Le mot non-violence est décisif parce qu’il exprime un principe. Il est le terme le plus rigoureux pour exprimer ce qu’il veut signifier : le refus de tous les processus de légitimation qui font de la violence un droit de l’homme. L’origine du mot non-violence est le mot sanscrit ahimsa employé dans les textes de la littérature bouddhique et hindouiste et dont il est la traduction littérale. Il est formé du préfixe négatif a et de himsa qui signifie le désir de nuire, de faire violence à un être vivant. L’ahimsa est donc l’absence de tout désir de violence, c’est-à-dire le respect, en pensée, en parole et en action, de la vie de tout être vivant.
Le principe de non-violence implique l’exigence de rechercher des méthodes non-violentes pour agir efficacement contre la violence. L’expérience de nombreuses luttes a montré l’efficacité de la stratégie de l’action non-violente pour permettre aux hommes et aux peuples de recouvrer leur dignité et de défendre leur liberté. L’action non-violente permet à l’homme d’avoir une attitude responsable face à la violence des autres hommes. En recherchant l’efficacité politique par d’autres méthodes que celles offertes par la violence, la stratégie de l’action non-violente veut réconcilier la « morale de conviction » et
la « morale de responsabilité ».
Mais avant d’être une méthode d’action, la non-violence est d’abord et essentiellement une attitude. Elle est l’attitude éthique et spirituelle de l’homme debout qui reconnaît la violence comme la négation de l’humanité, à la fois de sa propre humanité et de l’humanité de l’autre, et qui décide de refuser de se soumettre à sa loi.
Par Jean-Marie MULLER, Directeur des études à l’I.R.N.C