conflits armés actuels dans le monde. Vous n’avez qu’à cliquer sur le titre des articles pour accéder à ces derniers.
Le choix de la non-violence dans les conflits sociaux et politiques
L’un des principaux facteurs de violence dans le vieux monde, ce sont les idéologies fondées sur la discrimination et l’exclusion de l’autre homme. Qu’il s’agisse du nationalisme, du racisme, de la xénophobie, de l’intégrisme religieux ou du libéralisme économique exclusivement fondé sur la recherche du profit, ce sont ces idéologies qui menacent la démocratie. Dès lors, promouvoir et défendre la démocratie – ces deux démarches se renforcent l’une l’autre et doivent être entreprises ensemble -, c’est d’abord lutter contre ces idéologies dont les germes prolifèrent aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la société. Ces idéologies, en effet, ne connaissent pas de frontières. Toute violence qui s’exerce contre l’homme est un viol : le viol de son identité, de sa personnalité, de ses droits, de sa dignité, de son humanité. L’image d’un être humain dé-figuré par la volonté d’un autre homme manifeste l’horreur de la violence. La violence c’est la dé-figuration du visage de l’homme. Cette dé-figuration représente le drame de l’humanité ; elle prive l’existence d’un sens et brise l’espérance. La violence est véritablement désespérante. Le tragique de l’existence n’est pas que l’homme soit mortel, mais qu’il puisse être meurtrier.
Il est essentiel de définir la violence de telle sorte qu’on ne puisse pas dire qu’il existe une « bonne violence ». La violence est toujours un échec, un drame et un malheur. Dans toute violence, il y a une part irréductible d’injustice. La violence ne peut jamais être justifiée parce qu’elle n’est jamais juste. Dès lors qu’on prétend distinguer une « bonne » et une « mauvaise » violence, on ne sait plus dire et désigner la violence, et on s’installe dans la confusion. Surtout, dès qu’on prétend élaborer des critères qui permettent de définir une « bonne violence », chacun aura le loisir de se les accaparer pour justifier sa propre violence.
Essentiellement, la violence est négation. Toute manifestation de violence, quels qu’en soient le degré et l’intention, et même si elle ne va pas au terme du mouvement qui la constitue, participe à un processus de meurtre, de mise à mort. Le passage à l’acte n’aura pas nécessairement lieu, mais la visée ultime de la violence est toujours la mort de l’autre, son exclusion, son élimination, son anéantissement. Toute violence est un attentat perpétré contre l’humanité de l’autre homme.
L’impossible victoire militaire des Occidentaux en Afghanistan
Le meurtre de dix soldats français en Afghanistan, le 18 août 2008, a suscité une immense émotion partout en France. Face à cette tragédie, les Français unanimes ont communié avec la souffrance extrême des familles et des proches de ces jeunes hommes dont « certains n’avaient pas vingt ans » et que « la mort a fauché dans la fleur de l’âge1 » Dans les deux discours prononcés l’un à Kaboul le 20 août et l’autre à Paris le lendemain, Nicolas Sarkozy a évoqué, comme un leitmotiv, « la fierté » que leur famille, leurs compagnons d’armes et la nation française tout entière devaient éprouver devant ce que ces soldats ont fait « là-bas ». La notion de fierté est-elle vraiment celle qui convient en de pareilles circonstances ? Rien n’est moins sûr. Quand tout a été dit, les Français peuvent-ils véritablement être fiers de la mort tragique de ces soldats ? Certainement ceux-ci ont-ils fait preuve de courage devant l’adversité meurtrière à laquelle ils ont dû faire face et il est juste que leur mémoire soit honorée. Certes, ils avaient choisi le métier des armes, mais ils n’ont pas choisi le destin qui leur a été imposé. Non, en définitive, les Français ne sauraient être fiers que ces jeunes hommes soient morts en victimes en perdant une bataille dans une guerre dont tout laisse penser qu’elle est également déjà perdue.
L’Irak face à l’espérance de la non-violence
La première fois que je me suis rendu en Irak c’était pour participer au Premier Forum Irakien pour la Non-violence qui se tenait à Erbil (Kurdistan irakien) du 6 au 9 novembre 2009. Cette rencontre a rassemblé 125 personnes venant de tout l’Irak. La majorité étaient membres des principales ONGs irakiennes, y compris des syndicats, qui sont engagées dans la défense et la promotion des droits humains. Tous les participants partageaient la conviction que la non-violence était la meilleure solution pour construire un espace démocratique au sein de la société civile afin de faire prévaloir la paix, la justice et la réconciliation. Pour cela, ils étaient déterminés à développer une culture de la non-violence au sein de la société irakienne encore déchirée par de multiples violences.
Depuis des années et aujourd’hui encore, les médias d’Europe ne parlent de l’Irak qu’en faisant la comptabilité des morts provoqués par des attentats. Ces événements tragiques ne suffisent pourtant pas à rendre compte de la vie quotidienne des populations civiles qui, avec un immense courage, sont décidées à reconstruire la démocratie en mettant en oeuvre d’autres moyens que ceux de la violence.
La violence n’est pas une fatalité – mais…
La violence n’est pas une fatalité. Elle n’impose jamais d’elle-même ses lois. Mais dès lors que les hommes l’ont choisie, il devient fatal qu’ils subissent ses lois. Et celles-ci sont implacables. Inflexibles. Accablantes. Cruelles. Féroces. Immorales. Inhumaines enfin. Les conséquences de la violence sont scandaleuses. Horribles. Ignominieuses. C’est sa logique. Une logique froide qui ne se laisse pas contrarier par les cris d’indignation.
Simone Weil souligne que, dans L’Iliade, « les guerriers apparaissent comme les semblables soit de l’incendie, de l’inondation, du vent, des bêtes féroces, de n’importe quelle cause aveugle de désastre ». La violence, en effet, est une cause aveugle de désastre. Elle agit comme un fléau de la nature. Il est dans la nature même de la violence d’être un mécanisme aveugle qui entraîne l’homme dans une fuite en avant vers l’horreur. Les hommes croient manier la violence, mais en réalité ils sont maniés par la violence. Elle les soumet et les instrumentalise à son seul service. Ils ont l’illusion de s’en servir, mais ils la servent. Entre l’homme et l’acte violent, il ne demeure aucune distance. Or, seule la distanciation permet la conscience. Dans la brutalité de la violence, il n’y a pas de place pour la pensée. Et « où la pensée n’a pas de place, la justice ni la prudence n’en ont. C’est pourquoi ces hommes armés agissent durement et follement. » Alors même, note encore Simone Weil, que « je ne veux infliger à l’ennemi qu’un dommage limité, (…) je ne puis, car l’usage des armes enferme l’illimité ». Paul Valery a, lui aussi, mis en évidence l’engrenage aveugle de la violence : « La violence, écrit-il, se connaît à ce caractère qu’elle ne peut choisir : on dit fort bien que la colère est aveugle ; une explosion ou un incendie affecte un certain volume et tout ce qu’il contient. C’est donc une illusion de ceux qui imaginent une révolution ou une guerre comme des solutions à des problèmes déterminés que de croire que le mal seul sera supprimé. »
Les Palestiniens et Israéliens face au défi de la violence
Je viens de lire attentivement les textes qui présentent la campagne de mobilisation en faveur du peuple palestinien décidée par la Plate-forme des ONG françaises pour la Palestine. Cette campagne devant culminer par un grand rassemblement qui se tiendra le 17 mai 2008 au Parc des expositions de la porte de Versailles. En dialogue amical avec ces ONG, je voudrais tenter d’exprimer quelle est mon analyse de la situation actuelle au Proche-Orient.
Bien sûr, je partage totalement l’affirmation selon laquelle le peuple palestinien a droit à la solidarité de tous ceux qui ont le souci de la justice. Cette affirmation est le socle sur lequel doit être construite notre analyse. Á l’évidence, le peuple palestinien est victime de l’occupation et de la colonisation mises en oeuvre par l’État d’Israël avec la complicité de la communauté internationale. Mais, aujourd’hui, notre analyse doit aussi être fondée sur un autre fait non moins incontestable : aucune solution ne pourra être élaborée sans qu’il soit tenu compte de la présence sur cette même terre de Palestine du peuple israélien. Ceci, non pour des raisons de droit, mais pour des raisons de fait. Du point de vue palestinien, le maintien de l’État d’Israël n’est pas fondé sur la légitimité, mais sur la nécessité. Sans la reconnaissance de cette nécessité, aucune paix ne sera jamais possible. Aussi contestable que soit, en théorie, le principe du « fait accompli », celui-ci est devenu incontestable en pratique. Je n’entre aucunement dans l’argumentation « sioniste », fondée sur des considérants historiques et/ou religieux, pour justifier l’occupation de la Palestine par Israël. Ce ne sont donc pas les exigences de la justice, mais les contraintes de l’histoire qui doivent nous conduire à accepter le fait accompli de la présence des Israéliens en Palestine. Au demeurant, l’idée même que chacun des deux peuples puisse vivre dans un État libre et souverain suppose d’accepter le fait accompli de cette présence. Dès lors, « le principe de réalité » doit s’imposer et permettre de discerner le désirable, le possible et l’impossible. Le drame, c’est qu’il subsiste encore, parmi les Palestiniens, une forte minorité qui refuse toute co-existence avec Israël. Au demeurant, une minorité analogue subsiste également en Israël qui refuse la coexistence avec la Palestine. Aujourd’hui, plus que jamais, ces minorités constituent des obstacles difficilement surmontables pour mener à son terme tout processus de paix. La paix ne sera possible que lorsque Israël aura reconnu toutes les injustices et toutes les souffrances que « le fait accompli » de sa présence en Palestine aura causé aux Palestiniens.
Rencontres en Palestine et Israël
Les rencontres ici rapportées ont eu lieu entre le 1er et le 9 mars à l’occasion d’un voyage de 26 personnes (organisé par le P. Marcel Schlewer), qui était à la fois un pèlerinage sur des lieux de l’Ancien et du Nouveau Testaments et une occasion de rencontre avec des Palestiniens et Israéliens.
Itinéraire : Tel-Aviv, Néguev (Inbar, Béer Sheva, Sede Boger, Mitzpe Ramon, Avdat, Tel Arad, Masada, Ein Gedi, Mer Morte, Qumran), Jéricho, Taybeh (Ephraïm), Ramallah, Naplouse, Sebastya, Nazareth, Sephoris, Cana, Kafar Bire’m, Banyas (Césarée de Philippe), plateau du Golan, Lac de Tibériade, Tabga, Capharnaüm, Mont Carmel, Haïfa, Akka (Acre), Mont Thabor, Naïm, Césarée Maritime, Tent of Nations (Nahalin), Bethléem, Jérusalem, Hébron, Nicopolis (Emmaüs ?), Tel Aviv. Gaza n’était pas au programme.
Notre guide sur place était une Palestinienne chrétienne, Henriette Cassis. Elle nous a raconté toutes les difficultés et tracasseries qu’elle subit pour circuler de Bethléem à Jérusalem. Bien qu’ayant le statut de guide agréée, elle n’a pas été autorisée à accompagner le groupe dans la synagogue du Tombeau des Patriarches à Hébron. Par solidarité, nous n’y sommes pas entrés sans elle. Durant tout le voyage, elle a parlé de « notre pays » et de « nos amis israéliens ».
Ce texte n’a pas pour objet de rappeler l’histoire et l’actualité du conflit israélo-palestinien, mais simplement de faire connaître la situation, le vécu et les analyses de protagonistes ou témoins de ce conflit.
Pour une stratégie non-violente en Palestine
For a non-violent strategy in Palestine
The murder of three young Israelis aged 16 to 19 years, abducted June 12, 2014, is a dramatic illustration of blind violence advocated by members of Hezbollah or Hamas fractions in response to the Israeli occupation of Palestine. The torture of a young Palestinian from East Jerusalem in retaliation has angered Arab towns in Israel.
A trip to Israel-Palestine at the beginning of March 2014 gave the group I was part the opportunity to meet fifteen Palestinian actors, Israeli, European.
Pendant les travaux d’élimination des armes chimiques – les crimes du régime syrien continuent
Le 21 août 2013, un massacre aux armes chimiques a lieu dans la banlieue de Damas faisant 1 400 victimes. Le 13 septembre, le secrétaire général de l’ONU, Ban ki-Moon, accuse le président syrien, Bachar al-Assad, d’avoir « commis de nombreux crimes contre l’humanité ». Le lendemain, sans transition, le même Ban ki-Moon se félicite de l’engagement pris par le gouvernement syrien de respecter la Convention internationale sur l’interdiction des armes chimiques (CIAC).
Le 11 octobre, le prix Nobel de la paix est décerné à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) chargée de superviser le démantèlement de l’arsenal chimique syrien. Pareille distinction est véritablement surprenante. Car, pour le moins, cette organisation créée en 1997 et dont la mission est de vérifier la destruction de toutes les armes chimiques existantes et de travailler à l’universalité de la Convention, c’est-à-dire à convaincre les États qui ne l’ont pas encore fait de signer et ratifier la CIAC, a été incapable pendant toutes ces dernières années de faire son travail en Syrie. « Comment peut-on, écrit Daniel Ruiz dans une chronique publiée le 12 octobre dans La République du Centre, prétendre oeuvrer à la paix quand on décerne le prix Nobel à un « machin » inappréhendable chargé de veiller à ce que la guerre sème la mort en respectant les règlements internationaux ? (…) Peut-on se contenter de louer la destruction des armes chimiques en fermant les yeux sur les tueries quotidiennes ? »
Quand le vent de la liberté souffle sur la Syrie
Chacune des « révolutions arabes » a sa spécificité. La révolution syrienne qui a commencé le 20 mars 2011 prend chaque jour plus d’ampleur et mobilise toujours davantage de Syriens qui exigent la chute du régime afin d’exercer leur pouvoir de citoyens. Il est difficile de rendre compte des multiples évènements qui ont marqué l’histoire de ces derniers mois tant les informations qui nous parviennent sont fragmentaires. Cependant, grâce aux témoignages recueillis par les organisations des droits de l’homme et par les agences de presse, il est possible de dessiner comme en pointillé les aspects marquants qui font apparaître la spécificité de cette révolution.