Briser le mur du silence

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NEW YORK - SEPTEMBER 10: Martin Luther King Speaking on September 10, 1963 in New York, New York. (Photo by Santi Visalli/Getty images)

NEW YORK – SEPTEMBER 10: Martin Luther King Speaking on September 10, 1963 in New York, New York. (Photo by Santi Visalli/Getty images)

Martin Luther King

Martin Luther King

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le 4 avril 1967 à la Riverside Church à New York, exactement une année avant son assassinat, Martin Luther King Junior livra un message encore perçu à ce jour comme unique en son genre. C’était la première fois que le leader afro-américain s’opposait à la guerre du Vietnam, mais surtout la première fois que, critiquant les politiques de l’administration Johnson, il cernait le rapport entre la guerre et le mouvement pour les droits civiques, rapport qui, en fait, est le même entre toute guerre et les sources de confrontation qu’elle engendre en amont comme en aval.

Ce jour-là, Martin Luther King Jr, a souligné l’impérieuse nécessité de l’action non-violente. Il a exhorté l’humanité à briser le silence face à la guerre et à l’injustice, à résister … N’est-ce pas que le message nous est également lancé aujourd’hui étant donné les déséquilibres politiques et économiques, la réémergence de l’intolérance, etc. tous ces facteurs qui constituent le terreau fertile des confrontations?

Travailler pour la santé du monde

L’histoire, nous dit Martin Luther King, est évidemment encombrée de naufrages d’individus et de nations ayant préféré poursuivre le chemin de la violence, la vie de destruction qui ne va pas sans autodestruction.

Il ne s’agit pas pour autant de regarder comme étant inexorables les injustices et la violence, comme des vices dont il suffit de se tenir distants, ni de se contenter de quelque compassion infantilisante à l’égard des tiers lorsque les malheurs de l’injustice ne nous frappent pas nous-mêmes. « La vraie compassion, nous dit-il,  est plus que le don d’une pièce de monnaie à un mendiant…elle ne peut être hasardeuse et superficielle. Le vrai sens et la valeur de compassion de la non-violence sont, pour chacun,  d’accepter de voir en face le point de vue de l’ennemi, d’entendre les questions qu’il nous pose, de tenter de connaître les jugements qu’il se fait sur nous. Car, à partir du point de vue de l’autre, nous pouvons voir la faiblesse fondamentale de notre propre condition et,  si nous avons de la maturité, en apprendre beaucoup et évoluer.

Quand les choses vont mal, il faut briser le silence, nous élever au-dessus de ces facteurs qui favorisent le silence : la tendance à ne pas s’opposer à son gouvernement lorsque celui-ci est engagé dans une guerre, la pensée conformiste enracinée en nous et autour de nous, la nature souvent complexe du conflit, le souci de préserver le confort, la crainte morbide de l’ennemi que les chefs politiques prennent plaisir à instrumentaliser, la complaisance, la propension à nous accommoder de l’injustice.

Nous n’avons pas le droit de nous soustraire à l’opposition, à la résistance, qui sont des exigences de la conscience et un gage de responsabilité au regard de l’histoire.

Pour s’opposer, résister, les citoyens peuvent prendre plusieurs options : l’objection de conscience, les manifestations, etc. Leur effort mènera encore plus loin si la lutte vise plus que la dénonciation de la guerre, simple symptôme d’une profonde maladie qui menace la société d’une mort spirituelle. Nous sommes une société chosifiante, tournée vers les choses plutôt que vers la personne. Une révolution radicale des valeurs est nécessaire pour la survie des nations et des peuples.

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Se protéger contre soi-même

Les individus et les pays ont, dans une large mesure, à tenter de se protéger contre eux-mêmes. Ils doivent mettre fin, un moment donné,  aux investissements pour l’action contre-révolutionnaire; se faire à l’idée que « les conflits ne sont jamais résolus sans le donner-et-recevoir de bonne foi des deux côtés ». Une importante condition de paix est la bonne foi, surtout de la part de ceux qui ont le devoir et le pouvoir de montrer l’exemple sans en souffrir, de renoncer sans souffrir aux privilèges et aux plaisirs que procurent les profits tirés de l’exploitation abusive des plus pauvres. Pour survivre, les pays ont besoin d’améliorer la condition de leurs citoyens pauvres. Aucun pays ne survivra sans les programmes de lutte contre la pauvreté; aucun ne survivra non plus si, par les guerres, elle ne fait que multiplier les orphelins, les veuves et des combattants en sol étranger qui reviennent estropiés ou psychologiquement perturbés;  si elle ne fait que créer des ennemis ou détruire les espoirs des pauvres.

L’espoir en est que nous pouvons en tout temps choisir entre « une coexistence non-violente et une co-annihilation violente ».