L’Occident terroriste

d’Hiroshima à la guerre des drones

 

ob_45c9ad_maxresdefault

Au deuxième trimestre 2015, les Éditions Écosociété ont publié L’Occident terroriste : d’Hiroshima à la guerre des drones, une édition en langue française du livre On Western Terrorism : from Hiroshima to Drone Warfare de Noam Chomsky en collaboration avec Andre Vltchek.

La publication en langue anglaise est une retranscription d’une conversation filmée pendant environ deux jours, en vue d’un documentaire, que les Éditions Pluto Press de Londres ont décidé de publier sous forme de livre en 2003.

Faut-il rejoindre Noam Chomsky dans le combat qu’il mène contre l’oppression, comme intellectuel et comme militant, ou ambitionner seulement de le compléter « [en recueillant] des preuves, tant verbales que visuelles… sur les ‘scènes de crime’ »? C’est ce deuxième objectif d’engagement que s’est fixé Vltchek, l’initiateur de la collaboration dont résulte le livre, un dialogue entre les deux hommes qui illustre bien cette complémentarité.

Ce que les échanges laissent apparaître, c’est avant tout une histoire des holocaustes tellement récurrents qu’on n’ose pas en parler. Ils peignent un tableau d’une humanité divisée qui n’est pas sans évoquer d’une part les « personnes », les gens qui comptent, et d’autre part des « non-personnes » qui, dans le vocabulaire de George Orwell, correspondent à ces milliards de personnes qui constituent la majorité de l’humanité en proie à des violences les plus ignobles, les gens qui « ne comptent pas ».

 

Noam-Chomsky

 

On apprend de ces échanges que des pays (des continents) entiers ont subi ou subissent des pillages et des humiliations, des carnages orchestrés à partir des capitales occidentales. Vltchek dit avoir choisi de se rendre en en Océanie, en République démocratique du Congo, au Rwanda, en Ouganda, en Égypte, en Israël, en Palestine, en Indonésie, au Timor-Leste, où il a pu constater que les plus grandes horreurs de notre civilisation sont attribuables à l’Occident.

« Les souffrances de tant d’êtres humains du monde entier résultent le plus souvent de la cupidité, de la soif de domination, qui sont presque toujours le fait du « Vieux Continent » et de son puissant et impitoyable rejeton d’outre-Atlantique », nous dit-il.

Et malheureusement, peut-il nous confirmer, tout cela s’entretient. Les horreurs continuent grâce à une propagande et des dissimulations des crimes qui maintiennent les populations dans l’ignorance : « D’habiles propagandistes veillent à ‘protéger’ les populations du monde entier contre les ‘vérités’ qui dérangent ».

Selon ce livre, c’est ainsi que, en Occident, où les gens sont supposés comprendre dans quel monde ils vivent et quels rapports leurs différents pays entretiennent avec le sud, les Européens, notamment, font montre d’une « ignorance naïve » qu’ils choisissent parfois, « endoctrinés » qu’ils sont et « obsédés par leur soi-disant spécificité » (30).

Et pour que le nihilisme et la peur triomphe sur l’enthousiasme révolutionnaire, l’optimisme et le rêve d’un monde meilleur sont attaqués, discrédités et ridiculisés.

Une fois qu’on sait que l’impérialisme occidental à causé la mort d’environ 55 millions de personnes depuis la Seconde Guerre mondiale, faut-il rester les bras croisés ou désespérer de l’humanité ? Le plus gratifiant, témoigne Chomsky, est plutôt de faire ce qui est le plus difficile : « lutter sans relâche pour le changement ».

L’Occident terroriste : d’Hiroshima à la guerre des drones : voilà un autre livre où l’on trouvera plus explicitées encore les opinions du grand linguiste, analyste politique et militant contemporain, sur les financements des milices par des multinationales à la recherche des matières premières, sur la propagande et les médias, sur les crimes étatiques, sur la responsabilité occidentale vis-à-vis le terrorisme islamiste, etc.

C1-205_web_

http://ecosociete.org/livres/l-occident-terroriste