Le Canada s’en va-t-en guerre!

Le 14 juillet 2005

Communiqué de presse

L’envoi de troupes à Kandahar en Afghanistan.

Au cours des derniers mois le gouvernement Martin se promenait sur toutes les tribunes internationales pour promouvoir la responsabilité ou le devoir de protéger, la responsabilité d’intervenir dans les conflits internationaux pour protéger les populations civiles. Les canadiens avaient en tête le Rwanda, le Soudan et Haiti, des pays vivant des crises humanitaires issues de graves conflits où il serait nécessaire de s’atteler à la tâche de prévention des conflits. Les canadiens soupçonnaient l’élan militariste derrière le discours, mais souhaitaient l’avènement d’une approche d’intervention préventive prioritairement. Erreur!…

Au dernier budget, le gouvernement Martin annonce l’accroissement des budgets de la défense de 13 milliard sur 5 ans. « C’est à la veille des vacances, au moment où les Canadiens ont l’esprit ailleurs, que le Canada dévoile la véritable teneur de sa nouvelle politique de défense, ce qu’il entend faire avec l’argent des contribuables. » affirme Normand Beaudet, porte parole du (CRNV). En appui à l’armée américaine présentement débordée dans le sud de l’Afghanistan, le gouvernement canadien impliquera activement au minimum 500 de ses soldats dans le nettoyage des rebelles du sud. Loin de la prévention, ou il y a de criants besoins, le gouvernement se lance dans une coûteuse aventure militaire offensive particulièrement dangereuse.

Au début de juin, l’attaque sur la mosquée Abdul Rab située au centre de Kandahar est la pire qu’ait connue l’Afghanistan cette année, et l’une des plus violentes depuis la chute du régime taliban en novembre 2001. Les agences internationales rapportent un nombre croissant d’attaques sur les forces américaines. Depuis le mois de mars, 29 soldats ont été tués dans la région, soit 20 % des pertes américaines depuis l’invasion. On soupçonne l’élargissement de la résistance, nourrie par une occupation étrangère qui dure depuis maintenant quatre ans. Le rôle des troupes canadiennes sera donc offensif, afin de soutenir la politique américaine de lutte préventive au terrorisme appréhendé.

Si le Canada n’était pas jugé comme une cible prioritaire pour des actions terroristes internationales dans la passé, il s’assure dorénavant de l’être. Au lieu de choisir un rôle qui cadrerait avec sa tradition de maintien de la paix, axé vers la détection avancée et l’action civile préventive en situation de conflits internationaux; le Canada se lance dans de coûteuses missions d’aventurisme guerrier. La population a pourtant montré clairement sa position contre les offensives militaires américaines en Irak, les canadiens sont dégoûtés à l’idée que nos forces spéciales aient servies, et pourront encore servir à l’arrestation de nouveaux « guerriers illégitimes » qui pourraient être transférés à la prison de Guantanamo Bay.

Il est inconcevable que des Canadiens soient impliqués dans des actions militaires offensives sans que la population soit consultée. Les rôles que pourraient jouer le Canada sont multiples : détection avancée, intervention civile préventive, mode de contrôle des conflits etc…

En décembre 2001, le Rapport de la Commission internationale sur l’intervention et la souveraineté des états, financé par le Canada soulignait « qu’il faut faire d’avantage pour la prévention et épuiser toutes les options disponibles à cette fin avant de se lancer tête baissée dans une intervention militaire ». Le Canada en participant à une mission offensive va à l’encontre des recommandations de ses propres commissions. La Commission Canegie sur la prévention des conflits meurtriers avait démontrée le fait que la prévention était beaucoup moins coûteuse que la gestion et le contrôle des conflits par des troupes militaires.

Le gouvernement canadien a choisi de confronter et nourrir le fanatisme par la force militaire sans le consentement de ses contribuables. De jeunes canadiens pourraient aller mourrir inutilement à l’autre bout du monde dès le mois d’août.

Source : Le Centre de ressources sur la non-violence, Normand Beaudet, 514-272-5012